L ' A U T ÉGYPTIEN.
leiii[is (lu clirislianisme, s'y relirôroiU comme tlaiis des retraites cachées, j^oury mener
uiic vie paisible el coiUemjilalive, loin du monde et dans la paix de Dieu.
Nous appellerons, aussi, raltenlion, sur un lait digne de remarque, sur Tabscnce
complète de sépultures appartenant à des l'amilles d'artisans : ce fait nous parait provenir
d'une conséquence normale de la civilisation do l'antique Egypte, où, quoiqu'il
n'y eût pas, comme on l'a cru longtemps, de castes proprement dites, il existait, cependant,
une ligne de démarcation, bien réelle, entre les prolessions éminentes et celles
des hommes de métiers. La nécropole de Thèbes no pouvait donc elre remplie que
d'hypogées de prêtres, de guerriers, ou de chefs de districts et de province, on bien
encore d'architectes et do scribes; en un mot, des plus liants fonctionnaires, cumulant,
souvent, ces différents emplois : de là vient qu'on no trouve jamais sur les parois
des tondieaux, ou sur les tablettes funéraires, la mention de professions plus humbles,
telles que celles des agriculteurs, des marchands ou des artisans. Tout nous porte à
croire que ce genre d'honneur y était un privilège qui n'était accordé qu'aux professions
libérales; sans doute les seules qui fussent admises à rinitiation. Mais, au point
de vue artistique, nous'sera-t-il permis de tirer de l'étude des représentations qui décorent
les tombeaux la conclusion qu'elles furent destinées à produire un effet artistique
ou architectural"? nous ne le croyons pas. Ces compositions n'étaient réellement
que de simples déclarations graphiques, sculptées ou peintes, souvent l'une et l'autre,
ayant pour but de sauver de l'oubli les fonctions qu'avait remplies le défunt, les
principaux événements de sa vie, l'étendue de ses richesses recensées par les scribes,
ses goûts pour la chasse et la pêche, les récoltes de ses champs et les travaux qu'elles
exigeaient ; puis les fêtes funéraires qu'on avait célébrées en son honneur, la liste des
offrandes que lui permettait l'apport de ses produits. Tordre qu'on avait obsen'é dans
le service de ses obsèques; enfui les motifs de l'espoir qu'on avait que son àme éviterait
un jugement défavorable.
C'est ce qui explique pourquoi l'intérêt est toujours concentré sur le défunt; car
il faut, encore, ajouter à la nomenclature que nous venons de décrire, que du temps
des pharaons, on y joignait, toujours, la liste des propriétés qui formaient le patrimoine
héréditaire de la famille, patrimoine qui donnait, selon toute apparence, droit à une
sépulture hypogéenne ; aussi, comme l'exigeait le but à atteindre, la figure du personnage
principal est-elle constamment représentée plus grande que celle des autres,
qui diminuent en raison de la plus ou moins grande considération qui leur était due ;
et les scènes, lorsqu'il y a de nombreux personnages, sonl.-elles disposées sur plusieurs
lignes horizontales : c'est ce qui nous permét d'aflirmer que les images des maîtres comme
celles des principaux membres des familles sont, incontestablement, devrais })ortraits.
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A R C H I T E C T U R E 2-23
Les propriétés sont, toujours, représentées par des hommes ou des femmes portant
le principal produit des terres, à côté de l'inscription du nom de la propriété : après
viennent les troupeaux de volatiles ou de bétail qui composaient la richesse la plus
estimée des premiers temps ; et leur représentation, dons les tombeaux de ces époques,
suit ordinairement celle des terres. On remarque, visiblement, dans le bétail plusieurs
races de boeufs, les unes élevées pour le labour, les autres pour les sacriiices ou l'alimentation
: le bétail à cornes semble avoir été le plus abondant, quoique, souvenl,
les ânes et les chèvres y soient représentés en grand nombre ; quant aux moutons, on
n'en voit la représentation que dans les tombeaux de la nouvelle monarchie : rappel
o n s également qu'on élevait spécialement certains animaux pour les immolations dans
les banquets funéraires, et que les ânes étaient les seules bêtes de somme en usage sous
l'empire des pharaons ; on les employait jusqu'à battre le blé.
Terminons par quelques mots sur certaines opinions erronées, qui ont encore cours,
à propos des tombeaux. On a cherché à s'expliquer l'usage des conduits d'air ménagés
dans les pyramides de Gizeh, des lucarnes contournées du grand tombeau situé auprès
du sphinx, de celles des tombes de la nécropole de Memphis, enfin du petit conduit
placé au sommet de la voûte du mystérieux hypogée de Païkop (découvert par le colonel
Wyse). On a prétendu qu'ils avaient été établis, uniquement, pour donner de
l'air aux ouvriers : cela ne peut être ; tous ces édifices, à l'exception toutefois des pyramides,
étant suffisamment aérés.
Ces conduits ont été ménagés, selon quelques-uns, dans l'espoir de conserver à l'âme
du mort une communication avec le monde extérieur. Ne pourraiL-on pas même sup^
poser, dans ce cas, que ces issues auraient été établies, dans la croyance que l'âme
pourrait ainsi parvenir plus facilement au corps, lorsqu'au bout des trois mille ans
obligatoires elle viendrait le ressusciter ? quoiqu'il en soit nous ne le croyons pas, parce
que les triples cercueils de pierre, de bois et de carton, hermétiquement fermés
contredisent celle opinion.
Le véritable motif nous échappera probablement toujours : chaque peuple, en
s'éleignant, emporte avec lui le secret de la plus notable partie des idées qui lui
étaient propres : on sait que ces sortes d'ouvertures avaient disparu dans la période
qui suivit l'édification des premiers sépulcres, et qu'on ne les rencontre plus à
parllr de la xu" dynastie ; ils reparurent, cependant, sous le nouvel empire, ce dont
il est facile de s'assurer par le fameux tombeau de Paikop, qui date de la xxvi» dynastie.
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