VAWT ÉGYPTIEN.
légitime. L'extrait de .hiles rAfricain est positif à cet égard, puisque cet auteur, qui
coni])te plusieurs dynasties de Pasteurs, comprend dans la XVIP et des rois Pasteurs
et des rois Thébains-DiospoUtes . . . . Manéthon affirme positivement que des rois de
la Thébaïde, de concert avec les chefs de quelques autres provinces qui, dans ces
temps de désordre, prenaient aussi le titre de rois, s'insurgèrent contre les Pasteurs
et leur firent nne guerre très-longue et très-active. Les longs efforts des Égyptiens eurent
enfin un plein succès. Les Ilykschos battus de toutes parts, se concentrèrent, pour
se retirer en masse dans un dernier asile, immense enceinte fortifiée, camp permanent
sur la frontière de rÉgyi)te du côté de l'Arabie, et qui s'appelait Avaris, ou
Tijphonia dans les mythes sacrés de l'Égypte. Cette grande jdace d'armes, où les rois
barbares avaient coutume de se rendre tous les ans dans la saison d'été, pour partager
le fruit de leurs rapines et pour distribuer le produit des sueurs de la malheureuse
population égyptienne à leurs soldats, qu'ils exerçaient alors aux manoeuvres militaires,
afin d'inspirer la terreur aux peuples voisins; cette ville d'Avaris, qui exista sur l'emplacement
iVAbou-Kécheyd, près des lacs amers, reçut enfin les Hykschos vaincus et
chassés du reste de l'Egypte par le roi thébain Misphrathoutniosis. Ce grand homme
mourut sur ces entrefaites, et son fils Tlioutmosk assiégea les Barbares et les força
d'évacuer entièrement le sol de la patrie. La reconnaissance des Égyptiens le proclama
chef de la XVIIP dynastie royale, quoiqu'il descendit directement, par Misphrathoutniosis
son père, des princes de la XVH^ dynastie légitime. » (Ghabas, seconde lettre
au duc de Blacas, etc.)
Voyons maintenant ce qu'en avait pensé, avant celui-ci, notre regretté Raoul-
Piochette :
« Les Pasteurs, dit-il, qui se nommaient Hgk-sôs dans la langue de l'Égypte, étaient
un ramas de peuples venus de l'Orient pour envahir l'Egypte, et la plus grande partie
de ces hommes de l'Orient étaient des Phéniciens et des Arabes: tel est, sur ce point
capital, le témoignage formel de l'historien national Manéthon, tel qu'il nous a été
transmis par plusieurs mains différentes: par Flavius Josèphe, par Jules l'Africain
ot par Eusèbe. Ces Asiatiques, qu'on peut croire avoir appartenu à une branche de
la nation Chananéenne, établirent à Memphis le siège de leur puissance; de là ils
exercèrent une autorité directe sur toute la moyenne et la basse Egypte, avec des rois
de leur projire nation, durant trois dynasties consécutives, et ils réduisirent à la
condition de tributaires les princes de race égyptienne, qui continuèrent de régner
sur la Thébaïde. Cette domination des Pasteurs phéniciens en Egypte dura 920 ans,
suivant l'opinion la plus probable (c'est le système de Biinsen, qui paraît établi de la
nuinière la plus satisfaisante à tous égards); et quelqu'horreur qu'elle inspirât aux
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Égyptiens, il est impossible que, durant un aussi long espace de temps, où les habitants
de l'Égypte et les hommes de l'Asie s*étaient trouvés régis par les mêmes maîtres,
quelques-unes des superstitions du peuple conquérant n'aient pas pénétré dans les
habitudes du peuple conquis. Ce qui le prouve, indépendamment de tout témoignage,
c'est le culte des Cabires, établi précisément à Memphis, le siège de la puissance des
rois Pasteurs, et il ne peut être mis en doute que ces Cabires ne fussent des dieux
lihéniciens. . . . »
On voit que nos deux autorités diffèrent sensiblement à presque tous les points de
vue; un seul point de contact nous les rend, cependant précieux, pour le but que
nous désirons atteindre, c'est-à-dire pour savoir ce que devint, pendant cette domination
étrangère qui dura, selon toute probabilité, pendant plus de trois siècles, le culte
autochthone, et le régime théocratique: ce point de contact, c'est l'existence de rois
tributaires de la Thébaïde, qui semblent avoir conservé intactes les coutumes nationales
; autant, bien entendu que durent le permettre les cruelles nécessités qu'imposa
l'invasion, et l'organisation de la revanche.
On comprend aisément que des modifications inévitables aient été la conséquence
de celte organisation, surtout en ce qui regardait le développement de la force militaire
(peu connue, sinon presque inconnue jusqu'à l'époque de l'invasion), et que, par
suite, il se soit préparé, en môme temps, dans les arts mécaniques, une transformation
qui dut rencontrer pourtant bien des résistances, parce que l'égalité matérielle de tous
s'en trouvait modifiée profondément , à tout jamais; néanmoins, il y eut, après l'expulsion
des Pasteurs, une atténuation à ce mécontentement; les esclaves furent, dès lors,
seuls chargés des travaux pénibles.
Quelque laborieuse qu'ait été cette transition, il n'en est pas moins certain qu'alors
môme que, pendant toute la durée du nouvel empire, comme plus tard sous la domination
des Lagides, le peuple égyptien aurait voulu conserver dans toute leur rigidité
ses traditions religieuses (à ce point que les travaux d'art exécutés depuis subirent toujours
une môme règle hiératique étroite), le pouvoir sacerdotal n'en fut pas moins
forcé d'admettre de profondes modifications dans les coutumes civiles; et que les souverains
comme les particuliers obtinrent ou usurpèrent le droit de faire servir à leurs
satisfactions personnelles tout ou partie des produits artistiques qui, du temps du premier
emi)ire, avaient été exclusivemenl réservés à la puissance divine et au culte des
morts ; mais il nous parait avoir toujours su conserver intact, pour les oeuvres qui relevaient
directement de lui, son personnel d'artistes. En outre, le commerce en ayant fait
l'objet de ses échanges, et y ayant ajouté son contingent de nouveaux produits industriels
étrangers, le retour au premier ordre de choses ne se trouva plus réalisable.
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