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]»is. soiK'ieiix (lu bonheur de leurs peuples, avîiieiil élevé des ouvrages surpreuauls,
uou-seuleuieu( pour reudre ces terrains iterpéluellemeul et égaleuieiit fertiles
dans les années de la trop grande élévation des eaux du fleuve ou d'uiie croissance
tro]> médiocre, nuus encore pour porter la fécondité naturelle à ses eanx
dans des endroits reculés, sur les plaines arides où il ne leur était, pas permis de
s ' é t e n d r e . C'est à la laveur de ces grands ouvrages, égalemenl dignes de leur pnissance
et de leur génie, comme de l'industrie de leurs sujets et de leur persévérance
à y travailler, qu'ils avaient élendu cette fertilité dans la plus grande partie des
déserts dont leur royaume était entouré à son couchant, en y faisant couler les
eaux trop abondantes dont TÉgypte était souvent incommodée.
Ces eaux, en denx ou trois années, répandaient sur les sables un limon gras, de
r é p a i s s e i i r de plus d'un pied, qui produisait de riches moissons dont se nourrissait
la nouvelle population accourue autour de ces cultures pour profiter de leurs ï)roductions.
C'est de la sorte que le terrain cultivé de TÉgypte se Irouvait doublé et que le
peuple s'était accru à proportion; et c'est la seule façon d'expliquer comment on
r e n c o n t r e aujourd'hui dans les déserts, qui bornent ce pays du côté de la Libye, des
r u i n e s de villes qui paraissent avoir été considérables.
Mais après qu'un roi d'Assyrie eut subjugué l'Egypte et emmené presque tous ses
h a b i t a n t s en captivité, tous ces grands ouvrages tombèrent en ruine; les gigantesques
canaux, les merveilleux aqueducs construits avec, tant de dépense, pour porter au loiii
Teau du Nil, ayant cessé d'être entretenus, les terres qu'il arrosait redevinrent
bientôt après stériles, les villes furent abandonnées et rapidement ensevelies sous les
sai)les.
Enlin, pour bien comprendre la réalité des effets bienfaisants qui devaient être
le résultat de la création de ces nombreux aqueducs, de ces canaux divers, qui étaient
a u t a n t de saignées de la rive gauche du Nil et qui conduisaient ses eaux au travers
des campagnes, jusqu'au sommet des montagnes de la Libye, qu'on veuille bien
l'emarquer que dès l'ejitrée du lleuve, qui se trouvait être une des extrémités, il y a
une pente qui devenait considérable à l'antre de ses extrémités, et (ju'en construisant
des aqueducs en demi-cercle, dont un bout touchait au fleuve tandis que l'autre
aboutissait aux montagnes, il n'était pas sur])renaut ({u'ils fussent (comme ils l'étaient
rui effet), ])ar uiie ligne presque parallèle à Thorizon, très-élevés du côté de la Libye,
quoique au niveau du fleuve dans l'endi'oit où ils le rencoulraient.
En outre ces aqueducs magnifl([ues, dont quelques-uns avaient cent jtieds de
l a r g e u r sur vingt de iiauteur, étaient encore autant de rivières qui servaient au
INTRODUCTION HISTORIQUE.
commerce du pays, pour le transport des marchandises et des denrées (pi'à la faveur
de cette voie on faisait, aisément passer sur des barques jusque dans la Libye.
Qu'on nous permette de compléter cette descri[)tion rapide de l'ancienne Egypte
en rappelant une tradition copte qui attribue au patriarche Joseph le desséeliennuit
du Delta et la mise en valeur de sa merveilleuse ferlilité :
(( Le patriarche Jose})h, dit cette tradition, fameux par les connaissances singulières
que Dieu lui avait communiquées, illustre [)ar sa sagesse et pai' ses lumières,
célèbre par les ouvrages immenses ([u'il avait exécutés pour le bonheur de TEgypte.
a^ait excité contre lui l'envie des courtisans par cela juême qui devait le leur ixnulre
plus cher et jtlns estimable. Les seigneurs et les prêtres du ])ays, ministres-nés de
tous les rois d'Egypte, jaloux de son crédit et de sa grandeLU% voyaient avec regret
u n étranger, sans titre et sans nom, vendu })our esclave à un des premiers ofliciers
de la cour, faisant profession d'une religion différente de la leur, méprisant leurs
coutumes et détestant leurs dieux, occuper, dans l'esprit du i)rince et de la Jiation,
u n rang qu'ils croyaient leur appartenir, en s'attirant ])ar son habileté, sa prudence
et son zèle, l'estime et la vénération des peuples. En elTet il présidait à tous les
conseils, conduisait toutes les entrejirises, et gouvernait l'État aussi absolument que
s'il eût été le souverain.
« L'état florissant où était parvenue sa nombreuse famille, qu'il avait fait venir
eu Egypte et que les bénédictions du ciel semblaient multiplier à vue d'oeil,
redoulilait encore leur jalousie.
« Non-seulement ils redoutaient le gouverneur de l'Egypte; mais ils croyaient
même voir dans tous ces étrangers autant de Joseph prêts à occuper le rang du
p r e m i e r , et, par suite, à leur ravir plus tard une place qu'ils espéraient du moins
r e p r e n d r e après sa mort.
« Tant que Joseph fut dans la force de l'âge, actif, vigilant, laborieux, infatigable
pour tout ce qui intéressait la gloire de son maître et le bonheur des sujets, ils
dévorèrent en secret leur haine et leur envie : il n'y eut aucun grand, à la cour,
assez hardi pour se déclarer l'ennemi d'un grand ministre, estimé du jirince, chéri
des i)euples, et qui passait pour pénétrer d'un coup d'oeil les projets les plus cachés,
ou les intentions les ])lus secrètes des mauvais coeurs.
« Mais dès que l'âge commença à faire sur lui quelques progrès, ses ennemis
songèrent à le supplanter et à le perdre. Ils ne rattaqiièrent pas cependant ouvertement,
la jiartie aurait été ])our eux trop désavantageuse, car la conduite de ce grand
homme ne leur offrait aucune prise : sa lidélité, son zèle pour le bien public ne
pouvant être mis en suspicion.