164 L'AllT ÉGVPTIKN.
Eu c nioiiuiuenU les plus anciens de ki vallée du NU (c'esl-à-dire les
pyramides eL les Loudjcaux hypogéeus), ou reuuirque, dans les premières, Tabsencc
presque coni})lète d'une ornemenlaLiou quelconque, (la l'ornie pyramidale propre à la
brique n'ayanl été que simplement transposée et imitée dans la pyramide eu pierre)
tandis qn'on s'aperçoit que les tombeaux, au contraire, sont remplis d'ornementations,
qui, pour la plupart, dérivent de rarehitecture en bois ; et seulement dans nne toute
petite proportion, de l'architecture en pierre : ainsi les couslructions en bois'auraient
donné naissance aux pilastres et aux rainures qni divisent la façade en ])etits compartiments,
et rarehitecture en pierre n'aurait fourni que la corniche, invariable dans les
monuments égy])tiens et les murs en talus.
On retrouve encore sur quelques anciens sarcophages une imitation des anciens
édifices en bois : le plus complet est le beau sarcophage de Mycerinus. 11 était divisé,
sur ses longs côtés, par quatre rangées de faisceaux et des jiilastres peu saillants, en
trois compartiments : Chacun d'eux avait (rois fausses portes, surmontées de deux rangées
de lilets, qm eux-mêmes étaient séparés par un compartiment, divisé de nouveau
])ar des lignes perpendiculaires : Et le tout était encadré d'une baguette, que surmontait
la corniche égyptienne. Ce sarcophage avait, dans son ensemble, la forme d'un Naos.
Ce genre de décoration architecturale cessa vers la septième dynastie ; mais reparut
à l'époque de la renaissance sous les Saïtes. On voit encore à Thèbes, dans la vallée
d'El-Assaçif, de graiids mausolées (mi-creusés dans le roc, et précédés de constructions
eu briques ou en })ierre) ([ui offrent les éléments décoratifs de rarehitecture en bois;
et dont Tunique pylône, dans lequel est ménagée une porte voûtée, rappelle bien la
façade trapézoïdale des anciens tombeaux.
La transposition de ces ornements, éminemment particuliers à l'architecture en
bois, constatée dans les plus anciens monumeiits de l'ÉgTptc, j)rouve jusqu'à l'évidence,
que cette architecture était, bien certainement, antérieure à rarehitecture cji
pierre. Elle linit par disparaître des grands édifices au fur et à mesure des progrès de
l'art, tout en continuant jusqu'à la fin à être en usage pour les kiosques et les édicules
consacrés aux dieux et aux rois : Du reste on peut la recouiutitre, sur les moiiumejits
épargnés j)ar le temps et les hommes, dans le rapide avancement de l'architecture en
}derre, à partir de son début dans le creusement du roc, jusqu'à la transformation du
pilier équarri soil en colonne protodorique, soit en colonne à faisceaux, soit en pilier
hermétique. Les piliers des hypogées de Zawiet-el-Mayetin etceux de iieni-llaçen établissent,
])our l'oeil le moins exercé, le développement de cette architecture qui ne présejite
qu'une éclipse momentanée, vers la XII'dynastie, due à l'invasion des pasteurs.
De nos jours ou voit encore dans le Delta, autour des Jacs de Dourlous et de Men-
At'ïCiirr i^cTUin-:. 105
zaleh, des huttes de paysans et de pécheurs construites avec des claies de roseaux ou
des branches de dattiers pour opposer une barrière aux reptiles et aux insectes; là,
quand le bois manque pour les encoignures, on le rcm|)lace par des faisceaux de tiges :
Ceux-ci ont dû donner l'idée des tores ou moulures rondes des bases des colonnes,
comme il est probable que les quelques roseaux coupés, d'espace en espace dans la
partie supérieure, pour former une claire-voie et donner un peu de lumière, ont pu
fournir le modèle des claires-voies en pierre qui remplacent les fenêtres.
Pour ces fragiles constructions on a, sans aucun doute, dans le même but,
employé quelquefois, au lieu de roseaux, les tiges des papyrus qui abondaient
dans la contrée : Ces papyrus ont dù aussi offrir d'autres molii's
d'ornementation à l'architecture eu bois; car elle paraît en avoir
conservé le souvenir en plaçant dans les constructions deux tiges de
lotus affrontées : Il ne serait pas impossible par cette raison, ([ue le
faisceau de lotus en boulons lut l'origine des colonnes à faisceau
dont le fût présente des ligatures ou liens, figurés par cinq bandes
dont les extrémités retombent dans les intervalles des tiges ; et que
les détails de la ileur, le fussent de ceux de l'apopliyge : Cette imitalion
s'étendrait jusqu'aux angles que forment les tiges du papyrus,
alors que ces liges se courbent sous une pression des parties superposées
qui fait naître dans le fût une sorte de galbe.
On peut en suivre les phases sur les i)iliers de Zawiel-el-Mayelin
surmontés de triglyphes; sur les colonnes à faisceau des Teï et de
Beni-Haçen; sur les temples de Thèbes; et jusque sur les colonuelles
à faisceau (qui ornent la salle du jugement; dans les papyrus funéraires),
dont la frise présente de véritables triglyphes (comme ceux
des Grecs et dans le môme goût d'ornementation), sé^iarés par des
ouvertures carrées, correspondantes aux métopes, et ayant, comme
celles des anciens temples Grecs, la Ibnction de icnêtres; avec cette différence,
que rentablement ne s'y compose que de la frise et de la corniche.
On sait que la corniche égyptienne, se compose d'une baguette en boudin, puis
d'une grande gorge et d'un filet rectiligue qui la limite en haut: ce ne sont pas
les courbes de ses deux membres inférieurs qui la font naître, comme on l'a avancé
à propos de rarchitecture en pierre; puisqu'elle naît naturellement, de la construction
en bois dont la terrasse est revêtue d'un ciment : si celle-ci n'a pas autant de saillie qu'on
était eu droit de le penser, c'est qu'en Egypte la pluie est extrêmement rare; d'où il
résulterait (le soleil, étant dans ce i)ays près du zénith pendant plusieurs mois de l'an-
. i n , »