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taillés avec une précision remarquable, offrent, dans la plupart de leurs joints montants,
une obliquité caractéristique qui donne au parement de chaque pierre, la forme
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du trapèze et non celle du parallélogramme :
Cette disposition, qui se retrouve aussi dans
les plus anciens appareils grecs, (c'est-à-dire
dans ceux qui succédèrent immédiatement
au dernier mode de construction pélasgique)
fut généralement usitée à toutes les époques
de la monarchie égyptienne.
Le seul appareil régulier que nous ayons
observé est celui d'un petit édifice de Boschenaten,
construit en assises, de môme
hauteur, qui présentent alternativement, une
pierre carrée et une pierre rectangulaire ou
barlongue, dans le genre d'appareil appelé
Diatono2is par les Grecs.
La plupart des pierres des plus anciens
édifices portent des marques de carrières,
signes gravés ou écrits, par les chefs ouvriers, pour distinguer l'ouvrage de chacun de
leurs hommes : Cette précaution, en usage aussi à Pompéi, remonte donc à la plus
haute antiquité; car, sur les blocs des pyramides, on remarque des inscriptions en
hiéroglyphes cursifs : On distingue aussi sur les blocs des pylônes de Karnac des
inscriptions hiératiques, tracées à l'ocre rouge; cependant, sur les pierres qui entraient
dans la construction de la plupart des édifices, on aperçoit seulement des marques ou
sigles ; mais qui paraissent avoir eu la même destination.
Le plus grand nombre des assises, celles de couronnement, particulièrement, présentent
des pierres liées par des tenons à doubles queues d'aronde en bois de sycomore
ou d'acacia extrêmement compacte. Ces tenons, solidement encastrés, paraissent suffisants
pour arrêter l'écartement des ]>ierres, quelque grosses qu'elles soient : comme ils
se trouvaient exactement et étroitement renfermés dans des pierres toujours sèches, ils
n'étaient jamais exposés ni à l'humidité, ni au contact de l'air, ce qui les a complètement
préservés; aussi en trouve-t-on de nos jours qui sont parfaitement
conservés.
On a prétendu, que les Égyptiens employaient des pièces de métal dans la construction
des murs, quoique l'on n'en ait jamais rencontré; le fait est d'autant moins ()robable
que s'ils en eussent placé dans l'intérieur des murailles, il ne resterait plus
actuellement pierre sur iiicrre en Égypte; car on peut être certain que la pensée de
s'en emparer n'aurait pas manqué d'être un objet de constante préoccupation et de tentation
pour l'avidité si connue de la race arabe.
11 ne faudrait pas conclure de ce que nous avons dit plus haut, qu'on apportai
habituellement beaucoup de soins dans l'appareillage des murs; leurs assises au contraire,
pour la i)lupart, sont rarement régulières : S'ils construisaient avec des blocs
énormes, c'est qu'ils cherchaient à économiser la pierre; aussi voit-on souvent, et cela
.\ngle du palais de Tlioulinès III, à Karnac.
même dans les monuments de la dix-huitième dynastie, des pierres, plus élevées que les
autres, s'entailler dans les pierres voisines de la même assise, ou bien môme de l'assise
supérieure.
Il se présente aussi ce fait anormal, d'un autre genre, que dans une même galerie
les tambours des colonnes ne. sont pas toujours à la môme hauteur : peut-être y a-t-il à
cette anomalie une explication plausible? Celle-ci, par exemple; que tous leurs monuments
étaient destinés à être recouverts d'un enduit pour recevoir la peinture: c'est
pour cela qu'ils n'auront pas donné de soins plus minutieux à cette partie dans l'art de
construire.
On a pu constater cependant, par leurs ruines, [([ue quelques édiiices, construits
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