V2 L'ART ÉGYPTIEN.
L'ouiiiis : les notions qnc ronniissciif ki philologie et riitsloire nalnrelle servent,
ainsi de poinl de départ anx recherches nltérienres de tont genre.
Tour n'en citer qn'nn exemple, ne savons-nons pas qn'on a retrouvé la parenté
des peii])les de l'Inde et, de l'occident de l'Enrope, en reconnaissant qne les langnes
grecque et latine dérivaient tontes denx dn sanscrit; et qn'on doit en conséqnence
à cette découverte de posséder enlui une hase solide pour asseoir les travaux qui
auront pour hut la recherche de l'origine des po])ulalions grecques et italiennes.
Sclilegel va plus loin : il démontre que le grec et le latin sont denx langues
soeurs, et non filles fune de l'autre; d'où il croit pouvoir conclure que les populations
de l'Italie ont communiqué directenieiit avec celles de l'Inde, indépendannnent des Grecs.
Voilà donc déjà, grace a la philologie, un résultat ac(|uis, dont l'histoire proprement
dite ne nous avait pas Iburni jus(ju'alors des éléun^its appréciables.
B'un autre côté les lettres grecques, ramenées à leurs éléments propres, sont
phéniciennes; les Grecs auraient donc eu des relations avec les poi)ulations sémitifines?
D'où cette déduction que deux laits principaux devront désormais présider
aux recherches sur l'origine des Grecs et des Latins : que les Grecs et les Latins
auraient tiré leur langage des peujtles de l'Inde; que l'écriture des Grecs leur
viendrait des ])enples de la Phénicie.
A])pliquons maintenant ce système an peuple égyptien.
Si l'on admettait dans tonte leur rigueur les passages de la Genèse, où il est
dit que Mésraïm, petit-lils de Noé, vint en Egypte, la question des origines égyptiennes
serait décidée; mais on s'accorde généralement à penser que les noms
propres cités dans le dixième chapitre de la Genèse sont des noms géographiques,
l)arce que c'est un usage très-répandn ciiez les Orientaux (usage qne les Grecs ont
aussi mis en pratique) qu'un ]ioin de contrée ou de peuple donne naissance à une
|)ersonnalité humaine, qui devient dès lors la représentation, le type, le père de la
nation. Ainsi les [lellènes, les Doriens, les Éoliens, les Ioniens, etc., se trouvent
symbolisés (huis Ilellen, Dorus, Eolin, Ion, etc. Aussi cette rameuse table des
peuples a-t-elle donné lien à des discussions sans lin. A-t-elle été rédigée avec le
reste de l'ouvrage? Est-ce un morceau ajouté ai)rès coup? On ne le sait. Cependant
on est convenu assez généralement de n'y voir qn'inie indication des connaissances
géographiques des Hébreux à l'époque où elle l'ut dressée; d'où il résulterait (jue
les inductions tirées de certaines homonymies (lins, lydiens, etc.) seraient tout,
à lait ])uériles. Nous reviendrons d'ailleurs sur Cham et Mésraïm. Nous nous contenterons
donc, pour le moment, d'examiner les caractères cUinogi'a])hiqnes particuliers
dn peu])le égyptien.
INTIlOnUCTION HISTOIUQUr:.
Les naturalistes iudifpient trois ou un i)lus grand nombi-e de races; ceux (pii
n'en acceptent ([ue trois, les désignent ]tar les noms de Caucasienne, Nègn; et
Moiigolique; cette dernière comprenant la race américaijie. Quoi (in'il en soit, il
y aurait dans chacine race des caractères tranchés et persistants; ce (pii nous
(^xp)iqne comment Milne Edwards et Augustin Thierry, jiar suite d'une opinion
qu'on aurait tort de trouver exagérée, ont été conduits à reconnaître et à distinguer
aisément, en France : les Bretons, les Germains, les Normands et les Romains.
Mais si la chose }ieut être obscure, quand il s'agit d'individus épars, combien doitelle
être assurément plus a})préciable, lorsqu'on considère de grandes masses!
Ainsi la race juive jn-ésente les mêmes caractères eu Russie qu'eu Portugal et dans
les colonies de rAméri(iuc ; les Brahmes contrastent encore aujourd'hui, après
deux mille ans de séjour, par leur peau bltinche, avec la peau noire des haliitanls
dn Bengale; enfin les Nègres, dont la race étrangère à rAméri(]ue y a cousei-vises
traits sans altération, ne seraient-ils pas à enx seuls une jneuve irrélragabh'?
Eh bien, ce système a])i)liqué à l'Egvfttc conduit lorcément à ariirmer (pie la
jiopnlalion primitive de cette contrée était composée des ancêtres des Copies, (pii
sous ce nom et celui de Fellahs l'orme encore aujourd'hui le fond de la population
du pavs. Qn'on veuille bien se souvenir ici, qne le nom des Coptes s'est l'ornu'
des mots grecs aï '/-j-roï qui ont formé le mot Égyptien (qu'on a dù dans le jiays
même pi'ononcer Accoples)^ lequel simplilié plus lard par les Arabes est devenu
Cojitos; car la disparition de l'E est un accident très-fréquenl dans les langues:
les mots anglais et espagnols Gipsy et Gilanos, qui ont la même signification (pie
le mol arabe Copte, n'ont-ils pas aussi perdu l'E?
Mais, dira-t-on, ces Coptes dans ranti(pnté, ne se mariaient donc jamais qu'entre
enx, et repoussaient lout rapprochement avec les diverses races envahissantes, perse,
greccpie et romaine, que Tliisloire fait connaître comme ayant conquis ce pays?
Voici notre réponse : la première, celle des Perses, ([ui domina en Egypte
pendant deux siècles, dei)nis Cambyse jusqu'à Alexandre, ne vit pas du tout sa
comjuète suivie d'une fusion des vain([ueurs et des vaincus. Bien de ])lns connu
que la haine récipro(pie des Perses et des Ég-yptiens; c'était même plus (pie de la
haine, c'était une répulsion invincible ([u'ils éprouvaient les uns pour les autres.
Quant aux Grecs, (pii au contraire s'étaient l'ait aimer des Égyptiens par une
théologie élasti([ue (pii les rendait très-tolérants, et aussi grâce à l'iiabileté politique
d'Alexandre et des Ptolémées; s'ils eurent de nombreuses alliances avec
les Egyptiens, surtout à j)artir du tr(»isième IMolémée ; et s'il en fui de même avec
les Romains, qui suivirent en tous points la politiijue grecipu;;, nous nous refusons,