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des bas-reliefs aux slatucs, se trouvcut dans la i'ornialion tausse des lèvres et des yeux
qui restent plats (luoique le plus grand relief de ces parties offrit de bonnes conditions
pour un meilleur développement.
Dans tous les colosses égyptiens la grosseur des jambes est trop prononcée, et Ton
ne peut toujours y trouver une excuse dans la nécessité de donner un solide appui
aux masses supérieures, puisque les colosses assis i)réscntent le même défaut. En outre,
la division supérieure du corps est trop petite en comparaison de la longueur
des jambes.
La statuaire atleignil sa perfection, en même temps que la sculpture en bas-relief,
sous les Thoutuiès et les Amenhotej) de la xvm^ dynastie. Les nombrcnses statues de
c e t t e époque de tontes matières et dans toutes les poses, dont était orné le promenoir
de Thontmès IH à Karnak, et dont les nombreux débris jonchent le sol des fouilles, permettent
d'étudier les beautés et les défauts de la statuaire de cette splcndide époque.
Les têtes surtout, qui sont évidemment des portraits, sont traitées avec une pureté et
une grâce remarquable : la [lose a moins de roideur et de gaucherie et respire principalement
le calme d'une noble majesté; le torse est aussi bien rendu et souvent
avec une morbidesse, étonnante sur une pierre dure; mais les articulations sont un
peu molles, les jambes trop roides et les orteils trop plats : enfin la finesse de certaines
lètes de déesses est d'une beauté ravissante.
On a remarqué souvent que les animaux sculptés par les Égyi)tiens avaient, en général,
beaucoup plus de mérite que les figures humaines, et que cela provenait d'une
jilns grande liberté laissée à l'artiste. Les oeuvres des sculpteurs témoignent, en effet,
qu'ils étudiaient les formes animales avec une prédilection particulière, connue on peut
le voir dans les beaux lions du British Museum el du Louvre. Les lions de granit du
musée britanni(iue, sculptés sous Amounoph 111, qui se qualifiait de Lion des rois,
sont supérieurs à ceux du musée du Louvre, qui paraisseiil dater de Ramsès II et laissent
derrière eux les beaux lions de basalte du musée du Vatican sculjjtés sous Nectanèbe.
La crinière des premiers est rendue d'une manière tout hiératique, dit M. de Rongé,
et semble dessinée par une seule ligne; malgré le mépris affecté de ce détail, l'ensemble
de la pose est plus vrai, et les formes sont mieux rendues; la tête, plus élevée, respire
bien mieux la force et la vigilance, qualités principalement attribuées au lion daus le
symbolisme égyptien.
Ce sont des chefs-d'oeuvre qui marquent encore la supériorité des sciiljttiires de la
xvm^ dynastie; mais, chose remarquable, les mêmes artistes, aux(iuels on les doit, ont
à peine su sculpter en bas-relief un cheval passable. Du reste, ils n ont jamais tenté de
faire un cheval en ronde bosse.
SCULPTURE. ^257
Le symbolisme de la religion égyptienne exigeait souvent la combinaison, l'alliance
des formes humaines avec les formes animales ; mais dans ce cas, il faut le
dire nettement, la fantaisie n'a
jamais pu produire une création
nouvelle et fondre des parties dissemblantes
en un organisme vital
nouveau. 11 n'y a guère qu'une
seule exception à ces représentations
généralement fautives ,
c'est le Sphinx qui souvent surpasse
en mérite artistique d'autres
tentatives de ce genre.
Dans les statues monumentales ou funéraires, qui sont aussi, évidemment, des
[lortraits, la tête seule est généralement traitée avec un grand sentiment de la forme :
le reste est toujours sacrifié à l'économie du travail ou à la solidité. Dans les stat.ues
hybrides, telles que les sphinx, symboles de l'intelligence unie à la force, la tête iiumaine
est traitée admirablement; le corps de lion l'est toujours d'une manière convejilionnelle
qui rappelle à peine la nature, tandis ([iie les lions sont sculplés avec une
hdélité scrupuleuse.
La décadence de cette brillante époque qui commence avec le pharaon Horns, devient
très-marquée sous Séti T' et Ramsès 11. Les chefs-d'oeuvre du règne de ce pharaon
sont les deux colosses décapités, en calcaire blanc, qui ornent les pro]iylées du sud à
Karnak, et le célèbre colosse de Memphis. Mais les énormes statues qui décorent la façade
des spéos d'Âbousembil montrent combien la pureté, l'élégance et la finesse des oeuvres
de la xvm" dynastie ont disparu pour faire place à une lourdeur et une grossièreté
repoussantes. Les têtes des colosses d'Abochek, cependant, sont encore très-belles,
(|u0ique le reste soit sans valeur. Quant au spéos de Guirché, c'est l'oeuvre la jtlus
])itoyable de ce règne si fécond en grandes.conceptions architecturales.
Quelques statuettes de déesses ou de femmes, qu'il faut aussi attribuer à cette
époque, présentent, déjà, la sveltesse de formes et le maniéré qu'on peut reprocher
aux bas-reliefs du temps de Ramsès II.
Nous ne connaissons guère de la statuaire de Ramsès III que les piliers-cariatides
de la première cour du grand temple de Medineh-Thabou. Ces lourds colosses témoignent
que la statuaire eut, comme la sculpture en bas-relief, à subir une rapide décadence
sous les ])haraons de la xx'' dynastie.
Un seul buste nous reste de la xxi'; mais il témoigne, comme les bas-reliefs du
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