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.15(j L'ART ÉGYPTIEN.
celte phase, la théocratie, qui tenait, déjà, en tutelle la société entière, semble
avoir relégué la divinité au fond des sanctuaires, et avoir interdit, en dehors- des
temples, toute représenUUion divine. Mais si les nombreux tableanx qui nous restent
de celte époque ne contiennent aucune scène religieuse, en rcvanchc, dans le
deuxième époque, l'arL se partage entre les Dieux et les héros, entre les mythes divins
et les éi)opées historiques: on voit, en elTet, la religion
s'associer au numvement général de l'humanité; elle
semble circuler, jmur la i)rcuiière fois, dans les veines
du corps social; on la sent déborder dans toutes les
représentations : Alors imbu et comme saturé de la
superstition du ciel, l'artiste, dans son ardeur mystique,
demande au culte de hgurer ses dogmes, de représenter
ses dieux, cl s'il ([uitte parfois le ciel, c'est pour reproduire,
seulement, les actions des iils du soleil, des Pharaons
assimilés partout à la divinité.
Ce ne sera qn'après une longue période et peu à
peu, que les allégories divines se convertiront en réalités
'hnmaiues; aussi les tombeaux, du temps, contiennentils,
presque tous, le jugement de Tame du défunt, ses
offrandes à Osiris le juge su|)rême, et les longues litanies
du rituel funéraire.
N'oublions pas de mentionner, en terminant, la
dextérité des artistes égyptiens à dessiner des contours
nets, francs et hardis : la franchise de leurs esquisses
n'est nulle part plus en évidence que dans la partie inachevée
du tombeau d'Osireï l"" à Thèbes : on peut dire
que c'est plus beau ({ue tout ce qu'on a fait de mieux
en ce genre; et qu'il impossible de lui refuser un tribut
d'admiration.
Palette de scribe.
Mais c'est dans le dessin seulement qu'ils excellaient; parce qu'ils le considéraient
comme la plus importante partie de l'art, ainsi que tous les anciens, du reste: on
sait que tous les artistes grecs, eux-mêmes, en faisaient une étude des plus sérieuses;
ayant su apprécier combien il améliorait la justesse de l'oeil ainsi que l'habilet,é
de la main, et à quel point il venait en aide à l'esprit dans la perception
du beau.
11 nous reste à parler des matériaux (propres à l'art du dessin) dont se seraient
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DESSIN. 1Ô7
servis les É'^ptiens pour fixer leurs esquisses : nos renseignements à cet égard ne
sont pas detplus précis: il est cependant impossible de ne pas remarquer que les
vionettes de certains papyrus funéraires sont dessinées avec une délicatesse et une
llnesse que nous ne saurions surpasser avec nos plumes métalliques, quonpia en
iuo-er par les objets trouvés dans les tombeaux, on soit tenté d'admettre qu'ils se
servaient, seulen.ent, d'un roseau, d'un calam, comme le font encore les écrivains
Cl les artistes modernes de l'orieiU : Mais c'est avec un pinceau, chargé de rouge ou
de noir qu'ils esquissaient leurs ligures sur la pierre ou sur le stuc: on a trouve
des palettes de scribe ou de peintre portant de deux à sept godets, pour les
couleurs, et une case pour le calam (voir, page 187, la vignette).
TYPES IIIKRATIQUES. FORMES HYBRIDES.
Ou rcoarde, goncralement, comme inconleslablc la sujétion de l'art en Égyptc,
dès les temps les plus reculés, à une direction sacerdotale qui en- aurait fait, avant
lout, un instrument hiératique. Une grande liberté, cependant, parait avoir été laissée
aux artistes dans la création des objets de luxe et d'ameublement : il leur aurait donc
été, seulement, défendu d'innover quoi que ce soit qui eût pour résultai d allerer e
ivpe conventionnel consacré dans la représentation de la figure humaine, ou de
transformer l'un des objets quelconques relatifs à la religion ; de là vient qu'un Dieu
peint dans un temple érigé sous les dernières dynasties, avait la même forme, la meme
attitude que s'il avait été retracé sur les parois des temples des premiers pharaons; et
que Menés, revenant sur la terre, aurait pu reconnaître, comme ayant été une oeuvre
de son règne, l'Âmon ou l'Osiris érigé dans un sanctuaire de l'époque ptolémaïque ou
de l'époque romaine.
Dans les représentations sacrées la loi était donc inflexible; et la reUgion, qui a
lait tant, en quelques contrées, pour le développement de l'art, eut en Egypte l'eltet
d'arrêter le génie des artistes. Aucune amélioration résultant de l'expérience ou de
l'observation, avons-nous déjà dit, n'était admise dans la manière de dessiner la figure
humaine; étudier, copier la nature était interdit comme dangereux et subvers.l, et
toute tentative de donner aux membres des mouvements plus vrais fut constamment
réprimée. Certaines règles, certains modèles avaient été établis par la classe
des prêtres qui tenait l'art en tutelle; et les premiers essais, les enlantines
conceptions des temps primitifs (temps de tâtonnement) furent perpétuées et reproduites,
successivement, par tous les artistes. 18