Ô8 I/ART ÉGYPTIKN.
llNTIlODUCTlOiN lilSTOlUQUK.
l e r e t i l do ccul ans so dislingneiit, I'acilement, pour 1 oei l de I o b s e r v a l eur exercé.
C'est eu présence de la dinicnllé de classer par cpoqne les nionunicnls égypt
i e n s , conséquence de celte immutabilité, que les uienibres de la Commission d'Égypte
se sont trompés quelquefois de trois mille ans sur l'âge d'un monument : llugot et
Gau, les premiers, avaient bien commencé cette classillealiou ; mais sans l'alphabet
de Champollion les inscriptions grecques (qui par suite ont été bien entendues, et
ont depuis servi de base à une classificaliou) se seraient lieurlées à uue interprétal
i on sinon impossible, au moins bien conjecturale.
Mais, dira-t-ou, les noms nationaux n'ont-ils pas dù, tonjours, être éjioncés synd.)0-
l i q u e n i e n t , et saus avoir recours à Talpbabet phonétique; puisque ces noms sont signillc
a l i l s : tel est Rhamessès par exemple, (pii signilie a eugendré par Rha » : uous répondrons
qu'après avoir appliqué les résultats de la découverte de l'alphabet i)honéti(iue, on
a c q u i e r t bientôt la preuve qu'il avait été employé, également, pour exprimer les noms
propres nationaux. Ainsi l'inscription de la momi e de Pétéménophis porte :
0 y.^t c' e s t - à - d i r e Pétéménon appelé aussi Ammonius; hé bieu l'inscription
l i i é r o g l y p h i i i u e , lorsque Champollion y eut apjiliqué sou alphabet ])honélique, relata
uii nom identique IIETMN, uom siguificalil', ([n'on aurait ti-ès-bien pu rendre symbol
i q u e m e n t : il y a ))lus, cet exemple coiuluisit Champollion à penser que les noms des
rois pourraient bieu être écrits phonétiquement sur les monuments; il les lut en effet
à Paris, tandis que Sait les lisait en Egypte, en appliquant l'alphabet qui avait servi à
l i r e les noms grecs et l omains.
De tout ce qui précède il résulte ([ue si l'on veut procéder méthodiquement dans
l ' e x p o s i t i o n de la nouvelle application, dont est susceptible l'alphabet phonétique,
il faudra commencer toujours par reconnaître les noms {[ui se trouvent dans les aut
e u r s grecs, parce qu'il y a quelques chances d'erreur dans les noms qu'on ne
connaît jias, attendu que souvent pmir des raisons de symétrie les syllabes des noms
propres sont interverties : on courrait donc le risque d'altérer sensiblement les noms.
On sait (in'il existe aussi des hiéroglyphes dans les monuments les jilus anciens:
Ceux-ci, déchiffrés grace à la découverte de Chani])ollion, permettront de prendre alors,
pour ])oint de départ des recherches historiques, les données les plus incontestables.
A i n s i , dans un tombeau voisin des pvramides, et dans les pyramides mêmes, on a
trouvé le cartouche dn roi Scheoufon sans ])rénom, en même temps que celni de
Menkarès; et celui-ci, s'y lit Ramenka : on en a indnit (pie pour ce dernier il y anra
eu déidacement, le premier signe dn mot ayant été mis à la lin, ce (pii arrive du
reste iré(iuemme]it.
Ces hiéroglyphes, les plus anciens qui existent, sont ceiMainemeut du temps
,,es pvramides; sur le tond^eau de Mycérinus, ils sont placés avec le plus
" n u d soin: Mais la emiclnsion qu'on en tire, c'est qu'il n'y a véritablement, anjour-
'riMU encore, aucun moyen de fixer l'époque de l'invention des Inéroglyphes:
En un uiot la découverte de Champollion a en pour résultat, non-seuleuienl de
EnlaccmciiL d'un nom royal.
nous initier plus conq.léLement à la civilisation égyplienne,
mais encore d'introduire dans l'histoire un élément chronol
o g i q u e , le nom des souveraiivs, dont l'importance historique
(snflisammcnt démontrée par le dessin que uous représentons
ici) était restée muette jusqu' à lui; tous les monuments ayant
le même caractère; et les temples de Deuderah et d'Érisé, cons
t n i i t s dans les derniers temps, ressendtlaut à ceux d'nite
épo(iue aidérieure : Maintenant il n'y aura plus le moindre
doute; puisqu'on peut dire leur âge, à cinquante ans de dislance,
avec la découverte de Champol l ion. Nous pourrons donc
l'aire l'histoire d'un monument; et ce résultat aura iiour effet de produire une révol
u t i on complète, non-seulement dans l'histoire de l'art, mais encore dans l'histoire
comparée des civilisations itrirnilives.
Les premiers conquérants colons de la vallée du Nil, dit Osburu, furent des honnnes
c i v i l i s é s dont les facultés intellecluellcs étaient déjà très-développées : Leur système
gi-aphique est un phénomène extraordinaire dans l'hisloire intellectuelle de riiomme;
c'est le résultat des efforts simultanés cl condjinés de plusieurs esprits travaillant,
sur des principes compris et connus, vers des hns définies. Ces principes étaient les
i n i t i a l e s phonétiques, les déterminalifs et les symboles. Ces fins, ce but étaient un
système d'écriture où tons les mots nécessaires à celte langue devaient avoir une
acception intelligible, el dans l'expression des caractères qui devaient en être la représenlation
, et dans l'arrangemenl syniélrii[ue de ces caractères; de façon à pouvoir,
lout à la fois, el décorer, et illustrer les construclions sur lesquelles ils devaient être
i n s c r i t s , en remplissant le double euq)loi d'inscriptions el d'ornenienls architecturaux.
Ce système a dù être inventé par une réunion d'hommes de la même génératu)n, et
n'être ni une lente production des circonstances, ni nu expédient dicté par les nécessités
d'une société avançant graduellement de la barbarie vers la civilisation. Cette
c o u c l n s i o n se base sur les assertions suivantes:
Que les iirincipes de sa construction sont invariables, el s'appli(iuant, avec
une uniformité iudéviable, à cluuiue groupe du langage : Toutes les initiales sont des
symboles, et tons les déterminatif s les peintures directes ou indirectes des idées qu'ils
expriment. Les déterminalifs d'espèces sont une peinture directe; les dêterminatils