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m L ' A R T É G Y P T I E N . A l U l I I I T E C T U n E . 177
L'orncnienlation intérieure des mur s étail géiiéralenienl fort r ema rquabl e ; ma i s
ce qu'ils offraient de plus curieux, c'élait la riches se et le goût qui régnaient dans
r enc adr emcnt de leurs bas-reliefs ; car on eu voyait le cordon, entouré d'un ruban,
former renc adrement proprement dit, dans une g amme très-énergique, au-de s sous
d e l à corniche a c coutumé e ; et cet encadrement , ainsi disposé, se trouvait toujours
en liarmonie parfaite avec le reste de l'édifice : En outre, pour y ajouter un embell
i s sement , l 'espace, resté vide de chaque côté entre le cordon et le bord du
mur , était rempli par un serpent dont le corps s'enroulait eu vis autour d'une
tige de Jotus : quant à l'espace plus large, qui se trouve [très de la corniche, on
avait soin de le ma sque r , avec adres se, par un pli du corps du serpent, par sa poitrine
élargie et par la coi f fure symbolique qu'il était d'usage de lui tracer sur la tète.
Il y a lieu de présumer qu'il n'était pas permi s , dans l'ornementation des
mur s des temples, ou de toutes les const ruct ions qui avaient un caractère religieux
proprement dit, de suivre les capr ices de la fantaisie décorative : C'est ce qui nous
a engagé à faire la description de cette ornement a t ion; la regardant comme ayant
été obligatoire et toujours semblable dans tous ces édifices, en même temps que comme
la preuve péremptoi re de ce faiî : Que les Égyptiens, dès les premier s temps de leur
archi tecture, excellaient à distribuer les ornement s .
Tous les espaces compr i s entre les membre s d'archi tecture étaient donc rempl i s ,
sur les mur s intérieurs, de manière à former comme des t ableaux; et il est facile
de s'apercevoir que les Égyptiens n'ont j ama i s néanmoins sacrifié. quoi que ce soit
d'utile ou d' indi spensable, concernant la solidité, à ce but de décoration.
Nous allons maintenant dire quelques mots sur l'inclinaison des mu r s ; laquelle
paraît avoir été, dès ce temps, reconnue comme une des conditions de la dur a -
bilité et de la solidité : Ainsi l'on rema rque que, dans les colonnades même s , le
talus des mur s , à son extrémité, était établi d'après l'inclinaison des fût s ; il en
existe encore des exemples, soit dans le petit Eimes i de Philae, soit dans la galerie
qui est en face. On peut donc af f i rmer, que si les Égyptiens ont édifié tant d'admi -
rables monument s à parois inclinées, dans le genre des célèbres pylônes d'Edfou,
c'est qu'ils at t ribuaient , avec rai son, à cette forme, le mér i te d'une immens e
durée; mai s il y' avai t encore, pour eux, dans le choix de cette forme, un autre
motif de préférence, c'est celui-ci : Outre ses qualités de résistance, cette inclinaison
est d'un asi)ect qui cha rme l'oeil : Malheureusement, jusqu' à ce jour , on n'a pas
cru devoir en analyser l'effet. Essayons de nous en rendre compte : ne serait-ce pas
parce que l'angle d' incidence tend à répandre au loin les rayons du soleil qui semblent
alors, être, à la fois, plus lumineux et plus doux, réfléchis qu' i l s sont par les mur s ,
dont les aspérités ne portent pas d'ombre , ' e t dont cependant les mas ses inclinées
reçoivent une lueur azurée des reflets du c iel ?
11 y a lieu d' impuler , également, à un motif d'utilité la prat ique admi se du poli
qui résultait de l'ciiduit des mur s : On la doit sans aucun doute à l'observation, qii'avaient
faite les cons t ructeur s égyptiens, des conditions, (peu favorables à sa conservation),
inhérentes à la pierre calcaire, qui laisse si facilement s'infiltrer et par suite
remonter l 'humidité : En effet, il est certain que le poli parfait donné aux monument s
a cont ribué beaucoup à leur conservation, parce qu'il interdisait tout accès à l 'humi -
dité de l'air, cause la plus ordina i re de ra l iéra t iou des roches ; c'est ce qui fit que,
non contents de cette précaïUioii, les Égyptiens recouvrirent, en outre, d'une couleur
rouge la plupar t de leurs monolithes. Plus ieur s en portent encore aujourd'hui les
traces; on les a reconnues même dans les débris du fameux colosse dn Memnoninm.
La cause pr incipale de dégradation à combattre était bien incontestablement
l 'humidité : celle-ci s'attachant plus aisément aux sur faces qui ne sont pas polies,
s ' ins inue peu à peu entre leurs divers éléments, et finit par les écarter lorsqu'elle
vient à s'évaporer prompt ement ; en outre l'on sait qu'alors que l'eau contient, comme
cela a lieu en Egypte, du sel mar in ou du ni l re en dissolution, son action est beaucoup
plus énergique encor e ; c'est un fait constaté par des observations mult ipliées.
Quel s étaient les matér iaux de car r ières , employés pr incipalement par les Ég^-pticns,
dans leurs cons t ruct ions ; étant admi s qu'ils n'ont été chercher au loin que ce
qn' i l l e u r était impossible de trouver près d' eux? C'était dans les deux chaînes de
montagnes qui bordent la vallée du Nil que se trouvaient toutes leurs car r ières de
grani t , de pier re calcai re et les autres pierres de di f férentes sor tes ; elles furent les
seules mat ières généralement employées dans la construction de leurs plus anciens
monument s : Quant à celles qui n'existent que dans le fond des déserts, elles ne Font
été qu'en petite quant ité, et le plus souvent, pour des monument s monolithes d'un
volume medi a c r c : Tels sont l'albatre, le porphyre, une brèche par t icul ière à ce pays,
le basalte et les diftërentes sortes de s téat i tesou de pierres ollaires.
Nous ne finirons pas ce passage de notre livre sans faire observer que les travaux,
et les transports de matér iaux, dans r anc i enne Egypte, ne nous parai s sent aussi considérables
que parce qu' i l s sont inusités chez nous ; car ils n'exigeaient pas, en réalité,
(comme on l'a cru et comme on l'a dit tant de fois) une trop grande indus t r ie, ni
nue pins grande habileté en méc anique que chez les nations mode rne s ; puisqu'il n'est
aucune d'elles, qui n'inventât faci lement les machines néces sai res à une telle opération.
Les Romains n'ont-ils pas, aut refois, fait parcour i r à ces même s obél i sques , qu'on
prétendait iutrans])ortabies, un plus grami trajet que les Égyptiens eux-mêmes, tout en
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