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322 L'ART ÉGYPTIEiN.
nous offre le bois, arrivant en bille, puis débité par la main d'ouvriers chargés de le
dégrossir, pour en ressortir sous la forme d'une magnifique statue d'ébène chargée
(rorncments d'or ; et tpii représente, sans doute, une divinité on le pharaon régnant.
Ce qui prouve encore davanlage que le goût des bois rares et de bonne qualité,
pour la confection des objets d'ameublement, se manifesta chez le peuple égyptien dès
la plus haute antiquité ; c'est que l'on en rencontre, à chaque pas, des imitations
peintes dans les tombeaux de Gizeh et de Sakkara : aussi, dès que ce goût fut devenu le
partage de toute la populatioji sous le nouvel empire et sous les Lagides, voit-on les
gouvernements en imposer des tributs aux peuples vaincus (nous en possédons, également,
une preuve dans la grande peinture murale des tributaires de Thontmès Kl,
ilontnous avons un calque grandeur d'exécution), ou les obtenir par la voie du commerce.
C'est ce qui explique encore comment à Karnac, dans la représentation des
hauts faits de Séti P', on aperçoit des vaiucus occupés à abattre les arbres d'une haute
forêt, dont le bois, par sa forme d'équarrissage, parait visiblement destiné à des mats
de vaisseaux ou à des colonnettes de temples. En outre, à partir du règne d'Âmasis, dont
te penchant, pour les usages des Grecs, avait introduit en Egypte tous les produits de
l'art industriel de la Grèce, il eût été difficile de se prononcer, d'une manière bien certaine
sur l'authenticité de la provenance d'un objet mobilier, si les inscriptions nous
eussent fait complètement défaut : aussi n'avons-nous reproduit que les meubles des
XVIII et XX'dynasties, qui nous ont paru dignes, du reste, de démontrer l'habileté des
artistes égyptiens dans cette branche d'industrie.
Qu'il nous suffise donc de dire, en terminant ce court chapitre, qu'il n'est pas
permis de douter si les objets mobiliers des temples, ou de la demeure des pharaons,
pendant la première période historique nationale, furent à la hauteur des autres
créations artistiques; car, pour les rendre dignes de participer aux splendeurs
du service divin, on fit appel à tous les règnes de la nature, en même temps qu'on
mil à contribution les productions des arts plastiques et les produits des autres
branches de l'art industriel, aussi furent-ils aussi remarquables que l'exigeait le but
auquel ils étaient destinés. On sait, en outre, que, malgré l'invasion d'usages étrangers,
les Égyptiens leur conservèrent toujours la même influence, dans leurs moeurs, qu'aux
autres produits de leur génie national. A ce propos, n'oublions pas de rappeler que
c'est à tort qu'on s'est plu à attribuer aux Grecs l'invention des lits de repos soutenus
par des pieds de lion, puisqu'on en a retrouvé un spécimen figuré dans le
temple dlJermontis ; ici encore les Grecs ont été devancés i)ar les Égyptiens.
ART INUUSTIUCL. 323
ARMES ET OUTILS.
Nous n'avons pas l'inlcnlion d'entrer dans des explications circonstanciées au
snjct des armes en usage, selon toute i)robabilité, chez les ÉgypUens du |ireniier empire
aussi bien que sous la seconde période pharaonique et sous les Lagides (quoique nous
regardions comme très-plausible l'opinion, d'après laquelle les premiers Égyptiens y
auraient été peu exercés, et auraient été, pour cette raison, une facile proie lors de la
rapide conquête de leur pays par les pasteurs : et cela parce qu'ils avaient dù penser que
leur isolement des autres peuples les leur rendait peu nécessaires) ; nous savons, en
efl'el, qu'il suffira de parcourir les planches de notre Atlas, qui représentent, soit les
combats des pharaons du premier enqdre, soit des scènes de chasses des premières
dynasties, pour s'apercevoir qu'ils firent usage, avant tous les autres peuples, de presque
toutes les armes usitées dans l'antiquité jusqu'à la période romaine.
La seule particularité qu'il nous paraisse utile de mentionner, c'est que toutes les
armes du premier et du second empire pharaoniques étaient en bronze, et que le fer
ne semble pas avoir été connu des anciens Égyptiens; car on ne rencontre jamais une
seule représentation de forgerons, tandis que tous les autres métiers sont peints ou
sculptés dans les hypogées ; et cependant ces armes de bronze, auxquelles les représentations
de la XYIII" dynastie assignent une date incontestable d'antériorité de douze
siècles avant la guerre de Troie, se trouvent être semblables à celles qui sont décrites
par Homère dans les récits que leur consacre son Iliade.
Nous ne parlerons pas, ici, non plus, en détail, de la constitution industrielle des
corps de métiers destinés à fabriquer les outils, parce qu'il existe encore trop peu de
documents authentiques eu ce qui les concerne, et aussi parce que nous avons eu soin,
en traitant des procédés artistiques spéciaux, de faire comprendre, à propos de la
sculpture cl de la peinture, combien il avait fallu que les anciens Égyptiens eussent à
leur disposition de nombreux instruments de précision à leur dernier état de perfection;
nous nous boruerons à meulionner ce fait (qui paraît tenir du merveilleux, mais
qu'il ne sera permis de contester, cependant, qu'après les recherches minutieuses, qui
en auront démontré l'inanité) : que l'on a prétendu longtemps que c'est avec les instruments
les plus primitifs que les anciens Égyptiens ont exécuté leurs prodigieux travaux.
Les seuls outils connus, qui présentent une forme remarquable et très-appropriée
aux ouvrages délicats, sont des hachettes à manche courbé, qu'on voit encore employées
de nos jours en Égypte, dans certains travaux où la précision et la force sont requises
en même tenqis; comme, par exemple, dans la fabrication des limes. Il fallait beaucoup
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