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P Y R A M I D E S .
A R C H I T E C T U R E . 225
Nous avons cru pouvoir classer, comme l'ont fait la plu])art. de nos devanciers, les
pyramides parmi les sépultures; afin de ne pas paraître viser au paradoxe; jiuis aussi,
parce qn'en admettant que ces monuments aient été édifiés pour des Uns astronomiques
ou même agronomiques, ils n'en ont pas moins servi de cénotaphes, sinon de lombes
véritables.
Les Égyptiens paraissent avoir commencé par construire les pyramides situées aux
environs de Memphis, (leur première capitale), au temps de la troisième dynastie, dont
l'avènement est placé par Brugsch, en Tannée 5900 avant Jésus-Christ, et par Lepsius à
l'année 5905 : les témoignages des anciens auteurs fixent, également à cette époque,
le développement complet et la détermination définitive de l'écriture ; en môme temps
que l'invention de la construction avec des pierres taillées en rectangle, et la mise en
ordre, suivant la méthode scientifique, des lois de l'astronomie.
En présence de ces témoignages d'une civilisation et d'une science aussi avancées,
([iiand l'art de la sculpture était déjà supérieurement développé dans les tombeaux
qui entourent les pyramides, et qu'on sail en être les contemporains; quand on est
forcé de constater Tndmirable emploi qu'on y a fait des blocs de granit ; (en même temps
q\ie la perfection de l'appareil de leur intérieur, qui n'a jamais été surpassé; ce qui
prouve le degré d'habileté auquel étaient parvenus les Egyptiens bien avant la construction
des murs de T^r/m); comment ne serait-on pas frappé de la simplicité de leur
forme, de l'absence d'ornementation architecturale qui les caractérise (tant à l'extérieur
qu'à l'intérieur), et entin de la nature des matériaux employés à leur construction
extérieure, qui est généralement celle de la brique crue, quelquefois sans fondations;
comme on l'a remar(jué dans les petites pyramides en briques crues qu'on voit à
Thèbes, où les assises sont séparées par des lits de paille et même par des nattes de
halleh.
Si les pyramides ne furent pas des oeuvres artistiques, si leur destination, comme
tombeaux des pharaons (ce qu'on croyait avoir été leur ])rincipal, sinon leur seul but),
n'a été que l'intérêt secondaire, tandis que leur érection aurait été due à une pensée
d'utilité publique inspirée par la science, c'est àM. Eialin dePersigny que reviendraient,
et la découverte, et la démonstration scientifique de cette grande vérité.
D'un autre côté, c'est à Daniel Puimée qu'on doit la théorie de leurs ])ro])ortions,
seconde découverte confirmée depuis par les travaux de Perring ; car, celui-ci, en j)rouvant
<\ue la même loi de proportion se répète dans t,outes les pyramides de Gizeh,
aurait fourni, à l'appui, assez d'éléments de certitude pour qu'on pût constater rexnctitude
d'une aussi grande découverte; d'après laquelle, les proportions de ces édifices
étant régies par le triangle rectangle, les pyramides seraient la démonstration tangible
du théorème qui veut que le carré de l'hypoténuse soit égal à la somme des carrés des
deux autres côtés : en même temps, en outre, il en résulterait que ce théorème n'est
pas de l'invention de Pythagore; puisque les Égyptiens eu auraient connu la solution
plus de trois mille ans avant noire ère.
On sait qu'il a été retrouvé, dans le voisinage de la pyramide de Ghéops, à l'ouest,
un tombeau parfaitement conservé, couvert de brillantes peintures, celui du prince
Merhet. Celui-ci, en raison de sa fonction de prêtre de Choufou (que les Grecs traduisent
par Chéops), donna à l'un de ses fils le nom de « Choufou-mer-nouterou », c'est-àdire,
Choufou aimé des dieux. Cette appellation est très-remarquable; elle semble
attester, en effet, que Chéops n'était pas un contempteur des dieux.
Rappelons également que ce prince possédait huit mille villages dont les noms sont
tous des épithêtes de Choufou, dont il paraîtrait, qu'il aurait été, lui-même, le fils ou
l'un des fils. Il était surintendant général des bâtiments royaux et avait le rang de
grand architecte royal, poste fort élevé, dans ce temps de magnificence monumentale,
et souvent confié à des princes et même à des membres de la famille royale : si nous
avons parlé de ce prince, c'est qu'il y a tout lieu de conjecturer que c'est lui qui
dirigea la construction de la grande pyramide. Eu outre, il existe encore, de la môme
époque, un autre tombeau; celui d'un nommé Eimaï.
On ne regrettera pas, nous l'espérons, que nous ayons fait précéder, de cet aperçu
général, l'étude, tant des caractères spéciaux de cette étrange création monumentale,
que de l'influence qu'elle exerça, incontestablement, sur tonte l'architecture en Égypte
ou ailleurs.
La pyramide est le plus simple des corps géométriques, en même temps que la
la garantie du plus de 'stabilité possil)le; c'est pour cela qu'elle a été employée par les
peuples les plus divers dès le début de leur civilisation. On la retrouve, en effet, sous la
forme tronquée, dans les terrasses de l'Assyrie et dans celles des Mexicains, et ou la
reconnaît même, sous une apparence moins régulière, dans les tumuli des peuples
celtes: conception simple, qui se prête et correspond, parfaitement, à l'emploi de la
terre dans les tumuli, en même temps qu'à celui des briques crues ; parce que la forme
pyramidale est celle qui empêche, le mieux, le déplacement des matériaux.
La propriété de stabilité de cette forme olfre donc un véritable attrait pour des
peuples ])rimitifs qui aspirent à élever des monuments durables, et qui, pour atteindre
ce ])ut, n'onl encore que des forces matérielles. Mais si la pyramide en Égypte, comme
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