3Ö8 N O T I C E S DESCRIPTIVES.
Vitruve donne ce nom à un temple carré ou rectangulaire environné de colonnes formant tout
autour une galerie continue.
En Égypte, on trouve plusieurs édifices qui ont cette même dispositon, mais ce qui distingue
le temple d'Éléphantine, c'est que la galerie a des piliers carrés sur les deux côtés longs et
des colonnes sur les deux autres. Les deux parties latérales ont sept piliers chacune ; les
façades antérieure et postérieure ont deux piliers aux angles et deux colonnes au milieu; Tentrecolonnement
des façades est plus large que celui des côtés. Une particularité que présente
encore cet édifice, c'est l'évasement des portes; je ne connais pas un seul autre exemple d'embrasure
oblique dans les portes de monuments égyptiens.
L'élévation de ce petit temple, composée de lignes si simples et en apparence sans art,
satisfait l'oeil par l'harmonie qui règne entre les uiembres de l'architecture. Cet elfet tient surtout
à ces lignes continues que présentent la corniche et le cordon et que répètent le stylobate et le
soubassement. Un des caractères propres au temple d'Éléphantine, c'est qu'il n'a pas de lignes
inclinées comme tous les autres monuments égyptiens; les faces des pilastres, les soubassements,
etc., toutes les murailles sont verticales. Enfin, c'est le seul qui ait, outre le stylobate, un
soubassement si élevé et un escalier extérieur d'un aussi grand nombre de marches.
Nous nous contenterons de rectifier la dernière partie de cette appréciation. Depuis la rédaction
de cet article, il a été reconnu que l'escalier de l'Âmenopteum de Karnac comptait encore
un plus grand nombre de marches.
COURONNEI^IENTS DE PORTES INTÉRIEURES. — Thèbes et Sedeincja. — x v i i f dynastie.
Dans les monuments des premières dynasties du nouvel Empire, et en particulier dans les
tombeaux, on trouve souvent des dessus de portes ou des fausses portes, d'un style assez
original, qui représentent évidemment un souvenir des constructions en bois. Ces couronnements
offrent un assemblage de montants et de traverses, reliés par des cintres, dont les divers intervalles
sont remplis par des sphinx, des uréus, des lotus affrontés, ainsi que par d'autres symboles
employés dans les décorations.
Le premier dessus de porte de cette planche se voit à Thèbes dans l'hypogée du père nourricier
d'Aménophisll (xviu^ dynastie). Il offre une curieuse réminiscence des plus anciennes
décorations, celle des fleurs de lotus épanouies ou plutôt d'ombelles de papyrus réunies qui ornent
les sarcophages et les naos des tombeaux contemporains des pyramides. Deux lions accroupis
décorent les segments des angles, et au-dessus, dans les écoinçons de chaque côté, on a sculpté
les yeux symboliques, c'est-à-dire des yeux humains, avec un appendice caractéristique, qui,
selon nous, représentent les deux principales divisions du ciel, plutôt que le Xoyo;, au verbe
divin.
Ghampollion a attribué l'oeil droit à Phré, le soleil qui domine sur l'orient, et l'oeil gauche à
Atmou, son émanation qui domine sur l'occident. Des têtes d'éperviers et l'emblème delà stabilité,
le louot remphssent le registre inférieur.
Le n° 2 représente la décoration d'une porte du temple de Sedeinga, en Nubie. On y
voit deux sphinx symbolisant la reine Taïa, épouse d'Aménophis III, des uréus et des marques
d'Hathor, déesse à laquelle l'édifice paraît avoir été consacré.
A R C H I T E C T U R E . 359
COURONNEMENTS ET FRISES FLEUROXNÉES. - Nécropole de Thèbes, ^XYuf el xx' dynasties.
Cette planche, qui complète la précédente, offre, comme elle, différents motifs d'ornementation
tirés principalement d'hypogées.
Les n- 1 et 2 représentent des couronnements, lanciformes, employés comme les balustres
de la planche précédente. Ce singulier ornement, appelé en égyptien K h a m est l'hiéroelvphe,
symbole d'embellissement ou de parure.
Le n» 3 est un couronnement composé de têtes d'fsis ou d'Hathor, surmontées d un petit naos.
Au-dessous de la bordure consacrée, pendent des rosaces, des fieurs et des boutons, qm forment
une frise au-dessus du tableau. , nn
Lesn- /I à 11 présentent divers agencements de fleurs de lotus ou d ombelles de papyrus
avec des rosaces, des fruits, etc.; ils donnent une idée de la variété que les artistes égyptiens
savaient apporter dans ces décorations qu'on retrouve dans tous les tombeaux, toujours les
mêmes et pourtant toujours différents.
Les bordures ou frises n- 12 et 13, copiées également dans les hypogées, sont des modèles
d'élégance et de goût.
P I L I E R S DE THOUTMÈS III, A KARNAC. — xviii' dynastie.
Lors de mon premier séjour et Thèbes, il me fut impossible de déblayer la base de ces piliers,
obstrués qu'ils étaient par des blocs de granit difficile à briser ou à faire mouvez- avec les
faibles moyens qui étaient alors à ma disposition. Trouvant près de ces deux monolithes la base
d'un pilier de grès décoré de trois tiges de lotus ou de papyrus avec les cartouches^ de
Thoutmès m , je crus que les piliers de granit du sanctuaire portaient à leur naissance la meme
décoration, et je l'admis avec d'autant moins de scrupule que Pouvrage de 1 expédition française
et celui de la commission prussienne l'avaient dessinée ainsi. Nous étions, malheureusement,
tous dans Terreur. , r, ..-i t^ i ^ • >
A mon second voyage à Thèbes, les fouilles exécutées par ordre de Said Pacha ayant mis a
déconvert la base de ces deux piliers, il me fut facile de compléter mon dessm avec la npurense
exactitude que je me suis efforcé d'apporter dans tout cet ouvrage. J aurais donc du représenter
ici cette base telle qu elle est, c'est-à-dire ornée de lignes brisées ou de zigzags, symbole
de l'eau, et non de folioles ou stipules comme il en pousse à la naissance des tiges de lotus.
En outre, il résulte aussi de ce déblai que la hauteur totale de ces deux monolithes, au heu
d'être de T-.Sa, est de 9 mètres, et que le socle n'a qu'environ 0"-,10.
Ces deux piliers sont décorés, sur les faces intérieures et extérieures, de trois tiges de lotus
et de papyrus qui diffèrent un peu : les faces antérieures et postérieures sont ornées de basreliefs
dans le creux, sculptés avec beaucoup de linesse. Les dimensions de détails, des faces
correspondantes, donnent de légères différences, défaut qu'on rencontre sur les monuments
ésYptiens les mieux faits. La plus importante, c'est que la base d'où semblent sortir les tiges est
un peu plus large au sommet, et ne porte que quatre lignes brisées au lieu de sept gravées sur
l'autre: mais on n'y voit plus aucune trace de peinture.
Dans l'agencement des couleurs qu'on retrouve encore dans toute la partie supérieure, les
pi
îîi
a;«
1
S: