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une grande galerie, taillée dans le roc dans nne longncnr quelquefois de trente à quarante
mètres; et eu face duquel se trouvait, ordinairement, le caveau sépulcral.
Il est bon de remarquer ici, que, ces galeries souterraines subissant les conditions
imposées par la nature des choses à toutes les conslructions de ce genre, on avait été
obligé de les protéger, de pari et d'autre, par des murs ou parements contre l'éboulemenl
probable des terres, qui n'auraient, pas tardé d'encombrer les passages. Nous disons
cela pour faire remarquer que ces gros murs ont été luen certainement construits
quand on a creusé les catacombes, et qu'il n'existe aucun motif pour qu'ils aient été
ajoutés après coup; et parce qu'en outre, au-dessus des escaliers qui conduisent au
passage souterrain, on voit des voûtes hautes et majestueuses, composées de briques
complètement semblables à celles des murs d'épaulement, et ne faisant qu'un tout
avec elles. Elles ont donc été élevées par les constructeurs des tombeaux : Et puis le
style des sculptures et des peintures, à défaut de cartouches, démontre, jusqu'à
l'évidence, que ces grands hypogées sont ceux de fonctionnaires qui vivaient sous les
xvm" et XIX' dynasties. Un des petits couloirs voûtés du tombeau à pylône du grand pretre
Pétamounoph, porte un cartouche d'IIôrus, sous lequel ce pontife paraît avoir vécu.
Il ne faudrait pas cependant confondre les grands hypogées dont nous venons de
parler, avec d'autres tombeaux de la même localité; mais qui sont évidemment d'une
époque plus récente. Ceux-ci sont du reste construits avec des briques plus petites,
mélangées en partie, avec d'anciennes briques enlevées à des murs antérieurs; et
par leur genre de structure, aussi bien que par leur peinture, fait assez voir qu'il ne
saurait y exister un rapport quelconque avec les tombeaux des anciens Égyptiens :
Cette courte observation nous a paru obligatoire pour éviter qu'il y eût confusion.
Maintenant, si l'on nous demande pourquoi les étlifices contemporains de ces tombeaux
ne présentent pas de voûtes proprement dites, mais seulement des berceaux
taillés dans deux assises de pierre, (comme dans la réparation faite par un Pi.olémée
au temjile d'Ammon, à El-Âssacif) ou dans trois et quatre assises comme au palais
d'Abydos, élevé par Menephthah F', au Thoutmoseum, également à El-Assacif, nous
répondrons que, quoique ce soit une apparence d'imitation de voûtes, cette grossière
imitation même, employée dans divers monuments, suffit à attester l'existence de la
voûte dans les constructions oû elle est surtout nécessaire comme les habitations
usuelles et les tombeaux.
Si les Égyptiens donnèreni toujours la préférence à leur ancienne manière de
construire, qui est du reste la plus rassurante pour l'oeil, et qui donne à tous leurs
grands édifices ce caractère de solidité et de durée inaltérable qui fait l'admiration de
la postérité, c'est qu'ils aimaient mieux remplir leurs temples et leurs palais des
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colonnes qui en faisaient le principal ornement et qui offrent l'aspect le plus imposant
et le plus religieux que Ton puisse voir : Aussi, même sons les Césars, alors
que la voûte était employée constamment à Rome, les Egyptiens continnèi-ent-ils à
édifier leurs monuments comme par le i)assé.
Peut-on affirmer toutefois, que les anciens Égyptiens connussent la statique des
voûtes, l'effet en même temps que la coupe des claveaux et des voussoirs, dès avant
l'époque de Psammétik II, c'est-à-dire environ six cents ans avant J.-C. ? Nous ne craio
nons pas de le soutenir, parce qu'il existe à Sakkara, une tombe voûtée en pierres
de cette époque qui vient corroborer la célèbre tombe découverte par le colonel Wyse,
dans la nécropole des Pyramides, et qu'on a nommée, pour cette raison, la tombe
de Campbell. Cette nouvelle tombe retrouvée prouve, au plus incrédule, que les principes
statiques de la voûte étaient si bien connus, à l'époque de Psammétik ïï, que le
cartouche de celui-ci se lit dans une inscription gravée, non plus sur le sarcophage
seulement, mais sur la construction elle-meme.
Mais ne trouve-t-on pas en Égypte d'autres voûtes en pierre, construites scientifiquement,
(c'est-à-dire par voussoirs et claveaux) en dehors de ces deux tombes voûtées
du temps des Psammétik? Les autres spécimens en briques, (lui démontrent
éo-alemenl que les Égyptiens primitifs connaissaient la manière d'en édifier, sont deux
voûtes de décharge, construites l'une sous un Aménophis, l'autre sous Thoutmès III ;
elles sont formées de briques crues de 18 centimètres sur 15.
Cependant l'on est obligé d'admettre, par les spécimens qu'on retrouve à Thèbes
que les Égyptiens, en construisant les voûtes staliquement, n'eurent pas
l ' i n t e n t i o n de les faire servir comme membre utile d'architecture; qu'ils ne les
apprécièrent qu'à un seul point de vue; au point de vue de l'ornement architectural
: En effet l'on ne peut se défendre de cette pensée en voyant à El-Assacit la
voûte en berceau taillée dans des pierres posées en encorbellement, et à Beni-
Ilaçen ainsi que dans certains tombeaux hypogéens, les plafonds découpés en berceaux
: Mentionnons aussi, sur la route du Memnoninm à El-Assacif, construit sur
un rocher, un petit tombeau peint qui est également voûté : Il y existe deux
voûtes; une d'elles repose sur une saillie des parois du rocher, l'autre, (voûte intérieure)
s'aperçoit dans un petit réduit situé au pied du tombeau qui est revêtu d'un
enduit, sur le.iuel se voient encore des vestiges de peinture; et porte sur l'un des
jambages les titres et le prénom de Thoutmès III : On y pénètre aujourd'hui par une
ouverture pratiquée dans 'son plafond, dont une partie supporte un autre tombeau ; ce
qui permet d'étudier la construction de la voûte, et de se rendre compte du motif
nui l'a fait construire. Ici cette voûte n'avait pas .l'autre but utile que celui de parer
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