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154 L'AR T ÉGYPTIEN.
Les artistes égyi)tiens eux n'avaient ancnn égard à la loi d'nnité : voyons la
composition d'une grande scène; toutes les parties eu cM-aient sacrifices à la principale
(igure, au jiluiraon seul, dont les dimensions colossales devaient dominer tout le reste,
qui n'était plus qu'un accessoire; et si parfois quelque autre figure y parait également
importante, c'est celle du Bien, on celle de quelque personnage, qui se liait intimement
à l'action du héros principal.
Quant à la i)erspective, ce que nous avons dit de la composition des bas-reliefs
montre combien peu elle paraissait nécessaire dans les sujets religieux ou
historiques : si dans les peintures des hypogées, où une plus grande licence était
tolérée dans la représentation des sujets relatifs à la vie privée (aux moeurs et
coutumes, aux usages du peuple), quelques tentatives de perspective dans la position
des figures sont à remarquer, ces essais sont des plus imparfaits; tant le style
conventionnel en vigueur, toujours préféré, et ayant acquis la force de l'habitude,
offrit une résistance invincible.
Nous pouvons citer, à l'appui de ces assertions, les scènes de bataille, sculptées
sur les murs des temples de Thèbes : dans ces quelques tableaux, qui représentent le
monarque poursuivant rennemi, menaçant, avec sa harpé ou cimeterre, un chef à demi
renversé, ou décochant ses flèches au milieu de la mêlée, pendant que les chevaux précipitent
son char sur les corps renversés des morts et des mourants : la démonstration
est complète.
Toutes ces figures sont dessinées avec beaucoup de sentiment; et la position
des bras y donne bien l'idée parfaite de l'action que l'artiste a voulu exprimer;
mais les mêmes imperfections de slyle, le même manque de vérité s'y font remarquer;
on voit bien une action; mais on n'y sent pas s'agiter la vie, dans les traits, non plus
que l'expression de la passion; il n'y a qu'une ligure mécaniquement variée dans
le mouvement; et, quelle que soit la position qu'on lui donne, le point de vue s'y
trouve toujours le même, reproduisant constamment, avec le même flegme identique,
un profil du corps humain associé à l'anomalie inévitable des épaules vues de face.
En un mot, une pareille scène est une description [ilulôt qu'un tal)leau.
De nombreux essais, tentés par certains artistes égyptiens, et dans lesquels ils
ont cherché, à différentes époques, à apporter plus d'unité et de naturel dans la
partie supérieure du corps humain (sans y réussir, nuilbcureusenient, d'une
manière acceptable), prouvent que de louables efforts avaient voulu rectiiier cette
anomalie. Ne furent-ils pas repoussés avec indignation?
Si de là nous suivons les travaux des artistes de l'antique Egypte, dans la
représentation des animaux, nous reconnaîtrons, encore, que bien qu'ils ne paraissent
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pas avoir été restreints, dans ce genre, au môme style rigide, et que cette liberté
explique leurs nombreuses représentations d'animaux de toutes sortes; et môme
d'oiseaux, à l'état naturel, que l'on rencontre, fort souvent, reproduits sur le tissu
des étoffes (oiseaux dont le modèle, ci-joint, que nous avons copié iidèlement, permet
d'apprécier le bien rendu), une habitude enracinée, contractée qu'elle était dès leurs
premiers pas dans la pratique de leur art, empêcha leur génie de s'émanciper
complètement.
Aussi s'y rclrouvc-t-on en face de la même union de parties pour former un
loul, de la même préférence pour le profil, enfin de la même roideur d'action que
dans les représentations humaines. Ils ont rarement dessiné de face la tête des
animaux, non plus que celle des hommes; et quand ils ont essayé de le faire, ils se sont
toujours montrés par trop symétriques, ils sont restés, en conséquence, lort au-dessous
delà beauté de lenrs profils.
On ne peut méconnaître, néanmoins, qu'en général le caractère et la forme
des animaux furent admirablement rendus par eux; c'est surtout dans les scenes de
chasses, peintes dans les hypogées, qu'on est souvent frappé de la vie qui se fail sentir,
et qui anime la plupart de leurs animaux sauvages; les détails sont d'une exactitude
complète ; quelquefois au point de donner satisfaction même à un naturaliste.
En résumé, chez les anciens Égyptiens, on ne reconnaît que deux phases ou
grandes époques artistiques, qui correspondent, à n'en pas douter, à deux manifestations
successives de leur civilisation; la première époque nous montre le dessin
cherchant à être, avant tout, l'expression de la personnalité humaine; aussi n'avonsnous
à reproduire, venant d'elle, que des scènes de la vie civile et rurale, ou des
portraits; parce que le côté humain de l'art domine, alors, le côté divin: pendant
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