L ' A R T ÉGYPTIEN.
lonieiil, et c'est de ce caleiulricr religieux doui on yeiii parler quand on dit que Jules
César emprunta le calendrier des Égyptiens. Un passage d'un papyrus jinblié pai-
Letronne démontre bien qu'ils avaient une année lixe i)arallèle à l'année vagne.
Noire année julienne est donc celle dont les prélres laisaicnl usage, sauf louie-
Cois la manière de placer le jour intercalaire. Dans ce calendrier, la lune ne jonc
aucun rôle, ni la semaine non ])lns. 11 y avait l'2 mois de 50 jours et 5 on G jour s
conqilémentaires on épagomènes (al è-xyô^.eyai -nuipxi), (jui étaient des jours de lete
dans tonte l'Egypte. Qu'aurait fait la semaine dans cetie année exclusivement solaire,
t[ui a nn caractère si particnlier? Dion Cassins se trompe certainement lorsqu'il dit
({ue la semaine était égyptienne. Les jinirs du mois se conq)laient par des numéros
d ' o r d r e , comme chez nous. L'année républicaine, composée de 12 mois de 50 jours
c h a c u n , complétée par 5 ou 6 jours complémentaires, avait, comme on le voit,
heancoup d'analogie avec l'année égyi)lienne.
Les considérations qui précèdenl nous paraissent snlTire pour établir que le
c a l e n d r i e r égyptien n'a pas de rapport avec celui des penples sémitiques, et il nous
reste à prouver que les Égyptiens ne l'ont pas emprunté à d'autres penples. Nous le
ferons en démonlrant que ce calendrier avait quelque chose de tout à l'ait spécial à
rÉgyptc, et qui en atteste bien l'originalité, ou, si l'on peut .dire, rautochthojiie.
Oue tel ou tel peui)le ait eu nne année solaire de 505 jours 1/4, cela ne prouve
pas du loul qu'il l'ail adoptée de lui-mènie, mais cela ne prouve pas non plus qn'il
l ' a i t empruntée; car cette sorte d'anm-c, étant l'année natnrelle, tout pcujde peut
l'avoir trouvée. C'est ainsi que les Mexicains avant la conqnêle avaient nne année de
505 jours 0 heures. On a conclu, bien à tort, en s'attachani aux ressemblances
jilutot qu'anx différences qui sont pourtant caractéristiques, que les Mexicains avaient
e m p r u n t é ce calendrier aux Égyptiens, par l'intermédiaire des Chananéens. Mais si
Ton eut pris garde que les Mexicains divisaient l'année en J8 mois de 20 jours chacun,
et qu'ils la complét.aient jjar cinq jours épagomènes; qu'enlin tous les cinquante
deux ans ils ajoutaient un mois de treize jours, on n'eût pas dit si vite, si
légèrement, que leur calendrier venait de l'Égyiite.
A]irès avoir démonlré, antanl qu'il était en nous, que le calendr ier égyptien n'est
pas celui des peuples sémiti(]ues, nous disons, en second lieu, qu'il a jiris luiissancc
en ]''gy[)te, parce (pi'il est lié intimcinent à des circonslaiiccs asti'onomiipics tout à
fait particulières à l'Égyple. C'est ce second point qui va nous occuper maintenant.
C'est en constatant que l'année scientifi(|ue égyptienne était solaire, que la lime
n'y jouai t aiicun rôle, et que par conséquent celle aniu-e diffère de celle des peuples
sémiti(ines (qui avaient, les uns, comme les Arabes, une année lunaire vague, uni i-oii-
INTtlODUGTlOiN IIISTOtlIQri'.
lait dans l'année naturelle; les autres, comme les Hébreux et les Phéniciens, une année,
hini-solaii-e), (jue nous avons dit (pie cette année solaire vague servait aux usages civils
el était de 5(Î5 jours, c'est-à-dire composée de 12 mois de 50 jours, aux(|uels on
ajoutait 5 jours conq)lénientaires dits épagoinènes; que les jiretres égypiiens avaient
la connaissance et faisaient nsage d'une année jdus exacte de 505 jours 1/4, et (jue
la réforme jul ienne ne consista qu'en ceci : que Jules César substitua à l'année vague
des Uoniains une anm'-e lixe de 505 jours 1/4, dont il avait puisé la connaissance en
Kgypte.
L'année vague des Égypliens avait donc été instituée de bonne heure, et les
|)rètres y avaient accommodé les fèies; aussi la conservèrenl-ils jusqn'à l'an 25 de
notre ère où, sous Auguste, ils adoptèrent rannée juliejinc pour les usages civils:
seulement, ils placèrent le 500'= jour après les cinq é])agomènes, de manière (jue
tons les quatre ans il y eut six jours épagomènes: c'est ([ue, tandis que la religion
les attachait à leur année vague de 505 jours, ils étaient, d'un autre côté, comluits
à mainteni r l'année de 505 jours 1/4, à repousser toute autre réforme, à cause d'un
phénomène astronomique particulier à leur pays, et auquel était due leur année,
dite solaire parce qu'elle s'est trouvée correspondre exactement à celle-ci. C'est de ce
phénomène iinporlant qu'il nous faut parler maintenant.
Pline dit qu'Eudoxe avait pris en Égypte une période de quatre ans, laquelle
était censée ramener les mêmes circonstances atmosphériques (il est possible qu'Eudoxe,
bien qne très-éclairé pour son temps, ne se soit pas défendu des préjugés
météorologiques qui avaient séduit tant de i.ons esprits); le fait est que cette période
n'existe pas dans la nature: J»line ajoute que cette i)ériode se renouvelait an lever
liéliaque de Sothis on Sii'ius.
Ce serait ce lever liéliaque de Sirius ([ui aurait joué un grami rôle dans l'écoiioiiiie
du calendrier égyptien, à cause d'une particularité éminemment remarquable:
Cette |)articularité consiste en ceci: que Sirius se lève héliaquement à des instants
hxes, et que la période de son lever hélia(iue est comprise dans un intervalle de
505 jours 1/4, c'est-à-dire dans nne durée égale à celle de l'année julienne ; cas
fortuit, et (jui tient à la position particulière de l'étoile de Sirius dans les cercles de
latitude et de longitude : 11 n'a Heu que pour l'Égypte : ainsi toute l'astronomie
<lcs Egyptiens sei'ait fondée sur cette circonstance particulière à leur pays.
I^V'toile de Sothis était consacrée à Isis dont le culte se rattachait par plusieurs
points aux circonstances du mouvement de cette étoile.
^ C'est un astronome anglais ,|iii a le premier renuirqué (|ue le lever héliaqne de
î^'nns est renfern.é dans un espace <le 505 jours 1/4; <iepuis, Ideler et Biot ont