3 i 4 N O T I C E S DESCRIPTIVES.
miers, paraît avoir été autrefois le principal abordage de Tîle. Les restes d'une église copte,
prouve que la population a été assez nombreuse, puisque le temple, converti en église, ne put
sufiîr à tous les besoins du nouveau culte.
Revenons à l'extrémité méridionale de l'île, où un petit liypêtre, précédé jadis de deux obélisques,
semble un autel dressé au-dessus du Nil, pour annoncer l'enlréedu temple d'Isis, dame
de Philoe et des contrées méridionales. Cet hypêtre, formé de d/i colonnes, dont la moitié seulement
a conservé son entablement, présente de précieux spécimens des nouveaux chapiteaux,
qui, à dater du règne de Nectanèbe, servirent à orner toutes les colonnes.
En montant au temple parle petit escalier délabré qui se voit à Test, on se trouve au milieu
d'une espèce de dromos, assez irrégulier, formé par deux colonnades, dont l'une, celle de l'ouest,
est entièrement achevée, mais dont l'autre avec des chapiteaux épannelés, et les fûts lisses, attend
encore la dernière main de l'ouvrier. Les plus beaux chapiteaux de cette vaste colonnade ont été
reproduits. 11 y en a de toutes les formes : cependant leur étonnante variété ne détruit pas la
symétrie. Les architectes égyptiens de cette époque ne paraissent pas, du reste, s'en être beaucoup
préoccupés. On remarque que les colonnes ont toutes leur base surimposée à une plinthe
carrée, innovation des Lagides et des Césars.
En face du double pylône qui sert d'entrée principale au grand temple, s'élevaient autrefois
deux petits obélisques de granit de 27 mètres de hauteur et deux lions accroupis. Les deux
pylônes sont décorés de bas-reliefs dans le creux qui coupent de nombreuses inscriptions
grecques, évidemnient gravées avant que cette décoration n'eût été faite par ordre de Ptolémée
Alexandre. La porte, encastrée entre les deux môles, est de la même époque que le petit hypêtre
du sud : elle fut dédiée à Isis par le pharaon Nectanèbe. Il y avait donc un ancien temple avant
celui des Ptolémées. et celui-ci n'est peut-être que la deuxième ou la troisième édition du sanctuaire
primitif. Est-ce pour conserver cette porte élégante qu'on a construit le pylône en fausse
équerre avec ce qui le précède et avec ce qui le suit?
La cour, qui sépare le premier pylône du second, est flanquée à droite par une galerie qui
sert de corridor à trois ou quatre pièces destinées aux besoins du culte : une de ces pièces était
consacrée à la bibliothèque sous la protection de la déesse Saf, dame des livres. Cette cour est
fermée, de l'autre côté, par un petit temple qui a son entrée particulière percée dans le premier
pylône. C'était un édifice commémoratif de l'accouchement d'Isis, dédié à Horus, par les soins
de Ptolémée Épiphanes et de son fils Évergète 11. Il est entouré de colonnes couronnées de
chapiteaux variés, surmontés d'une quadruple tête d'Isis et d'un petit naos ; les plus belles ont
été reproduites.
Le second pylône, plus petit, plus délabré que le premier, élait bâti sur un roc de granit
rose, dont la surface aplanie a reçu un proscynème au devant duquel s'élevait un édicule, ruiné
aujourd'hui. Ce pylône, qui forme la véritable façade du temple, est lié avec le naos et le sanctuaire,
et fait partie d'un tout bâti d'un seul jet sous Évergète IL Le pronaos est formé par dix
colonnes déplus de 7-",50 de hauteur, couronnées de chapiteaux variés et dont les couleurs, parfaitement
conservées, offrent un spécimen admirable d'architecture polychrôme. Ce portique est
fermé de tous côtés, et ne reçoit la lumière que par une ouverture de la terrasse, disposition que
l'on remarque aussi dans le temple de Khons à Karnac. Trois salles qui communiquaient, d'abord
à différentes pièces latérales, puis, au fond de rédiHce, à trois sanctuaires distincts pour les
trois personnages de la Triade, terminent le temple proprement dit. Elles sont couvertes de
bas-reliefs et de légendes dont on a peine aujourd'hui à distinguer les contours et les couleurs
sous l'enduit de limon qui les recouvre.
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Nous terminerons en rappelant que les constructions qui formaient le grand temple d'Isis, ont
été commencés par Nectanèbe, continuées par Ptolémée Philadelphe et Arsinoé, et complétées par
ses successeurs Évargète I Philomator, son frère Physcon avec les deux Cléopâtres. et Ptolémée,
fils aîné d'Aulète; mais les sculptures extérieures du temple sont de la dernière époque, c'est-àdire
des empereurs Auguste et Tibère.
COUPES ET DÉTAILS DE LA GRANDE PYRAMIDE DE GIZEH. — Chéops ou Chaufon, — iv« dynastie.
Depuis l'antiquité jusqu'à nos jours, on a propagé les opinions les plus étranges et les plus
contradictoires sur la destination des pyramides. L'opinion la plus généralement reçue est que
ces monuments furent des tombeaux : cependant il y a encore beaucoup de monde, des académiciens
même, qui ne peuvent se persuader que les Égyptiens, dont la sagesse était proverbiale,
aient dépensé autant de temps et d'argent pour préserver un cadavre; que ces constructions
colossales aient une destination si vulgaire; enfin, que cette énigmatique Égypte n'ait pas caché
de grands secrets sous cette forme éminemment symbolique. Nous ne nous arrêterons pas à citer
et encore moins à réfuter toutes les hypothèses émises sur la destination mystérieuse ou utilitaire
de ces monuments : leur description suffira pour montrer le peu de créance qu'on doit accorder
à toutes les théories qui prétendent y trouver autre chose que des sépulcres.
Les pyramides étaient, pour la moyenne Égypte, ce que les syringes royales étaient pour la
Thébaïde. Les hypogées les plus vastes appartiennent, comme on le sait, aux rois thébains dont
le règne a été le plus long; de même, les plus grandes pyramides sont dues aux pharaons
memphites, qui passèrent de nombreuses années sur le trône. Dès qu'un roi était solennellement
investi du pouvoir, on s'occupait de son tombeau, cette dernière habitation, que les anciens
Égyptiens considéraient comme la plus importante, et appelaient la demeure éternelle. On creusait
un couloir dans le roc, et en même temps on élevait au-dessus un massif carré en grosse maçonnerie,
dans laquelle on englobait souvent une élévation du sol, pour épargner la besogne. La
syringe et le noyau pyramidal se développaient, et s'étendaient peu à peu et simultanément
durant l'existence du pharaon auquel le monument était destiné. En quelques années, cette
masse formait une petite pyramide à gradins qu'on pouvait revêtir immédiatement ou augmenter
encore progressivement, en élargissant la base et en superposant de nouvelles assises, de façon
à avoir toujours une forme pyramidale dont les degrés servaient à la pose et à l'élévation des
matériaux. Quand le roi venait à mourir, l'architecte s'empressait d'arrêter les travaux d'agrandissement
et de procéder à l'achèvement du sépulcre. Pendant que les taricheules, les cholchytes
et autres membres de la caste sacerdotale vaquaient aux cérémonies de l'embaumement, les
ouvriers s'occupaient de couvrir les degrés d'un revêtement dont les pierres, de bon appareil,
étaient disposées également en gradins, et superposées à partir de la base au sommet. On y
mettait la dernière main en abattant, de proche en proche, l'excédant de matière formé par la
saillie de chaque degré, aplanissant graduellement la surface jusqu'à la base, de façon à obtenir
sur les quatre faces des talus réguliers. Plus la pyramide était colossale, plus on pouvait aussi
y employer d'ouvriers ; et, peu de temps après le dépôt de la momie royale dans son sarcophage
de granit, les couloirs des chambres funéraires étaient comblés, les talus étaient parés; et le
tombeau achevé ne présentait plus que quatre immenses surfaces planes, sans aucune ouverture
apparente, et décorées seulement de quelques légendes hiéroglyphiques.
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