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390 N O T I C E S DESCRIPTIVES.
la plupart d'entfe eux restaient à Thèbes pour porter les premiers en Europe la nouvelle du bris
de ce splendide témoignage de la grandeur égyptienne et de rimpuissance française. Informé de
ces propos malveillants, M. Lebas convoqua à l'abatage de l'obélisque tous les touristes rassemblés
à Louksor, et leur fit préparer une place à proximité du monolithe. L'opération commença
au milieu du silence général : Tobélisque déplacé de son centre de gravité s'inclinait lentement
vers la voie qu'on lui avait préparée pour le traîner à bord de Y Allège qui devait le transporter
des rives du Nil aux rives de la Seine. Au moment où l'obélisque penché à /i5 degrés pesait de
tout son poids sur les cordages et les cabestans qui le retenaient, M. Lebas fit signe d'arrêter.
Une sueur froide couvrait le visage des matelots qui sentaient le danger d'une pareille tentative :
l'ingénieur, calme en apparence, et tenant sa montre à la main, se tourna vers les assistants :
« Beaucoup d'entre vous, dit-il, sont venus ici avec l'espoir d'assister à une défaite; c'est pour
témoigner de la supériorité de la science moderne sur la science antique que je vous ai conviés à
cette cérémonie. Si vous êtes satisfaits de cette épreuve, on va continuer l'abatage. » Sur l'assurance
qu'on n'avait jamais douté de la réussite de l'entreprise confiée à d'aussi habiles mains,
l'obélisque se remit à descendre et atteignit sans encombre et en vingt-cinq minutes le plan
incliné. Ce trait de hardiesse que je n'ai vu consigné nulle part méritait bien de prendre place
parmi les souvenirs de Louksor,
CHAPITEAUX DES TEMPLES D'EDFOU ET DE PHIL-E. — xviii" dxjnastie.
CHAPITEAUX DU GRAND TEMPLE D'ISIS A PHIL.E. — Règne de Ptolémée Êvergète IL
CHAPITEAUX DACTYLIFORMES. — Temple de Philse. — XVIII'' dynastie.
CHAPITEAU CRATÉRIFORME. — X"\AII® dynastie.
COLONNES DU TEMPLE DE NEGTANÊBE. — Philoe. — xxx® dynastie.
CHAPITEAUX DE LA COLONNADE DU DROMOS, A PHIL.^.
CHAPITEAUX DE DIVERSES FORMES.
Il n'est pas nécessaire de faire connaître, de nouveau, Philae, à propos de laquelle j'ai
déjà donné tous les renseignements nécessaires; il suffira donc, ici, de faire la courte description
d'Edfou, qui me paraît indispensable.
Dans la partie la plus reculée de la Thébaïde, est un lieu presque inconnu des Européens, et
qui renferme, cependant, un des plus beaux ouvrages de la civilisation antique; cet ouvrage est
le temple d'Edfou.
Edfou est un gros village du Sa'yd, situé sur la rive gauche du Nil, entre Syène et Esné, à dix
lieues environ au-dessus de ce dernier endroit.
Il renferme deux édifices de proportions bien différentes, mais tous deux si bien conservés
qu'on en donnerait une idée fausse en les appelant ruines.
C'est dans ce grand temple d'Edfou que j'ai relevé les chapiteaux cratériformes que je
donne comme terme de comparaison avec ceux de Philse.
Il est facile de reconnaître, par l'étude des chapiteaux de ces dilférentes planches, que les
architectes égyptiens appliquèrent à la décoration des édifices, non-seulement l'imitation de
tous les règnes de la nature, mais qu'ils crurent pouvoir aussi trouver-des modèles dans les
productions de l'art humain, même les plus usuelles, et dont la variété leur fournissait des
types intéressants.
C'est ce qui explique la création de ces étranges chapiteaux cratériformes, imitation des
belles coupes d'or que fabriquaient, à l'usage des pharaons, les orfèvres égyptiens ou qui provenaient
de l'étranger.
Les divers chapiteaux employés sous les Ptolémées tirent tous leur origine des derniers chapiteaux
sculptés sous les pharaons. On retrouve en effet, dans le petit temple de Nectanèbe à
Philse, divers chapiteaux d'un galbe presque uniforme, mais orné de diverses manières.
Lorsqu'on considère cette variété de chapiteaux qui ornent les temples d'Esné, d'Edfou, d'Ombos
et de Philoe, et qui pour la plupart joignent à la pureté des contours une richesse et un choix
d'ornements remarquables, on est tout étonné d'avoir cru que trois ordres étaient les seules
beautés de l'art, que, hors de là, point de goût, point de correction. Les Grecs, pour pallier
leurs larcins, ont inventé des histoires. Les Égyptiens n'ont pas besoin de fables pareilles : ils
ont copié la nature et ont trouvé chez elle les plus belles productions de l'art. Le calice de la
fleur de lotus, au-dessus du faisceau de sa tige, a fourni la forme de la colonne, de sa base et
de son chapiteau. Le palmier a été le second modèle. Les joncs en ont fourni un autre trèsremarquable
parmi les formes aussi gracieuses que variées que l'on admire dans les monuments
égyptiens.
Dans les dernières planches de cette série, j'ai reproduit, à titre de parallèles entre les belles
époques de l'art pharaonique et l'époque romaine, une suite de chapiteaux qui nous démontrent,
que si les Romains ont exigé des artistes égyptiens un plus grand fini dans leur travail, ils
n'exigèrent pas une transformation véritable des formes consacrées soit par la religion, soit par
l'usage.
Je terminerai cet aperçu général par quelques descriptions des chapiteaux qui me paraissent
mériter plus spécialement une étude approfondie.
Colonnes du temple de Nectanèbe.
Ces deux colonnes sont dues à une même pensée qui se présente, pour la première fois,
dans un édicule de Nectanèbe, le dernier pharaon de la xxx« dynastie.
Ils offrent, de loin, le même galbe malgré leur grande variété, et sont couronnés de têtes
d'Isis portant sur sa coiflure le petit naos habituel. Les parties semblables de ces chapiteaux sont
coloriées delà même façon : ainsi toutes les calottes sont rouges, et les cinq viroles sont successivement
bleu rouge, bleu vert et bleu, que le fût soit tout uni ou qu'il soit terminé par des
cannelures. Les feuilles de lotus sont uniformément coloriées; mais les autres couleurs varient
quand le chapiteau n'a pas reçu à certaine époque un remaniement complet. Il eût été, en effet,
fort difficile, dans l'état de vétusté et de dégradation où se trouve cet intéressant édifice, et
surtout les chapiteaux, d'en déterminer bien rigoureusement les couleurs, si des parties sculptées
et coloriées plus tard sur le même modèle ne m'étaient venues heureusement en aide dans
maints édifices ptolémaïques ou romains, où ces chapiteaux étaient devenus l'oeuvre collective
d'une race.
Chapiteaux dactij H formes.
Il y a dans les édifices de Philoe cinq chapiteaux dactyliformes qui présentent tous des