- • t i ' : ii.;
. . . !if Ht ;
, . i
'il' ; • I
I ' ': ' i
m L ' A H T ÉGYPTIEN.
piliers du tombeau irAméuopliis III à Bibau-el-Molouk, cicelies esquissées dans les
autres'hypogées de la uécropole de Thèbes, tcmoigiieut que la hauteur des figures est
resiée coustamment divisée de la même laçou. Uue jolie seèue, esquissée aussi sous
la xvin' dyuaslie daus un de ces tombeaux, montre l'emploi de ce canon dans les
diverses positions du corps; on est obligé de reconnaitre, dans ce tableau, que les
artistes suivaient parfois le canon sans s'inquiéter assez de l'aKération des hauteurs
produites par Técartement des jambes, ou par certains mouvements des bras: Ainsi,
il est évident que, par suite de sa pose les jambes écartées, le chasseur qui lance
le bâton armé d'un bout de fer ou de bronze, en usage à la chasse des oiseaux,
aurait dû perdre environ une parlie de sa hauteur, c'est-à-dire être réduit à 18
parties. (Voir la vignette de la page 125.)
Passons à l'examen du second canon des proportions qui date de l'avènement
des Psammétiks, et au moyen duquel les artistes égyptiens cherchèrent une meilleure
répartition dans les proportions. Dans ce nouveau canon la hauteur toiale du corps est
divisée en 25 parties, du calcanéum au sommet de la tête, ou en 21 parties 1/4
jusqu'au sommet du front: Les figures assises sont divisées en 19 parties.
Les proportions restent donc, à peu près, les mêmes dans le bas du corps pour
les deux canons; et, si celles de la partie supérieure sont seules altérées, le torse est,
seulement, un peu plus long au-dessus des cuisses, la tête un peu plus grosse et les
membres plus trapus. Le rapport du pied à la longueur du corps est resté le même,
ce qui prouve que l'étendue du pied n'y sert pas non plus de module.
Mais la tentative d'approcher davantage des belles proportions du corps humain,
qui donna lieu à ce nouveau canon, n'est pas d'heureux résultats; car au lieu
d'arriver à une plus grande vérité, elle ramena une certaine lourdeur; et fit ressortir,
de plus en plus, la gaucherie du style conventionnel des Égyptiens, dont quelques
artistes de la xvm' dynastie étaient parvenus, souvent, à s'affranchir, sans sortir,
toutefois, des formes traditionnelles.
Ce canon resta en vigueur jusque sous les Piolémées et les Césars; mais avec ces
dominateurs étrangers, l'art s'abâtardit, les contours s'altérèrent; puis la simplicité
et la pureté de formes, dans lesquelles consistait lout le caractère de l'art ancien,
disparurent pour faire place à un style lourd et maniéré.
Diodore de Sicile, de son côté, nous fait connaître que les artistes égyptiens
divisaient la longueur du corps en 21 parties i/4 : le second canon, divisé en 25 parties
pour la hauteur totale, ou en 21 et 1/4 jusqu'au sommet du front, serait donc bien
celui mentionné par cet auteur, dans le dernier chapitre de son premier livre, il
était si bien répandu d'un bout à l'autre de rÉgy|)te, ajoute Diodore, que les
DESSIN. J27
différentes parties d'une même statue, faites par plusieurs artistes disséminés en
divers lieux, pouvaient, sans qu'on pût craindre une erreiu', être réunies pour
former un tout complet el homogène. On remarque que dans ce canon, le départ
des cuisses partage la grandeur totale de la figure; el que la tête a deux divisions
et deux tiers de division, c'esl-à-dire la 8" partie du tout: proportions qui sont,
exaclement, celles des Grecs pour le style héroïque; ne devons-nous pas en conclure
qu'il fut adopté par les artistes grecs?
Les musées du Kaire el de Leyde, ainsi que plusieurs collections particulières
possèdent certains petits bustes de pharaons, coiffés du Klaft, et exécutés en pierre
calcaire tendre, qui semblent provenir de divers ateliers de sculpteurs. Ces bustes
sont remarquables, surtout, à cause des lignes verticales et horizontales encore visibles
sur le dessus, la part i e postérieure et les deux côtés de la tête.
Ces lignes paraissent avoir servi de régulateur géométrique à de jeunes artistes,
pour s'essayer, sur une matière tendre, telle que l'était le plâtre, à rendre avec
précision les proportions et le modèle d'une même figure, qui, selon toutes proi)
abilités, devait être celle du pharaon régnant; car toutes ces productions, assez
nombreuses, représentent le même personnage.
Mais si les divers fragments que l'on possède témoignent assez que les deux
canons des proportions ont été usités à différentes époques, il est à regretter
cependant que l'on n'ait pas rencontré quelques ébauches de statuettes portant des
traces de ces canons qui nous eussent permis de nous rendre un compte exact de toutes
les proportions des figures vues de face; car ces documents nous font défaut pour
compléter l'étude des deux systèmes les plus anciens du monde; et qui ont dû
avoir tant d'influence sur le développement de l'art chez les Grecs.
Un jour viendra, espérons-le, où il sera impossible de ne pas reconnaître que
c'est à l'Egypte (pi'appartient l'art d'harmoniser les proportions de la figure humaine;
ainsi (jue l'idée du canon, perfectionné, plus tard, par Phidias, Polyclète, Euphranor
el tous ceux qui ont suivi leurs traces.
L'art égyptien avait, comme on le voit, des principes fixes, ainsi que l'avait
déjà reconnu Denou, lors de l'Expédition française; mais aucun de leurs deux canons
n'offrait, pourtant, ces minutieuses divisions qui font de l'art une routine. Ils
servaient, seulement, à prévenir les défauts d'ensemble, les proportions peu
harmonieuses, el surtout à obtenir, selon la définition de Denon, cette constante
égalité que Ton remarque dans leurs ouvrages, qui, si elle est nuisible à l'élan
du génie cl à l'expression d'un sentiment délicat, tend à une perfection uniforme,
fait de l'art une utilité, de la sculpture un accessoire propre à décorer et enrichir
...
.SE--