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luilurelles, lorsqu'on sait le peu de ressources de la palette égyptienne ; car on voit souvent
des boeufs, des antilopes et des chiens aussi bien figurés qu'on pourrait le faire
aujourd'hui en se bornant aux contours et aux teintes monochromes sans jeu d'ombres,
de clairs, de nuances et de reflets.
Il n'y a pas jusqu'aux oiseaux, dessinés naïvement, qui ne soient coloriés avec
assez de vérité pour les reconnaître de prime abord. Les détails du plumage sont
[racés avec soin et d'une façon originale. Quant aux poissons, parfaits de forme et de
couleur, ils sont les chefs-d'oeuvre des artistes égyptiens: ils ont su fondre les
nuances des écailles avec assez de perfection i)our en faire des gouaches admirables,
et qui ne dépareraient pas un traité d'ichtyologie, destiné aux amateurs les plus
consciencieux.
Ce n'est que dans ce qui touche au règne végétal, que les artistes égyptiens
semblent avoir voulu éviter constamment la fidélité dans la représentation ; car
lorsqu'ils sont forcés de faire des arbres et des plantes, ils s'en acquittent toujours
des plus naïvement; c'est-à-dire assez mal. Aussi, leurs fleurs même, à l'exception
du lotus et des ombelles du papyrus, sont-elles toujours traitées d'une façon conventionnelle
qui tient plus de l'idéal que de la nature.
Nous nous garderons bien d'affirmer, néanmoins, qu'en reproduisant sur leurs
murs des vues, des plans d'habitations et des détails de toute leur manière de vivre,
dont nous croyons que le premier mérite doit toujours être l'exactitude, les Egygptiens
ont accordé encore plus à la convention qu'à l'imitation, en cherchant à peindre les
signe des choses plutôt que leur image même; et cela parce qu'ils auraient tracé des
formes capricieuses qui tenaient plus du rêve de l'esprit que de la vérité de la nature :
loin de là, nous pensons qu'ils ont aimé à représenter les objets par les lignes les plus
abrégées et les plus élégantes parce qu'ils trouvaient plus d'attrait dans la vue des
signes que dans celle de la réalité.
PELNTURE APl'LIQtJKl:: AUX BAS-RËLIKFS, AUX STATUES,
AUX CEnCUELS DE MOMIES, ETC.
La peinture, considérée comme un art de décoration indispensable à l'architecture,
à l'aineublemsnt, on pourrait même dire à tous lee usages de la vie et jusque
par delà l'existence (puisque les enveloppes des morts en étaient revêtues), Jie
nous parait i)as avoir jamais atteint, chez aucun autre peuple, un développement
d'une semblable importance; et cependant il parait indiscutable qu'elle était soumise,
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également, aune réglementation hiératique, aussi bien pour les couleurs à employer
que pour les emplacements et les objets où elle était exigible.
On peut dire que pour les populations, d'un caractère naturellement si sombre,
de l'antique Égypte, il y avait, dans cette irradiation perpétuelle de la couleur,
quelque chose qui les rattachait malgré eux aux bienfaits de la vie sociale ; et
quand nous parvenons à nous représenter toutes ces compositions, toutes ces innombrables
et gigantesques figures coloriées, telles qu'elles étaient jadis, galonnées d'or,
empourprées des couleurs les plus éclatantes, nous nous rendons compte dupuissani
effet qu'elles devaient produire sur des esprits pleins de foi, auxquels elles rappelaient
sans cesse tout ce qu'ils devaient croire, savoir et espérer.
Ici se place une question liistorique, à laquelle nos devanciers nous paraissent
avoir accordé une plus grande importance qu'elle ne le mérite : les lignes conventionnelles
et les couleui'S qui les faisaient valoir, furent-elles appliquées sur les surfaces
murales des hypogées avant de l'être sur les piliers, les colonnes, les l)as-reliefs et les
statues? La solution de cette question historique nous paraît un peu secondaire;
cependant, sans trop nous y appesantir, nous nous croyons obligés d'indiquer quel esl
notre sentiment.
Il est admis, par un certain nombre d'écrivains, qu'on commença par appliquer
les couleurs sur les sculptures en bas-relief des temples; ils prétendent même qu'on
les avait, sous l'ancien em[)irc, disposées d'une autre façon que dans les temps postérieurs;
et que les édifices, consacrés au culte, ont conservé, là où le pinceau a surchargé
un travail antérieur (en y ajoutant des contours et des couleurs), les traces du
plus ancien système.
Une autre preuve viendrait corroborer l'opinion des partisans de fantériorité de
la peinture sculpturale : ce serait, parce que le sculpteur aurait, dès l'origine, figuré,
non pas en saillie, mais en creux, les représentations légales, qu'il fut indispensable
que les couleurs vinssent en compléter l'effet (on sait que le granit dont sont édifiés
les monuments de TÉgypte est plus facile à fouiller qu'à abattre).
Ainsi, ce serait par la sculpture qu'on aurait dessiné les premières figures peintes,
comme ce serait d'abord l'architecture qui, par le caractère du monument où elles
furent tracées, aurait déterminé leur style; et ce ne serait que beaucoup plus tard,
peut-être grâce à des inQuences étrangères, que la peinture se serait séparée de la
sculpture, en ajoutant d'elle-même le dessin à ses couleurs et aurait, pour ainsi
dire, rompu avec l'architecture en choisissant elle-même le théâtre de ses représentations.
Cependant, en s'isolant delà sorte des deux arts qui lui auraient donné
naissance, elle se serait plu souvent à les accompagner encore; et, mal-
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