306 N O T I C E S DESCRIPTIVES.
C'est à l'art égyptien qu'il faut faire remonter l'orighie des guillochis, comme celles des
méandres ou postes; ces trois ornements apparaissent à l'époque de la xviii" dynastie et se
trouvent souvent sur la même décoration.
On n'y voit jamais le guillocliis appliqué sur les frises des architraves ou en bordure, comme
chez les Grecs, mais il est souvent tracé en diagramme sur le plafond des hypogées; quelquefois
même le dessin en est très-compliqué et alterne avec des rosaces. On trouve aussi fréquemment
des plafonds divisés en deux ou quatre compartiments mi-partis ou écartelés de guillochis
et d'enroulements.
L'examen attentif du tracé de ces ornements fait voir qu'ils dérivent l'un de l'autre. Sur le
fond quadrillé l'artiste a esquissé partout des guillochis, puis en arrondissant les angles d'une
partie de ces figures, il a obtenu des enroulements de même grandeur qui cadrent parfaitement
avec les autres.
Nous croyous avoir démontré, assez péremptoirement, que le guillochis et la volute figurent
parmi les plus anciens ornements des plafonds, et que deux motifs appelés grecques et méandres,
à tort, par les classiques, sont bien d'origine égyptienne: ce qui adonné lieu à cette vieille
erreur, c'est la fable grecque, inventée pour déguiser le larcin, et qui raconte que le dieu du fleuve
Méandre regrettant de quitter la Troade, se retourna tant de fois qu'il traça lui-même au fleuve le
cours sinueux, les inflexions diverses qui reviennent sur elles-mêmes, et figurent cet ornement
qu'on gravait sur les monnaies de plusieurs villes de l'Ionie. 11 est regrettable pour les classiques
que, malgré cet acte de naissance, notre ornement soit beaucoup plus ancien qu'on ne le croyait,
mais il est incontestablement d'origine égyptienne, puisqu'il figure parmi les signes hiéroglyphiques
de l'époque la plus reculée. Du reste, le rapprochement de la grecque et de la volute
ou du guillochis et du méandre, prouve que ces ornements sont des motifs variés d'une même
épure de construction et qu'ils dérivent l'un de l'autre. En effet, pour construire la volute au
compas, on se sert encore aujourd'hui de points de centre, disposés sur deux lignes diagonales
qui se coupent à angles droits ou en forme de croix de Saint-André : joignez ces points de centre
par des lignes parallèles, et vous aurez le guillochis carré ou rectangulaire. Les Égyptiens se
servaient donc, comme on le voit, de la méthode que nous employons encore aujourd'hui pour
construire la volute ou méandre qui n'est qu'un guillochis curviligne.
Si l'on examine les trois compartiments supérieurs de la planche, tous trois tirés d'un même
tombeau, on verra que les deux extrêmes s'engendrent du guillochis médial et que ces compartiments
ne diffèrent, essentiellement que par les couleurs. Dans le registre intermédiaire, les
enroulements naissent du guillochis qui les précède, malgré la grande différence qu'ils présentent
au premier coup d'oeil. Il en est de même des deux figures 8 et 9) ; issues d'un tracé conunun,
elles ne diffèrent que par les couleurs et de légères fioritures; et pourtant quelle variété et quel
contraste !
l i n e me reste qu'à indiquer la provenance des ornements représentés sur cette planche.
Les n"'' 1, 2 et 3 sont tirés d'un hypogée à demi détruit d'Abd el-Gournah, qui paraît appartenir
à la xvii' dynastie.
Les n^^ et 5 proviennent également de deux compartiments d'un plafond et ont été tracés
sur le même diagramme.
Le n° 6 a été copié dans un tombeau situé derrière Médineh-Thabou ; il est de la xx-' dynastie.
La disposition du n'' 7 se voit dans un hypogée de Thèbes, ainsi que celle qui lui a donné
naissance; le tracé rectihgne à brisures : elles rappellent toutes deux les capricieuses combinaisons
de certains arabesques des mosquées du Kaire.
A R C H l T E C T U R l i . 367
Les n - 8 et 9 proviennent de Thèbes. On retrouve aussi le dessin du plafond 9 dans un
hypogée d'ibrim, en Nubie, avec un fond bleu et blanc; ils sont de la xviir dynastie.
ORNEMENTATIONS DES PLAFONDS; LÉGENDES ET SYMBOLES. - Nécropole de Thèbes.
— XYiir dynastie.
Les enroulements et les fleurs de lotus qui encadraient les bucrânes se représentent ici à peu
près les mêmes, quoique servant d'entourage à des rosaces, alternées de légendes hiéroglyphiques
ou de scarabées ailés.
Le plafond supérieur est tiré de l'hypogée du « Vère divin Nofrehotep ». dont le nom et les
titres répétés concourent à l'ornementation. Il vivait sous le règne d'Horus, auquel on le voit
rendre hommage sur les parois de ce tombeau dont j'ai tiré aussi le premier plafond de la
planche précédente. Ces deux motifs, séparés par une bande d'hiéroglyphes, formaient un long
compartiment qui couvrait toute la longueur de la salle. L'artiste, peu soucieux de chercher
des divisions exactes dans le parallélograme qu'il avait à décorer, s'est trouvé avou-en trop
deux espaces qu'il a ornés, en haut, par une suite de rectangles componés, et sur le côte par
une longue tige fleuronnée : charmant motif que nous devons à sa paresse.
Le plafond inférieur a été copié dans une niche du tombeau de Ramès, situé cà cent pas au
sud de l'hypogée de Nofrehotep. Ce fonctionnaire vivait sous Améuophis III et son successeur
l'hérétique Akhenaten.
Le scarabée aux ailes déployées soutenant le globe du soleil, roulant entre ses pattes m!érieures
une autre boule, est le symbole de la renaissance du genre humain pour une vie éternelle.
Il serait assez difficile de distinguer, ici, quelle espèce de scarabée l'artiste a voulu figurer.
N'oublions pas que les peintres et les calUgraphes ne se piquaient pas de la scrupuleuse exactitude
que les sculpteurs et les mouleurs apportaient dans leurs travaux. Je possède un scarabée
sculpté qui est d'une perfection incroyable et l'on en voit de terre émaillée qui sont d'une
vérité étonnante; mais quant à la forme du scarabée, objet de l'adoration des habitants de la
vallée du Nil, elle varie beaucoup et prouve que tous les scarabées recevaient les mêmes honneurs
: car ce que les Égyptiens ont, surtout, sanctifié dans le scarabée, c'est la faculté qu'il
possède, avec beaucoup d'espèces, et qui consiste à enfermer ses oeufs dans une matière stereorale,
roulée en boule, qu'il conduit aux endroits les plus propres à favoriser le développement
de ses larves ou à leur fournir une retraite. Aussi le scarabée sacré est-il bien certainement le
scarabée orbivolve; mais les Égyptiens en reconnaissaient une douzaine d'espèces. De tous les
s c a r a b é e s orbivolves, ceux que l'on voit le plus communément rouler dans les sables un globe
noirâtre sont VAteuchus sacer qui a les élytres lisses et VAteuchus laticoUis qui a les élytres
régulièrement sillonnées.
Le scarabée sacré, suivant les Égyptiens, s'engendrait d'un seul être, ce qui est, dans toutes
les théories religieuses des peuples, le signe du plus haut degré d'organisation. Il n'était pas
porté dans le ventre d'une femelle et toutes les générations qui devait procéder de lui, résidaient
dans une masse qu'il roulait, d'abord de l'orient à l'occident, et puis de l'occident à l'orient
pour lui faire prendre la figure du monde ou celle du soleil. Ceci était un double emblème de la
création, celle de tous les êtres par l'androgyne, et puis celle du globe, destiné à devenir à lui
seul l'habitation de tous les êtres produits. Mentionnons aussi que, dans la croyance des Egypi
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