388 N O T I C E S DESCRIPTIVES.
Les n" 7 et 8 ont été copiés sur des fragoients bien conservés d'un édifice ptolémaïque
retrouvé dans les décombres du temple de Rarnac, près du mur d'enceinte, au nord. Cet
ornement était fort en vogue du temps des Lagides, puisqu'on en rencontre de semblables (dont
les tiges baignent leur pied dans feau, comme on le voit ici, et d'où sortent des folioles k raz
de terre) sur plusieurs points, à Thèbes, àEdfou, àPhiloeet autres lieux. On Ta employé, aussi
fréquemment, k cette époque, pour décorer les campanules des chapitaux.
Le n*" 9 représente le soubassement du sanctuaire, dans le tombeau de la reine Taïa, épouse
d'Aénophis III (nécropole de Thèbes: vallée des reines). Sa hauteur totale est de 53 centimètres ;
cette décoration est assez fréquente sous la xvnr dynastie : les architectes arabes l'ont imitée
dans leurs mosaïques murales.
BASES ET SOUBASSEMENTS.
Les 1 et 2 représentent une suite de lotus servant de base aux registres des bas-reliefs qui
décorent les parois des édifices. La premièi'e est tirée du temple de Dandour en Nubie, la seconde,
du grand temple de Denderah, bâti par ordre de la célèbre Gléopâtre.
Le n" 3, formé de deux groupes de plantes alternées, symboles du nord et du sud, se voit sur
les colonnes du pronaos de Denderah : on le retrouve sur un soubassement du temple d'Erment
qui date de la même époque.
Le n" à présente une espèce de lambris sculpté autour d'une petite salle du temple de
Denderah.
Le 5 est sculpté dans le second sanctuaire du temple de la même localité (Denderah).
Cinq tiges de lotus y alternent avec un autre bouquet supportant une corbeille couronnée d'un
oiseau : cet animal, armé de deux bras humains étendus en signe d'adoration, a été considéré
dans son sens symbolique comme étant l'image du phénix, mais il me paraît être, simplement,
l'emblème de l'âme pure du roi.
Le 6 est la copie des soubassements en vogue sous les pharaons. On en trouve, à Thèbes,
de semblables sculptés durant la sviu" dynastie.
Les n " 7 et 8, tirés du temple d'Erment, représentent des fleurs qui remplissent l'intervalle
des stipules ou chevrons consécutifs, décoration de la base des colonnes; cet ornement, assez pur
pour cette époque de décadence, est copié sur les monuments pharaoniques.
Les n" 9 et 10, dessinés d'après les colonnes du pronaos d'Esné, présentent le plus beau
spécimen des ornements employés au bas du fût dans les édifices de la domination romaine.
CHAPITEAUX DE LA GALERIE DU DROMOS, A PIIIL.^C.
Ces deux chapiteaux, sculptés sous la domination romaine, et donnés comme termes de comparaison,
n'ont rien conservé de la simplicité et du symbole des vieux chapiteaux des temps
pharaoniques. Ici, toute l'ornementation est due à l'art qui a voulu imprimer aux colonnes de
ce long dromos un type particulier en ornant leur tête d'un façon différente. Cependant, il ne
audrait pas s'imaginer que ces élégantes productions sont dues à l'initiative des étrangers. Les
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artistes romains, non plus que les Empereurs, n'ont rien donné à TÉgypte. L'origine de ces
magnifiques chapiteaux se retrouve à Philoe même, dans le petit hypètre de Nectanèbe élevé à
l'entrée de ce dromos; et à partir du règne de ce pharaon qui clôt la dernière dynastie autochthone,
ils furent adoptés pour tous les édifices bâtis sous la domination des Ptolémées et des
Césars.
Len" 1, d'une élégante uniformité, représente une touffe de plantes aquatiques appliquées
autour d'une campane comme un bouquet dont les tiges apparaîtraient au-dessous du chapiteau,
et iraient se perdre sous les viroles du fût.
Le 2 est plus compliqué. 11 présente une campane décorée, sur les milieux correspondant
aux quatre faces du tailloir, de grandes plantes d'aloès portant une éclatante aigrette comme
certaines plantes de cette famille. On peut voir que les intervalles sont remplis par des aigrettes
plus larges et plus sobres de couleurs, terminées par des stipules chevronnés, et que celles-ci
sont séparées des aloès par une espèce de culot qui ressemble à un bouton de loius. Ainsi cette
charmante ornementation était fort usitée dans la décoration des chapiteaux des époques
ptolémaïque et romaine, comme on le verra dans les planches suivantes.
OBÉLISQUE DE KAMSÈS-MEÏAMOUN, TRANSPORTÉ DE LOUKSOR A PARIS.
Cet obélisque, élevé aujourd'hui sur la place de la Concorde k Paris, se voyait, autrefois, en
avant du pylône de Louksor, sur une base symbolique dont il est resté des fragments qu'on
conserve au musée du Louvre. Cette base était flanquée, au sud et au nord, de quatre cynocéphales
sculptés en ronde bosse avec la rudesse et la puissance qui caractérisent les oeuvres du
règne de Ramsès le Grand ; elle était ornée, sur les deux autres faces, de bas-reliefs représentant
trois figures du dieu Nil portant des offrandes. Je l'ai restituée entièrement, d'après la plaque
qui existe au musée, et un dessin de M. Lebas, l'habile ingénieur chargé du transport de ce
monument à Paris.
Les quatre animaux de la base, représentés dans l'attitude de l'adoration, symbolisent bien
les esprits de l'Orient adorant le soleil levant, comme on l'a toujours pensé; mais on s'est étrangement
mépris en prétendant que ces animaux ont les bras recouverts par des ailes qui indiquent
leur nature aérienne, tandis que l'artiste égyptien n'a voulu représenter que la crinière qui orne
la tête de ce genre de singes, le cynocéphale des naturalistes; du reste, dans tous les monuments
de la vallée du Nil, il est toujours dessiné ainsi, soit qu'il figure le dieu Khons ou qu'il symbolise
Toth le dieu des lettres.
Il ne nous est pas permis de passer sous silence, le récit de l'incident fameux qui tient en
suspens la curiosité publique, éveillée par l'annonce du transport de l'obélisque de Ramsès-
Meïamoun, de son séjour séculaire jusque dans la capitale de la France.
Depuis longtemps on prétendait qu'il serait impossible de réaliser ce projet.
Aussi l'enlèvement de l'obélisque de Louksor avait-il attiré, en Egypte, plus de touristes que
de coutume; et bon nombre d'entre eux séjournaient-ils k Thèbes, attendant, avec une bien
légitime impatience, le jour de l'abatage de ce superbe monolithe. La simplicité des moyens
qu'on savait devoir être employés par l'ingénieur, M. Lebas, comparé à l'immense échafaudage
construit par Fontana, éveillait aussi les doutes des voyageurs sur la réussite de l'entreprise, et
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