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tîonné, de me lâcher pendant la nuit un
coup de pistolet, si le désordre venoit à recommencer.
Pour parer, autant qu’il étoit
en moi, à toute surprise, je commençai par
éteindre ma lumière ; puis, ayant changé la
direction de moii lit et placé à côté de moi
mon fusil bien chargé, j ’attendis le jour et
sommeillai comme je pus. Dans les intervalles
du réveil, j’éntendois les discours de
quelque .séditieux qui se promênoient sur
le porit, et qui sembloiént se préparer à ne
faire grâce le lendemain à personne ; j ’en
' vis même plusieurs passer auprès de nia cabane
et hausser le ton pour se faire entendre.
Enfin, le jour parut: douce clarté qui
dissipe les fantômes de l’imagination et rend
aussi les méchans moins téméraires et moins
audacieux. Ce que nous avions espéré arriva
: la réflexion et peut-être plus encore
la crainte d’un châtiment bien mérité,
calma la fureur des plus ardens. Percheron
saisissant avec adresse le moment favorable
, fit un discours véhément dans lequel
il peignit avec chaleur et les torts de
l ’équipage insurgé et les pêines sévères que
la loi inflige en pareil cas 5 puis, rejettant
S a r  F A X Q U B . t oi
adroitement la cause des troubles sur le«
hommes perfides qui les avoient séduits et
trompés, afin de les conduire à un pareil excès
de désordre , il promit d’excuser tous
ceux qui n’ayant été qu’abusés,se rangeroient
dorénavant sous la discipline du vaisseau; dp
là passant au chef de l’émeute qui, quoique
arrêté fomentoit encore, sans doute , quelques
nouveaux troubles , il lui fit une verte
réprimande. Cet homme étoit garrotté et
étendu entièrement nu, dans une cage àpou-
lets, fermée et barricadée par des cerceaux
de fer : c’étoit un de ces êtres à qui la nature
adonné avec une constitution robuste, cette
force d’esprit, ce mépris des dangers et dp
la mort à la fois si nécessaire et si funeste
dans les factions ; il étoit encore menaçant:
on l’avoit saisi au moment où il ne s’y atten-
doit pas, car à lui seul il auroit fait trembler
l’équipage entier. Le soin de le punir
et de prononcer en dernier ressort sur ce
chef dangereux fut remis à la justice du
Cap ; en conséquence Percheron donna l’ordre
qu’on y transférât le prisonnier. Dès cet
instant le calme parut rétabli pour long-
tems, et nous restâmes convaincus que dans
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