43() N O T I C E S DESCRIPTIVES.
laient Askos; il est évidemment d'origine égyptienne puisqu'on le trouve clans les peintures du
tombeau de Ramsès III, qui vivait bien avant la guerre de Troie.
On retrouve de ces vases dans beaucoup de tombeaux; leur forme était si bien appropriée
aux besoins de la vie dans les climats chauds qu'on la rencontre, encore aujourd'hui, dans la
plupart des pays d'Orient.
Quant aux deux corbeilles du bas de la planche, elles offrent un curieux spécimen de la
décoration usitée pour certains vases en terre ou en bois; elles rappellent l'ornementation des
vases grecs. Le griffon tracé au courant du pinceau est-il une figure empruntée à l'Asie, quoiqu'il
rappelle le nisr assyrien qui ornait aussi le bouclier du pharaon représenté dans ce
tombeau. Il n'est pas rare de rencontrer cet animal sur des vases ou ustensiles de la xix" dynastie.
VASES EX OR ÉM.VILLÉ OU CLOISONNÉ.— Thèbes.— xx'= dynastie.
J'ai retrouvé, sur un bas-relief dégradé d'un hypogée de Beni-Haçen, des preuves de la haute
antiquité des divers travaux de l'orfèvrerie égyptienne : les inscriptions hiéroglyphiques placées
au-dessus des personnages, et dans lesquelles était tracé le signe de l'or, auraient suffit, du
reste, à le démontrer.
S'il n'eût existé, cependant , que cette preuve, il m'eût été impossible d'affirmer que les rares
produits, échappées à la rapacité humaine durant tant de siècles, étaient bien dus à l'industrie,
au talent d'artistes autochthones; mais la provenance, aujourd'hui constatée, des deux coupes du
musée du Louvre et de la collection Anastasi, qui, toutes deux, contiennent les titres et le nom
du basihcogrammate, nommé Thoth, qui fut intendant de l'or, de l'argent et de l 'étain, sous le
règne de Thoutmès 111, ne laisse place à aucun doute. La coupe de la collection Anastasi se
compose de fragments (en argent) qui ont permis de restituer un fond décoré de poissons
nageant parmi des fleurs de lotus quant à la coupe du musée du Louvre, on sait qu'elle est
intacte.
C'est un vase des sacrifices. Cette patère en or, dont le fond est orné d'une guirlande de
fleurs de papyrus (ou lis d'eau), au milieu de laquelle sont entremêlés des poissons Ramis
(espèce de carpe) qui semblent nager, nous offre l'exemple d'un travail au repoussé. II semble
aussi que le sujet qu'il représente avait pour but d'indiquer sa destination. Lorsqu'il est rempli
d'eau, en effet, il figure un petit étang au fond duquel ont poussé des plantes aquatiques et
où se jouent les poissons : n'oublions pas que de semblables allusions étaient communes à des
objets d'art de toute espèce.
Outre les titres de Thoth, l'inscription qui orne le pourtour du vase nous fait connaîti-e
qu'il a été donné par Thoutmès III à cet officier, en récompense de ses services « sur la Méditerranée
M .
Dans l'hypogée de Rekchara, on voit les Pount, les Kafa et les Routen (les Arabes et les
Assyriens) apporter des vases, des chars qui sont exactement semblables à ceux qu'on voit sur
d'autres représentations évidemment de produits indigènes. Les beaux vases d'or émaiilé, si
variés de formes, qu'on admire dans le tombeau d'Aïchesi et dont aucune inscription n'indique
la provenance, sont tout pareils à ceux représentés parmi les tribus des Asiatiques. Les artistes
A U r INDUSTRIEL.
égyptiens s'inspiraient constamment plus des produits de leur industrie, et non des formes
étrangères, et l'on considère ces beaux vases comme des produits de l'art égyptien.
Les vases que renferme cette planche sont tirés du tombeau d'Aïchesi.
Le n« 1, orné de la légende de Ramsès IX, est d'une forme lourde et trapue que rachètent
à peine les lotus qui les surmontent et qui entourent la partie supérieure dont les détails sont
malheureusement effacés.
Le ir 2 présente deux vases à peu près semblables, reliés par des anses communes et
baignant leurs pieds dans un large bassin. La tète monstrueuse de Bès, le dieu de la danse et du
vin domine l'ensemble de cette composition, dont l'effet est lourd et disgracieux.
Les n " 3, /i, 5 et 6 ressemblent aux vases fusiformes si fréquents sur les monuments a
partir de la xvnr dynastie ; malgré cela, leurs formes ne le cèdent, en rien, à celles des plus
beaux en ce genre, du règne de Thoutmès III ; mais il faut reconnaître que les deux grands sont
d'une forme moins heureuse.
RITHONS ET AUTRES VASES. — Thèbes. - XX^ dy?iastie.
La corne des animaux me paraît avoir été, dans plusieurs pays, la matière et l'origine
des vases à boire; car le mot grec xspajxo;, qui signifiait, primitivement, une corne, ne lut
appliqué ensuite que par extension à toute espèce de vases de terre ; et l'on voit que c est poui
cette raison que les Grecs continuèrent à donner, plus tard, le nom de Keras ou de Rfujtos a des
vases à boire faits en forme de corne. Eschyle, dans ses Perrhoebes, dit qu'on se servait de
cornes d'argent garnies d'embouchures d'or.
Les Égyptiens, empruntèrent, selon moi, à l'Asie, l'idée de ces vases étranges : en ellet, on
ne les voit paraître sur les rives du Nil qu'avec les conquêtes des pharaons de la xix^ dynastie,
et figurant parmi les offrandes présentées aux divinités à l'occasion des victoires.
Les deux rithons, représentés dans cette planche sous les n- 2 et 3, confirment mon
assertion. L'un est orné de la tête barbue du dieu Bès, divinité empruntée à 1 Asie; 1 aut r e
offre une tête coifïée comme celles de certains captifs asiatiques, qu'on voit à Medmeh-Thabou.
Les Grecs, qui attribuent l'invention des rithons aux Égyptiens, en font remonter 1 o r i gme a
Ptolémée Philadelphe, qui ordonna au sculpteur chargé de faire la statue d'Arsinoé, de lui placer
dans la main un rithon plein de tous les fruits de la saison.
Le vase représenté entre les deux rithons a une forme inusitée, il ne se voit gutre sur les
monuments qu'à l'époque des conquêtes en Asie, et l'anse, qui sert en même temps de goulot y
est, parfois, dépourvu du petit couronnement carré dont les détails, effacés, ne laissent plus
apercevoir que les traces d'une antilope ou d'un griffon. On rencontre encore dans la vallée du
Nil des alcarasas qui ont une forme analogue et dont la partie supérieure sert tout a la fois
d'anse et de double goulot. , . , .
Le n" /., orué de deux têtes de chevaux empanachées, est répété trois fois dans le meme hypogée
avec de légères différences de détails.
Le motif que j'ai choisi est le plus élevé et le plus élégant; il rappelle dans sa forme
intrinsèque certains vases chinois. L'ornement qui décore sa panse est original : les plumes
étaient coloriées de différentes couleurs qui n'ont laissé que des traces infornîes de rouge, de