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est rare de rencontrer un garçon qui ait la
cour à'plusieurs filles.
Les colons étant tous chasseurs , parce
què tous ont à défendre leurs troupeaux et
leurs.champs des animaux sauvages et des
bëtes féroces , ils ont chez eux un certain
nombre de fusils , selon que leur famille est
plus ou moins considérable ; mais ils prennent
pour ces fusils une précaution qui
leur est particulière. L’expérience leur a
appris que l’éclat et le luisant d’une arme
peut , par son reflet , effrayer * l’animal
qu’on chasse , et l’avertir de fuir, Pour
parer à cet inconvénient , on bronze en
Europe les fusils j mais les colons , qui
n’ont point cette facilité, frottent les leurs
au dehors , avëc-dn sang de mouton ; et
cette opération, dont résultât p à la vérité
, est moins propre, moins agréable
que l’autre, produit le-même effet , puisque
l’arme s’en trouve"'également ternie.
A l ’égard de la bonté des armes, ils ont
sur cet objet d’autres préjugés ou d’autres
principes que les nôtres. Pour eux,'jamais
fusil n’est mauvais quand la batterie est
bonne j c’est la seule chose à laquelle ils
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portent quelqn’attention , lorsqu’ils en
achettent un; quant au canon, peu leur
importe, ils ne s’inquiètent point qu’il réponde
bien ou mal , parce qu’ils se vantent
d’avoir un moyen sûr pour corriger
le plus mauvais.
Au reste , corriger, dans leur acception,
n’est pas rendre bon un canon qui ne seroit
pas tel ; c’est lé faire tirer juste ; ce qui
pour eux n’a aucune différence. Leur méthode
, à la vérité., n’a rien de bien ingénieux
; mais au moins elle est simple , et
le succès, qui tient aux combinaisons de
l’expérience, en est tou j ours Certain. -
Elle consiste à mettre, selon leur expression
, ( de roer op de schoot) le fusil sur le
coup ; c’est-à-dire , qu’à force de tirer au
blanc ,~ils s’assurent de son défaut. S’il
porte ou trop bas ou trop haut, ou à droite-
ou à gauche, alors ils placent sur le tonnerre
du " canon une seconde visière mobile
, qu’ils élèvent ou abaissent, qu’ils
inclinent d’un côté ou d’un autre, selon
que le défaut l’exige ; jusqu’à ce qu’ils parviennent
à tirer juste. Arrivés à ce point-y