IV2 L ' A R T ÉGYPTIEN.
ou fantastiques), qui faisaient, probablement, le charme des récits cyuégctiques des
anciens Égyptiens, comme il fait encore le principal intérêt des contes de bédouins.
Les Grecs aussi eurent des formes hybrides, des monstres; dont l'idée première
apparlient incontestablement à l'art Égy])tien : Mais, ignorant, peut-être, leur sens
uiystérieux, ils apportèrent constamment dans ces représentations d'êtres donbles,
plus de goût artistique que leurs devauciers; et en faisant toujours prédominer
l'espèce humaine dans le mélange des deux natures, ils produisirent l'illusion de
ha réalité dans le domaine de la fiction.
Les figures cominnnes aux deux penples sont les sphinx, le minotaure, l'oiseau
audrocépliale ou la harpie, et le griffon.
Les peuples qui sont venus après les Égyptiens et les Grecs ont adopté ces formes
hybrides sans y attacher leur sens symbolique; mais uniquement comine des
productions artistiques remarquables, ou comme de charmants motifs de décoration :
n'eu devons-nous pas conclure, que les formes imaginées par l'homme pour représenter
nue idée, et qui survivent au siècle qui les voit naître, au culte, au peuple qui les
inventa, et qui se répandent, ensuite, chez les nations étrangères, portent en elles le
cachet d'un mérite incontestable.
Parmi ces formes, qu'on peut appeler des types, il en subsiste toujours un
certain nombre que chaque peuple lègue après lui à la masse des idées en circulation
dans le monde de l'art; plus un peuple lègue de ces types à la postérité,
plus son génie dans les beaux-arts a droit à l'admiration de tous.
REPRÉSENTATIONS SATIRIQUES.
On conserve au British Museum et au Musée royal de Turin, parmi les débris, si
variés, de l'antique civilisation de TÉgypte, des papyrus sur lesquels les ari istesdu temps
se sont amusés à tracer, sans suite et au couraut du calam, des scènes grotesques et
satiriques : C'est un trait des moeur s et coutumes de cette civilisation qu'il ne nous était
pas permis de laisser dans l'oubli; nous allons en décrire quelques-unes que nous avons
reproduites.
Comme il est facile de s'en apercevoir, au premier coup d'oeil, ces représentations
ue sont pas des caricatures proprement dites (celles-ci exigeant toujours l'alliance de la
réalité et de la charge), mais plutôt des scènes burlesques où tous les personnages soul
(les animaux : Ces animaux y sont représentés remplissant les diverses fonctions de
l'humaiue espèce, à peu près dans le même esprit qu'on les a traités depuis, pour illustrer
les fables d'Ésope et de la Fontaine, ou la Batrachomyomachie d'Homère.
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DESSIN. 145
Le registre supérieur (voir noire planche : Papyrus satiriques) appartient à un
fragment d'un long papyrus du Musée de Turin, et offre les scèues les plus intéressantes
de ce précieux document. Dans un premier groupe quatre animaux, un àue, un
lion, un crocodile et un singe, forment un quatuor avec les instruments, en usage,
alors, dans les fêles civiles. Plus loin, un âne fanfaron, vêtu et armé comme un pharaon,
reçoit majestueusement les offrandes que vient de lui offrir un chat de haut parage,
amené devant lui par un boeuf tout fier de cet emploi. A côté, un oryx semble menacer
de sa harpe un autre chat qui est à ses genoux. Le groupe suivant, dont n'est reproduit
qu'un personnage, montre encore nu chat, garrotté avec un lion et conduit par un oryx.
Les scènes dessinées au-dessous de celles-ci, et sur une plus petite éclielle, mprésentent
pas plus d'unité. C'est d'abord un troupeau d'oies en révolte contre ses conducteurs,
trois chats, dont l'un tombe sous leurs coups. Ensuite c'est un figuier-sycomore,
dans lequel est juché un hippopotame que vient déranger un épervier grimpant
sur l'arbre au moyen d'une échelle ; c'est encore une forteresse défendue par une armér
de chats, qui n'ont d'autres armes que griffes et dents, et sont vaincus par une légion
de rats, pourvus d'armes offensives et défensives, que commande un chef monté sur un
char traîné par deux levrettes; enfin, c'est un combat singulier, entre un chat et nu
l'at, qui ne semble pas devoir terminer la guerre.
Comme on le voit, la pensée de l'artiste a été de représenter la défaite des chats
par les animaux dont ils font leur proie. C'est le monde renversé, ou si l'on veut supposer
à l'artiste une pensée plusélevée, c'est la révolte de l'opprimé contre l'oppresseur.
Le registre inférieur représente une composition du même genre tirée d'un papyrus
du Musée britannique. On y remarque un troupeau d'oies conduit par un chat, et nn
tronpean de chèvres mené par deux loups portant panetière et houlette, dont l'un jour
de la nùte double. Puis à l 'autre extrémité, on voit un lion faisant une partie de dames
avec une antilope.
Mais une représentation satirique, d'une allégorie plus élevée, nous a paru mériter
plus itarliculièrement l'altention, comme offrant une critique sanglante du despotisme :
C'est un chat présentant, avec une humilité craintive, l'oie au moyen de laquelle il
espère pouvoir apaiser le courroux, bien certainement simulé, de la lionne sa farouctic
souveraine (voir le bois de la page 144).
Dans son Histoire de la caricature antique, M. Champneury cite l'opinion d'un ég\ plologue
qui voit dans les principales scènes satiriques, que nous venons de décrire, (h^s
caricatures où la religion et la royauté sont également tournées en dérision.
Rien, à notre sens, n'y caractérise des tableaux religieux : Si Tàne auquel on amène
un chat est la parodie probable d'un pharaon auquel on amène des captifs, il ne parodie