L ' A R T ÉGYPTIEN. AUT UNL)USTKI1!:L. 5 1 5
La plui>art des musées de l'Europe coulieuucul uu graud nombre de curieux spécimens
de ia verrerie égyptienne ; on y peut voir des vases de verre coloré, remarqua-
Souffiago thi votTC (Hypogées ilc Béiii-IIaçen).
bles de dessin, et dont les couleurs par leur irradiation traversent nettement le verre
dont l'épaisseur est quelquefois d'un centimètre; les plus beaux spécimens en ce genre
ont été fabriqués sous la XVIll'' dynastie, et sortent de la ville deThèbes, (lont lesverriers
passent pour avoir été même plus experts dans leur art que ceux des temps modernes.
Nous avons déjà dit que les artistes égyptiens imitaient^ avec une étonnante liabileté,
toutes les pierres précieuses : on jieuts'en assurer également dans ces collections;
mais les pierres précieuses, qu'ils imitaient le plus i)arfaite]nenL, c'étaient l'améthyste
et l'émeraude ; et leurs manufactures étaient établies de façon à produire des pièces
du plus grand module. On peut du moins le conclure de ce fait, rapporté par Pline,
que dans le temple de Jupiter-Ammon, il se trouvait un obélisque de fausse émeraude
d'une seule pièce de soixante pieds de hauteur. Il en résulterait encore par analogie,
que la tradition historique, qui aflirme que les corps de Cyrus et d'Alexandre étaient
renfermés dans des cercueils de verre, dus aux verriers égyptiens, se trouverait entièrement
démontrée.
Les artistes égytiens connaissaient aussi remi)loi du diamant pour couj)er le verre ;
en outre, ils savaient le graver : il existe au Bristish Muséum une pièce, iiabilenient
colorée en môme temps qu'habilement gravée, portant le cartouche de Thoutmès JIL
Le verre ])araît avoir aussi été utilisé pour la conservation des hiérogly|)hes : on a
trouvé des fragments de granit entièrement recouverts d'une couche de verre coloré
au travers duquel les hiéroglyphes se lisaient distinctement.
On croit que la grande Diospolis, capitale de la Thébaïde, posséda, dans ses murs,
la première fabrique régulière de celte espèce, et qu'on y atteignit un fini assez complet
pour y avoir produit des coupes d'un verre porté jusqu'à la pureté du cristal, et
surtout de ces coupes, connues sous le nom d'Alassontes, qu'on prétend avoir représenté
des figures dont les couleurs changeaient selon le point de vue sous lequel on les
regardait, et qui produisaient l'effet nomme vulgairement : gorge de pigeon ; on y aurait
aussi ciselé le verre ; on l'y aurait même travaillé au tour.
Les ol)jets de la verrerie égyptienne ne portant que fort rarement des inscriptions,
il nous est impossible de retracer d'une manière incontestable l'historique des progrès,
dans cette partie de l'industrie, de l'habileté de leurs artistes : cependant les découvertes
fréquentes qui ont été faites dans les tombeaux donnent lieu de penser qu'elle progressa
sous les pharaons, ne disparut i)as pendant la domination persane, et qu'elle
continua de fleurir sous la domination des Lagides.
Ainsi les verreries de l'Egypte n'étaient pas i)lacées uniquement à Alexandrie,
comme on l'a prétendu longtemps: elles étaient bien une industrie nationale, remontant,
comme ses congénères, aux i)remicrs temps de la civilisation du pays. Il est vraiment
incroyable que cette opinion ait pu obtenir, un instant, une ombre de créance,
puisqu'il suffisait, pour la reduire à néant, de remarquer que, parmi les spécimens de
l'industrie égyptienne (éuumérés dans Periplus Maris Enjthroei, et exportés des différents
ports de la mer Rouge), on cite diverses sortes de vases de verre et de murrhin,
fabriqués à Diospolis. Nous ne saurions cependant nous empêcher de reconnaître
(puisque nous ne rejetons pas totalement les assertions des historiens de l'antiquité,
forcément consultés par nous) qu'il existait une grande similitude entre les produits des
verreries d'Egypte et de Phénicie.
On ne peutalTirnier, en effet, que tous les objets en verre, trouvés dans les hypogées
del'Égyitte, aient été, sans exception, des produits de l'industrie nationale; bien
que le iilus grand nombre soient revêtus de marques authentiques de la fabrication
égyptienne (entre autres la célèbre colonnette, dite dactiliforme) ; mais ce qu'on ne
peut contester c'est (pi'oii voit dans les représentations des tombeaux de la IV*^ dynastie,
c'est-à-dire d'une date antérieure de ciiui mille ans à notre époque, des Lagènes qui
c(tntenaient du vin rouge.
Le verre égyptien commun était d'une couleur vert-grisàtre, et présentait rareuieiit
des parties désagrégées, sans doute en raison de la sécheresse du climat ; cependant
les petits vases de verre commun étaient ([uelquefois d'un bleu fonce transparent,
ou à l'imitation de l'arroganite blanc d'Egypte, striés agréablement, soit en bleu paie,
en jaune ou eu blanc, soit encore en vert foncé et en rouge; d'autres fois, enfin, la
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