4 4 L' A R T ÉGYPTIEN.
lions bien disliiicles de ranaée agricole : 1" les semailles el la végétation, la
réeolLe : On ne ponvuit, en elfet, prendi'e ponr base du calendrier (pour point de départ
de rannée) la saison de la végétation ou celle de la récolte; il était bien plus naturel
de choisir la saison de l'inondation ipii coinniençait à jour lixe.
Quelle était la ])lace des mois de Tannée civile dans l'année hiéroglyphique?
i.a première saison se composait des mois de Tlioth, Paophi, Âthyr et Choïak; la
seconde, des mois Tybi, Méchir, Phaniénoth, Pharmouthi; la troisième, de Pàchou,
Payni, Epi})hi et Mésori : l'inscription de Rosette prouve que Tholh répond au premier
mois de la saison de la végétation; il était le premier jour de l'année liiéro-
»lyphiqueon civile, qui marcha longtemps d'une manière tout à lait indépendante du
solstice dï'lé et du lever héliaque de Sirius : on sait d'autre part que le liremier Thotli
correspondait à la première partie de la saison de la végétation, de sorte que la concordance
entre l'année hiéroglyphique et l'année civile peut être facilement établie.
A quelle éi)oque remonte celle notation hiéroglyphique des parties du temps?
Champollion l'a rencontrée dans les monuments pharaoniques, jusqu'à la dix-huitième
dynastie, quinze ou seize siècles avant notre ère, dans les grottes de Béni-
Jlaccn, qni remontent au vingt et unième siècle, et même dans des monuments
d'nne époque encore plus recnlée.
En reprenant la qnestion au point où l'a laissée Champollion, il y a beaucoup
d'observations importantes à faire. Le premier point intéressant, c'est que cette
notation hiéroglyphique est antérieure à la dernière forme qu'a prise le calendrier
égyptien. Ainsi, tandis que le solstice et le commencement de l'inondation se correspondent,
et que la période de rénovation de l'année vague était entièrement
délerminte par le lever héliaque de Sirius, nons voyons le calendrier hiéroglyphique
ne commencer ni au solstice d'été, ni au lever héliaque de Sirius. Les saisons s'y
succèdent dans cet ordre : végétation, récolle, inondation, et alors le solstice d'été
corresjwnd au neuvième mois, celui de Pàchou, et le lever héliaque de Sirins y tombe
au dixième mois, Payiii. Donc ces deux notions sont postérieures à la formation du
calendrier. Jîiot a recherché à quelle épO([ue pourrait remonter cette institntion de
'année hiéroglyphique. Il l'a fixée à l'an 3225, lorsque le lever héliaque de Sirius
correspondait au solstice. Mais cette explication ingénieuse nu^nque de base historique;
ce n'est qu'une hypothèse.
Le mois, avons-nous dit, est iudiijué par un croissaut, ce qui inditjue un principe
lunaire dans le calendrier égyptien ; et cepemlant l'année égyptienne se distinguait
des autres par l'absence de tout })riiicipe lunaire. Y a-t-il contradiction? Non,
mais on doit voir là la trace d'un état ancien.
liNTUODUCTION lilSTOUIQUK.
Le calendrier hiéroglyphi(iue nous apparaît composé de trois périodes de quatre
mois, ou, si l'on vent, de deux mois bimestres; et chaque saison a sa nuuiéraliou
propre; donc il y a en nue année de quatre mois. Plutarque, saint Augustin et iJiodore
le disent; saint Augustin dit : « Apitd plerosque scriptares histori^B, reperlur jEfjyplius
habuisse annum quatuor mcnsium. »
La notation hiéroglyphique des mois nous montre, aussi, que d'abord ils furent
désignés par des numéros d'ordre. Cela n'est pas particulier à l'Égyptc; il en était
de meme chez les Hébreux avant l'exil; car ce n'est que dans les ouvrages postérieurs
à la captivité qne les mois ont des noms particuliers. 11 en fut de même chez les
Grecs, puisque les inscriptions très-anciennes d'Orchoniène, de la Pliocide et de la
Péotie nous montrent les mois indiqués par des numéros d'ordre. Enfin chez les
Romains les noms September, October, November, December, prouvent bien que cet
usage était connu de ce peuple.
En résumé, la division de l'année égyptienne est rurale, agricole et climatérique :
Elle remonte aux temps les plus anciens, lorsqu'on prenait pour base les circonstances
naturelles.
Nous avons donc, ainsi, à peu près complète, l'histoire du calendrier égyptien ;
parce que les textes anciens confirment la découverte de Champollion ; tandis que cette
découverte, de son côté, explique et éclaire les textes.
MUSIQUE.
Nous avions songé, tout d'abord, à consacrer un livre entier aux différentes
manifestations de l'art musical produites par les artistes de l'Egypte ancienne ; mais
les recherches auxquelles imus nous sommes livrés, dans l'espérance de résoudre ce
lu'oblème historique, n'ayant pas abouti à la solution des desiderata que nous nous
étions posés, force nous est de nous borner à exposer, sommairement, nos idées en
ce qui les concerne.
Nous commencerons par appeler l'attention du monde savant sur ce postulatum,
laissé trop légèrement dans l'ombre; car, selon nous, TÉgypte est, à n'en pas douter,
le berceau de l'art musical; comme elle a été celui de tous les autres arts dès le coninjencement
de la î)ériode Post-Diluvienne.
En effet, à défaut des représentations peintes ou sculptées (qui témoignent assez
du goût, nous allions dire de la ])assion des anciens peuples de cette contrée pour
les jouissances, les délices que nous procure la musique), ne trouverions-nous pas
des preuves indiscutables de notre assertion dans le passage suivant de l'Exode : « alors