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avoiî^ pas le moindre mouvement daiis les
airs , puisque les feuilles des arbres dor*
moient dans une immobilité profonde.
La baie etaloit un spectacle plus éton*
nant encore. Sa partie nord éprouvoit alors
une rafale très-violente qui ne s’étendoit
point à la partie sud. Ainsi, par exemple,
dans cette dernière partie, trois vaisseaux
me semblaient jouir d’un repos parfait, et
dans l’autre, tous ceux qui se trouvoient à
1 ancre, etoient, au contraire, agités par un
vent très-violent- De ce contraste frappant,
je dirai même incroyable, dans un espace
si peu étendu , il résultait entre l’une et
l ’autre une très-grande différence dans la
couleur des eaux. Ce double effet me parois-
soit magique, puisqu’il m’offroit dans,un
même cadre , et sans intermédiaire, Je cal"
me et la tempête.
Voici comme je concluois : le vent qui
âvoi t pris naissance à la surface de la mer
des Indes, soufflant avec yiolence, entroit
par la Baie-Falso, communiquoit seules
ment à la baie de la Table par le défilé qui
Séparé les deux baies, et suivoit sa direction
Ja partie nord de Ja ïftde | tandis ou#
E K A f E I Q U E . 131
J e détour que forment les montagnes du
côté du Cap et au Cap même, y amortissent
la plus grande partie de sa force. Ce n’est
donc que l’amas des nuages du sud-est,
qui s’entassent sur la Table, et de-là, se précipitant
sur la ville, y occasionnent ces furieux
coups de vent, en même tems si incomodes
et si salubres aux babitans du Cap j
car nous avons vu le plus grand calme régner,
non-seulement dans la ville, mais dans
toute la partie de la rade, qui, se trouvant
opposée à la direction de la montagne, doit
naturellement les abriter de ce côté. En effet,
dans tout le séjour que j ’ai fait au Cap, j’ai
toujours remarqué que l’ouragan n’étoit
jamais, à beaucoup près, aussi violent quand
les nuages restoient en stagnation, et comme
suspendus sur le haut de-la montagne $
la même chose a lieu dans tout l’intérieur
de l’Afrique, par-tout enfin, où de grandes
hauteurs opposent une barrière à ce vent impétueux.
Vers une heure après-midi, jugeant mon
nuage parvenu à son maximum d’accroissement,
je m’en éloignai, afin de le considérer
dans un point de vue favorable , et