144 L ' A R T EGYPTIEN.
ccrtaineniciit pas le tableau des papyrus funéraires où Osiris, roi de TAmenti, reçoil le
déhinl eonduit parla vérité : Il eu est de même pour riiippopoLame huché dansleliguier;
il n'a qu'une ressemblance imaginaire avec la déesse Noul i>erchée dans un arbre et dis-
])ensanE an défunt lesaliments divins. L'artiste ne peut avoir voulu ridiculiser la religion,
qui était fort respectée vers la xix' dynastie (époque où ces représentations furent tracées),
et qui continua de l'être, en Egypte, jusqu'à la chute du paganisme.
Quand un peuple élève des monuments tels que le temple de Karnac et celui de
Medineli-Thabou, il est éminemment religieux, il n'aurait pas toléré de pareilles plaisanteries
: Aussi, suis-je bien convaincu que les artistes égyptiens n'ont, parfois, osé,
dans leurs satires, placer des tètes d'animaux sur des corps d'hommes, cpie pour mieux
faire comprendre combien leurs passions les rapprochent souvent de la bète : on sait
que les dieux du panthéon égyptien empruntaient les tcles de la jthipart des animaux
pour symboliser leurs attributs; on peut, des lors, penser que le respect pour la religion
leur interdisait toute apparence de rapprochement.
Nous sommes, cependant, obliges d'admettre que quelques-unes de ces représentations
ridiculisaient les faits et gestes des pharaons: Ainsi la partie de dames, l'ane
agréant les hommages d'un captif, parodient, certainem^ent, des scènes sculptées sur
p
» } :
DESSIN.
les monuments de Kamsès ÏII, et, probablement, elles ont été tracées, à cette époque,
par des artistes heureux de narguer un instant l'omnipotence royale.
Mais ces esprits si railleurs se sont-ils toujours contentés de peindre les animaux
avec les moeurs des hommes, et n'ont-ils pas su déjà exagérer les traits saillants du
visage de façon à représenter des personnalités précises, en un mot, des caricatures?
ÎS^ous n'hésitons pas à le croire, malgré le peu de débris de ce genre, échappés aux
ravages du temps ou des hommes.
Nous fondons notre opinion sur ce fait : qu'ils ont souvent représenté sur les
semelles de leurs sandales (de cuir et de cartonnage), ou sur les marchepieds du troue
des pharaons, un groupe de deux prisonniers
barbares, (le plus souvent, sans doute, des
pasteurs ou hyksos, ces ennemis constants et
exécrés des Égyptiens) appartenant soit à la
race blanche soit à la race noire; et que,
dans l'un et l'autre cas, l'image de ces peuples
est, grotesquement, rendue dans son abjection;
et simule la charge, la véritable caricature.
Il nous reste à mentionner deux créations
fantastiques et grotesques, au sujet desquelles
il est impossible qu'on ne parvienne pas à se
mettre, un jour, d'accord, pour leur assigner
leurs véritables caractères satiriques, quelque
divergentes qu'aient été les opinions de la
plupart des auteurs à leur égard. Pour mieux
nous faire comprendre, nous les reproduisons,
i c i , toutes deux.
La première appelée, généralement , le dieu
Bés ou Bésa, nous montre un pygmée, toujours
représenté avec une face gorgonienne parfaitement
caractérisée, ayant la langue, sortie sur
les bords des lèvres ou quel(|uefois pendante,
et la tète coitTée d'une aigrette de plumes droites ou légèrement courbées, qui offre
l'apparcuce d'une tiare : Elle porte aussi, presque toujours, nue peau de lion, qui lui
descend sur le dos, et dont la queue pend entre ses jambes.
Dessinée ou sculptée elle est toujours allégorisée comme un nain ventru : tandis
19
>•, ..' I •
; ï
%
11-
l: P
:ij -f
ë