00 L ' A R T ÉGYPTIEN. I N T R O D U C T I O N IliSTORIQUK
(le genre, une peinlure intlireele; ce qui revienL à dire que c'est une allusion à quel-
([ue qualité proéminente ou particulière de la chose ou de l'idée représentée. Le
d i c t i o n n a i r e hiéroglyjthique est une })reuve de la véracité de cette dérinilion. Une
r é g u l a r i t é aussi parfaite ne serait pas possible si le système d'écriture avait été len-
Icmeid et graduellement construit.
Que malgré Tingéniosité de sa structure intérieure, aucun mode d'écriture
n ' a encore été interprété qui manifeste ou montre un tel nuinque absolu de clarté et,
de neUelé. Nous trouvons bien à d'autres sources, il est vrai, plusieurs nouveaux élém
e n t s pour l'éclaircir; mais néanmoins le déchilTrement des textes hiéroglyphiques
exige un elTort aussi vigoureux que rintelligence puisse le comporter. Cette difficulté
a en lieu de tout temps, comme il est démontré par les deux autres manières d'écrire
i n v e n t é e s postérieurement; car les systèmes hiératiques et démotiques étaient destinés
à faciliter la lecture des hiéroglyphes, aussi bien qu'à abréger le travail de
l ' é c r i t u r e : et les textes hiéroglyphiques ne sont, si souvent, accompagnés de leurs
t r a n s c r i p t i o n s hiératique et démotique, que pour être rendus plus compréhensibles.
5' One l'obscurité des textes hiéroglyphiques, ses inconvénients et ses imperf
e c t i o n s auraient amené des cliangenients ultérieurs à chaque génération si cela avait
é t é l'oeuvre du temps (car la religion qui se fonde toujours sur des précédents aurait
trouvé des autorités dans les i)reniiers changement s et aurait autorisé d'autres variat
i o n s ) ; tandis qu'au contraire, bien que les écrits hiéroglyphiques remontent à la
plus haute antiquité, on n'y distingue aucun changement dans les textes des tlifler
e n t e s époques jusqu'à l'invasion des conquérants grecs et romains.
C'est, donc, pour ne laisser subsister aucun doute, dans l'esprit des temps à venir,
s u r l'intention qui fit ériger ces monument s impérissables de l'ancienne Egypte, qu'on
adopta l'usage de couvrir tous les ouvrages d'art sans exception de légendes hiérog
l y p h i q u e s relatives aux objets qu'elles décoraient. Aucune des nations de l'ancien
monde n'a autant employé son système d'écriture, ou ne l'a apjdiqué à un but, à une
p e n s é e aussi strictement historique que l'ancienne Egypte. Il n'y avait pas une mur
a i l l e , un pilier, une architrave, un chambranle ou un autel dans un temple (lui
n e fût couvert sur toutes ses faces de peintures en relief et d'hiéroglyphes expliq
u a n t ces reliefs : et il n'y a pas un de ces reliefs qui ne soit liistori(jue. Les uns
r e p r é s e n t e n t ses victoires sur les nations étrangères, les aiilres les dévotions et les
o f f r a n d e s du monarque par qui le leniple ou la part i e du f,emj)le sur lequel [e bas-relief
est sculpté a été construit. Bien différents, en cela, des temples de la Grèce ou de
Piome, sur lesquels les inscriptions sont des superfétations qui n'ont jamai s été comp
r i s e s , ni dans l'ordonnance, ni dans la pensée architecturale, les temples égyptiens
n ' é t a i e n t parfaits (pi'autant qu'ils étaient décorés de toutes parts d'inscriptions, de
symboles et de tableaux.
En outre l'écriture n'était pas bornée aux inscriptions monumentales des temples
et des tombeaux; elle s'appliquait encore aux objets de tous les genres; comme
si le peuple entier eût été initié à la science des lettres, liien, depuis la ])alette du
scribe, le style dont la jeune fille se servait pour noircir ses paupières avec de l'antimoine,
jusqu' à l'instrument de l'usage le plus viilgaire, ne paraissait imligne d'être
onu'' <lu nom du propriétaire et d 'une dédicace votive de l'objet lui -même à sa divinité
j)atronne. Les inscriptions avec les noms des artistes ou des propriétaires, si rares
sur les vestiges de la Grèce et de Rome, abondent sur les meubles égyptiens. Il n'y
avait pas de colosse trop grand ou d'amulette trop })etite jiour être privés* du récit
des circonstances qui l'avaient fait exécuter.
Qu'on nous permette, en achevant cette trop rapide analyse, de bien préciser le
but (|ue nous nous sommes proposé d'atteiudre, ])ar l'énumération de ce qui a été
tenté pour résoudre les questions si ardues et si délicates soulevées par l'étude de
l ' é c r i t u r e égyptienne : nous avons voulu, surtout, constater que, grâce à de persév
é r a n t s efforts, cette partie de l'histoire de la civilisation se trouvait, dès maintenant,
s o r t i e de sa jiériode fabuleuse et énigmatique, et qu'un résultat favorable en serait
la conséquence si l'on ne s'écartait plus de la voie tracée, jusqu'à complète éliicidation
: Enfin nous avons voulu, égalemenl, rendre inutile, à l'avance, tout essai qui
t e n d r a i t à nous rejeter, de nouveau, dans l'inconnu.
E l u d i o n s à présent les caractères originels de la langue égy|)tienne, sur lesquels
nous n'avons voulu nous appesantir qu'après avoir traité à fond la question des
hiéroglyphes, parce que rimportance des points de discussion à traiter, à projios
de ceux-ci, nous a paru autoriser cette dérogation à Tordr e historique naturel.
Si la population est venue par l'isthme de Suez, elle a dû apporter avec elle les
langages sémitiques : l'hébreu, l'arabe, le syriaque ou le phénicien, dialectes i\v
la langue sémitique en général.
Or quelle laugue parlaient les Égyptiens? Cette question est très-obscure et
t r è s - d i f f i c i l e à résoudre, parce qu'il arrive qu'on se laisse souvent entraîner par des
;nialogies mensongères. Ainsi les Chinois et les Japonais qui sont voisins, qui ont
iiiême origine, même système d'écriture, parlent pourtant des langues absolument
d i t f é r e n t e s . Quelle erreur ne commettrait-on pas, si l'on concluait de l'idenlité
' i ' o r i g i u e à l'identité de langage!
P a r l a i t - o n en Egypte une langue différente de celles qui étaient parlées dans les
l>fys environnants? Si nous citions Bochart, qui avait une véritable hf'braïnianic
!