t38 N O T I C E S DESCRIPTIVES.
vert et de bleu. Je n'ai jamais rencontré cet ornement que sur des vases faisant partie du trésor
de Ramsès IX.
Les deux vases 5 et (5 sont des seaux destinés à l'eau lustrale et fréquemment représentés
dans les temples à partir de la xviir" dynastie.
Tous ces vases, faits probablement d'or ciselé et cloisonné de lapis-lazuli, sont tirés du
tombeau d'/Vïchesi.
FAUTEUILS DU MOBILIER DE RAMSÈS III. — t^écropok de Thcbcs. — xx' dynastie.
SIÈGES. — Nécropole de Thcbes, — XYIII' et xx' dijnasties.
La nécessité de s'asseoir a donné naissance, chez tous les peuples, à divers meubles dont
les lignes roides ou les formes gracieuses révêlent, assez complètement, leur degré de civilisation.
Le fauteuil que l'on a prétendu être, par excellence, le meuble de rOccident, est très-ancien en
Orient et surtout en ligypte, où la coutume de s'asseoir accroupi et les jambes croisées n'était
en usage que pour les subalternes. L'honneur du fauteuil appartenait aux princes du sang :
il était donc une marque de distinction pour les grands personnages.
Les sièges ont suivi, en Égypte comme partout ailleurs, les exigences du besoin et les
caprices de la mode. Aux sièges carrés et massifs représentés dans les monuments des premières
dynasties, et qui s'étendent souvent en largeur de façon à recevoir deux personnes, ont succédé
peu à peu des meubles plus élégants et plus confortables. La chaise reçut un dossier et des
accoudoirs, et, par suite, elle devint un véritable fauteuil revêtu de riches étoffes, tel enfin qu'on
le voit au commencement de la xviu' dynastie, époque à laquelle on remarque aussi des pliants
aux contours arrondis et aussi commodes que les nôtres ; ma planche de différents sjéges
des xvui et xx" dynasties m'a paru suffisante pour l'expliquer.
On plaçait souvent les chaises et les fauteuils sur un brancard que portaient des prêtres ou
des officiers, autour desquels se rangeaient les principaux personnages; c'est dans cette espèce
de litière, véritable chaise à porteurs, que les pharaons se rendaient au temple en grande
cérémonie; le palanquin n'était pas, non plus, inconnu : on en voit, en usage, dès la
x i r dynastie.
Les chaises, les fauteuils et les taboui'ets représentés sur ces planches sont tirés d'une petite
salle du tombeau de Ramsès III, où l'on en voit cinq de ce genre, rangés à la file l'un de l'autre.
J'ai choisi les modèles les plus élégants, ceux dont la forme peut donner une idée exacte du
goût et du luxe de cette époque où l'art ne brillait déjà plus de tout son éclat. Ces fauteuils
sont très-élevés et des tabourets étaient nécessaires pour poser les pieds; ce qui ferait
supposer qu'ils servaient détrônés. Ces tabourets ou marchepieds se voient, souvent, ornés, sur
la partie supérieure et sur les côtés, d'un groupe de captifs renversés et garrottés : cet usage
rappelle le verset du psalmiste : « Panam inimicos tuos in scabdlum jyedum. »
Le n" 1 présente un siège soutenu par le symbole de la puissance et garni de tiges lieuronnées.
Le n" 2 est orné de têtes de lion, des cartouches du roi flanqués d'un épervier tenant, dans
ses serres, l'anneau symbole d'une longue période de aièclcs.
i l
ART INDUSTRIEL.
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Le n« 3 offre la forme d'un pliant couvert d'une peau d'animal et orné de deux captifs
agenouillés, un nègre et un Asiatique.
Le h est orné de lions pour acottoirs et de figures de captifs garrottés autour du symbole
de la puissance.
PALANQUINS. — Nécropole de Thcbes. — xx« dijnastie.
Ces deux palanquins sont tirés des peintures qui décorent le tombeau d'Âïchesi, grand prêtre
chargé des écritures du temple d'Amon, sous le règne de Ramsès IX.
Les noms des personnages représentés ici sont effacés; ils ne me paraissent pas avoir été
ceux du pharaon, régnant alors et de son épouse, mais plutôt ceux d'Âménophis I" et
d'Ahmès-Nofreari, dont Ramsès IX prétendait descendre.
J'ai été conduit à suivre cette opinion en voyant la série de figurines royales qu'on remarque
près de la splendide bari d'Amon encensée parle pharaon, sur une des parois du tombeau
d'Aïchesi. Dans un hypogée de Drah abou-Nagga, on voit le même pharaon et Ahmès-Nofreari,
portés par des prêtres dans des palanquins semblables.
Le palanquin-htière de la reine contenait bien réellement une figure debout, vue à micorps
et non une figure agenouillée comme on la voit dans.Ia planche de Lepsius, erreur que je
ne relève que pour justifier mon dessin.
Quant aux deux éperviers à tête humaine qu^on voit à l'angle supérieur du second palanqmn,
ils sont fort détériorés sur l'original. J'ai cru distinguer dans les vestiges qui restent tous les
éléments de deux têtes humaines; et bien que ces oiseaux androcéphales fussent le symbole de
l'âme, j'ai mieux aimé suivre ces faibles indications, que d'y substituer des éperviers complets,'
symboles d'IIorus, qui rentrent pourtant dans les attributions royales.
TISSUS ET BRODERIES. — Grandeur dexécution.
Cette planche représente des étoffes conservées dans les vitrines égyptiennes du musée du
Louvre. Cependant toutes ces étoffes ne sont pas égyptiennes : je me suis laissé entraîner à
dessiner ces tissus sans y réfléchir tout d'abord et un peu sur la foi du livret. 11 n y a réellement
d'éKvtien que les deux morceaux d'étoile bleue qui ont dû provenir de tumques ayant apparienu\\
des soldats étrangers au service des pharaons, et sur lesquelles ils étaient cousus. Ils
offrent bien tous les caractères des étoffes égyptiennes, qui sont toujours lisses ou a cotes et sans
autre ornement qu'une légère broderie. Les vêtements dont on affublait les déesses étaient bien
quadrillés, mais ne me semblent pas avoir été réellement en usage.
Les morceaux d'étoile quadrillés, coupés en bande pour orner, tant bien que mal. les deux
tuniques, me paraissant plutôt provenir d'une étoffe de tenture semblable à celle qui recouvre
les élégants fauteuils de Ramsès 111, j'ai fait doubler ce fragment pour lui restituer sa forme
première, et mieux faire comprendre ma pensée.
Quant aux autres morceaux, ils portent un cachet îtsiatique incontestable.