26G L ' A R T ÉGYPTIEN.
SGULPTUUK. 207
Cl de poses diverses, élaienl réunies autour du promenoir. Je ne pense pas qu'elles
lussent exposées là, connue l'avance Platon dans ses Lois, pour offrir à la jeunesse les
plus parfaits modèles de la statuaire : on paraît avoir eu simplement l'intention de
r é u n i r près de la salle des rois, sinon les images des pharaons les plus célèbres, au
moins les statues commémoralires des bienfaiteurs du temple. Cette abondance de
statues se remarque encore sur les plans cavaliers d'éditices sculptés dans les hypogées
de Tell-el-amarna, qui datent aussi de la xvni' dynastie.
Les jdus vieux monuments ayant été entièrement détruits, il est impossible de se
r e n d r e eomi>te du rôle de la statuaire dans les édifices de l'ancien empire.
Les statues iconiques des pharaons étaient très-nombreuses même sous les premières
dynasties. On les répétaieïil jadis ofliciellement, comme on fait aujourd'hui
sculjiter les statues ou les bustes de nos souverains; et jadi s aussi, comme de nos jours,
on les renversait quand il n'étai t plus nécessaire de les encenser.
Plusieurs part icul iers obtenaient encore, en r é compens e de leurs services, le droit ou
l ' a u t o r i s a t i o n de placer leur statue dans les temples. On a trouvé, au nord du sanctuaire
de Karnac, plusieurs statues de hauts fonctionnaires de la xn® dynastie, c'est-à-dire de
l'époque même de la fondation de l'édifice. Sous les premières dynasties, il paraît que
c ' é t a i t un usage assez réjjandu. On voit dans la i)lupart des vieux tombeaux de Memphis
des bas-reliefs qui représentent des offrandes faites à la statue du défunt. On remarque
dans rhypogée de Thouthôtep à Berclieh le transport de la statue colossale de ce haut
f o n c t i o n n a i r e d'Osortasen.
A par t i r de la Restaurat ion, les statues particulières deviennent moins communes;
la royauté plus puissante ou plus despotique accapare tous les honneurs, et les statues
privées se réfugient dans les tombeaux, où grâce au culte des morts l'encens ne leur
a manqué que par l'extinction de leur race.
On voit les Ptolémées et les Césars représentés avec le costume égyptien sur les
bas-reliefs des temples; mais on n'a jamai s trouvé de statues de ces rois int rus sculptées
dans le costume et avec les insignes des pharaons. Cependant plusieurs Lagides ont dû
ê t r e honorés de cette manière, au dire des inscriptions de l'époque.
Quant aux statues divines, on en rencontre très-peu dans les temples. Il est probable
qu'elles étaient faites pour la plupart en matières i)récieuses et que celles (pii
avaient pu éclia])per aux ravages des Perses ont presque entièrement disparu avec la
religion des Égyptiens. Les statues des dieux, qui étaient habillées, à cer taines fêtes,
comme les madones des églises d'Italie et d'Espagne, étaient probablement faites en
bois colorié et doré : on sait que le décret de Tanis parie des prêtres qui pénètrent dans
le sanctuaire pour riiabillement des dieux.
Une des plus belles statues de pierre, qu'on connaisse, est celle du dieu Nil conservée
au Musée Britannique. Un autre beau monolitlie, où six figures divines et humaines
se groupent en se donnani la main, et qui fait ]»arlie du même musée, [U'ovient du
nrand temi)le de Karnac; il s'élevait jadis sur la large base qu'on voit encore en face du
promenoir de Thoutmès 111.
Les statues qu'on retrouve le plus souvent sont des représeiilalions hybrides, mip
a r t i e humaines et animales, ou des animaux symboles de diverses divinités, telles que
les uombreuses statues liontocéithales de Pascht, jilacées par ordre d'Aniounôph III autour
du temple de Mauth, à Karnac, et par Ramsès III à l 'ent rée de Medineh-Thabou, —
la s tatue hiéracocéphale placée dans le naos du temple deKhons par un desiilsde llerhor.
Telles sont parmi les animaux : la belle génisse, symbole d'IIathor, — ou l'épervier colossal
qui décore une chapelle derrière le promenoir de Thoutmès IJl à Karnac. Si les
statues sont rares, les statuettes ou figurines, objet du culte privé, abondent dans les
fouilles comme dans les collections, et la variété de poses qu'elles offrent comble en
p a r t i e la lacune que présentent les édifices religieux.
Si nous n'en savons pas davantage sur la place qu'occuiiaient les statues dans les
édifices égyptiens, il faut s'en prendre aux fouilleurs européens, (jui ont dévalisé les
monuments sans jamais songer à marquer exactement le lieu de la provenance des
s t a t u e s dont ils dépeuplaieni les rives du Nil.
RÉSUMÉ.
Si l'architecture a donné naissance à la sculpture et à la peinture, en revanche,
c'est à ces deux arts qu'elle doit sa beauté et sa perfection.
La plastique, chez les Égyptiens, a un caractère éminemmenl arcliitectonique,
a u t a n t sous le rapiiorl de la matière que sous celui de la forme : aussi la grandeur des
idées de ce peuple se montre-t-elle, inconteslablement, dans la manière dont ils ont
compris ces deux arts.
La sculpture ayant sous les yeux un modèle à imiter, aurait dù s'y perfectionner
beaucoup plus rapidement que l'architecture, art de goût, fruit de l'imagination de
r h o n i m e , et qui n'aurait aucun modèle dans la nature; c'est cependant l'inverse qui se
fait senlir dans les monuments. Cela tient à ce que leurs statues avaient, pour la plupart,
une destination religieuse, et que dès lors les Égyptiens adoptèrent, de bonne
heure, uii type, des poses, des attitudes (lont ils ne s'écarlaieiit roint, (M (pii iunuencèrcnt
tous les })rogrès de cet arl.
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