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BOÎTES ET USTENSILES DE TOILETTE, FORMES HUMAINES. — Grandeur dexécution.
Ces petits meubles sculptés en bois d'accacia incrusté, et destinés à recevoir des pâtes de
diverses couleurs, sont faits avec autant d'élégance que de gotit. Ils témoignent que l'art avait
déjà pénétré profondément dans la vie privée des Égyptiens.
Les plus beaux représentent, généralement, des esclaves ou des femmes portant des vases
dont la partie supérieure tournait sur un pivot, mais de façon à former des boîtes propres à
renfermer des parfums ou des menus objets de toilette. D'autres offrent un petit bassin ovoïde
ou rectangulaire, auquel se rattache une espèce de manche formé de tiges de lotus ou de papyrus,
au milieu desquelles on voit une femme jouant de la mandore ou portant des fleurs.
Le n° 5 offre l'image d'un captif asiatique.
Le n° (5 est particulièrement remarquable par la grâce et la naïveté de la composition.
BOÎTES ET USTENSILES DE TOILETTE, FORMES VÉGÉTALES. — Grandeur dexécution.
Les 1 et 3 ofirent la forme d'un cartouche dont le fond, creusé comme un bassin, est orné
de poissons et de lotus.
Les 2 et 5 représentent des bouquets dont les principales fleurs s'ouvrent en tournant sur
un pivot, et présentent des boîtelettes destinées probablement à contenir des parfums.
CUILLERS DE BOIS PEINT. — Ustensiles à parfums.
Cette planche représente des spatules à parfums, en bois d'ébène ou d'acacia; plusieurs sont
sculptées à l'image d'une jeune fille nue et allongée dans une pose de natation et qui semblent
vouloir soutenir leur cassolette an milieu de l'eau.
On rencontre beaucoup d'images semblables, appartenant à diverses époques : elles diffèrent
quelquefois par la coiffure, la forme de la cassolette et les détails du cercle lombaire qu'elles
portent en guise de ceinture, ou enfin par la matière elle-même.
VASES EN OR ÉMAILLÉ, QUATRE VASES. — xix'^ et xx^ dynasties.
Les 1 et 2 sont tirés du magnifique tombeau d'Aïchesi, Le vase orné de deux captifs
nègres est entièrement effacé, quant à celui qui est supporté par deux Asiatiques, il ne conserve
plus qu'une- partie des détails.
VASES EN OR ÉMAILLÉ, SIX VASES. — xix" et xx' dynasties.
Les n"-» 1 et 3 sont tirés d'un hypogée de Thèbes, décoré sous le règne de Ramsès III. Les
autres vases ont été copiés également à Thèbes, sur les parois du tombeau d'Aïchesi.
Les n " 2 et 6 sont aujourd'hui entièrement effacés.
OFFRANDES DE SÉTI ET DE RAMSÈS IL — Thèbes. — xix® dynastie.
Cette planche représente une collection de vases copiés isolément, et partout où j'en rencontrais
présentant des formes nouvelles, mais particulièrement parmi les offrandes figurées dans le grand
temple d'Amon, à Karnac.
Les 1, 2, 3, Zi, 5, 8, 9, 10,11 appartiennent au règne de Séti I " ; les n"" 3, 0 et 7 à celui
de son fils, Ramsès II.
Aucune terminologie ne peut rendre la variété innombrable des formes de vases, souvent
très-étranges, qu'on remarque à certaines époques sur les monuments égyptiens. C'est avec les
pharaons de la xix' dynastie que commencent à s'abâtardir les formes pures et élégantes de la
xviir dynastie, et particulièrement celles des vases du règne de Thoutmès III : le galbe en est
bien encore généralement de bon goût; mais les ornements hétérogènes dont ils sont surchargés,
les allourdissent sans leur donner meilleure grâce. En outre, ils pèchent toujours par la base,
qui est trop maigre pour porter une panse aussi volumineuse.
On attribue, généralement, ces vases aux peuples vaincus; rien ne prouve cependant que ce
soient réellement des dépouilles opimes, ni des oeuvres d'artistes étrangers. Ils ont dû être
faits, sans aucun doute, avec l'or et l'argent conquis par les pharaons, mais après que ces
métaux eurent été fondus pour les purifier : je crois en outre qu'ils ont été fabriqués par des
artistes égyptiens qui se plurent certainement à créer du nouveau dans le seul travail artistique
où il leur était permis d'innover.
En effet, Thoutmès III, qui avait vaincu tant de peuples, n'offrit jamais aux dieux aucun
des vases conquis sur l'étranger au retour de ses conquêtes, dont il nous a laissé un récit fort
détaillé. Ne voit-on pas, sur les vases qui nous occupent, des prisonniers implorant la clémence
des pharaons ou des dieux? Ce ne sont certes pas les vaincus qui se sont placés eux-mêmes dans
l'attitude de suppliants, ou garrottés au pied de vases en forme de Tau sacré, comme ils sont
représentés sur les planches des vases des règnes de Séti 1"% Ramsès II, Ramsès VII ou IX.
Une des meilleures preuves que ces produits sont bien égyptiens, c'est que la reine Tmauhmot
ou Semtmaut, épouse d'Horus, représentée sous la forme d'un sphinx aux ailes déployées
sur le trône d'une statue du musée de Turin, est le modèle des figurines sculptées sur les vases
offerts par Séti et son fils dans le temple de Karnac. Et si l'on rencontre, sur ces offrandes,
divers ornements étranges, tels que des têtes d'oiseaux empanachées, c'est qu'ils avaient été
adoptés par les Égytiens comme caractérisant une contrée soumise aux pharaons. Enfin, parmi
les antiquités, originales ou figurées, niuivites, babyloniennes ou perses, on ne voit aucun vase
qui ressemble à ceux des oflrandes.
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