
mon séjour en Afrique. Je promis de le
représenter à mon retour au gouvernement
; mais bientôt, par une générosité à
laquelle je n’avois pas lieu de m’attendre ,
Boers lui donna sa liberté toute entière.
Il fit plus : sensible et touché jusqu’aux
larmes des détails dans lesquels je venois
d’entrer à son sujet, il voulut récompenser
sa fidélité envers moi par le présent
quhl lui fit aussitôt d’un bagage complet,
et l’ordre qu’il donna de lui compter sa
paie pour tout le tems qu’il avoit passé
avec moi. Telles étoient les délicates et
prévoyantes attentions par lesquelles mes
amis , à l’envie , cherchoient à encourager
mon zèle, en m’attachant par,tous
les moyens les compagnons que je desti-
nois à partager mes- dangers j et c’est aiUsi
qu’en rejetant adroitement sur moi tout
le mérite des bonnes actions dont je n’é-
tois que l’objet , ils insiuuoient d’avance
à mes Hottèntots cet esprit de subordination
et de dévouement sans lequel un obne
pourroit faire
en Afrique ,
aucune tentative au-delà de la colonie.
, Pour comble dé fatveur, le fiscal me réservateur
serva tout le plaisir d’annoncer moi-même
une nouvelle aussi douce à celui qu’elle
intéressoit. A peine eus-je prononcé ces
mots : tu es libre, à peine eus-je commencé
à raconter tout ce que mon ami venoit de
faire pour un infortuné, que, ranimé par la
reconnoissanee, et comme reprenant une
vie nouvelle, le vieillard se précipite dans
mon sein qu’il inonde de ses larmes. J’é-
tois étrangement ému et hors de moi-même j
il me sembloit que c’étoit moi qu’on ar-
rachoit au bannissement et qu’on venoit
rendre à la société : il est si doux dé renaître
à l'honneur. Tous les maux que j ’avois
éprouvés sur le Middelbourg se retracèrent
à mon imagination 5 je me reportai à deux
ans en arrière, à ce moment si malheureux
où j ’avois eu besoin moi-même de la pitié
des hommes j circonstance si funeste qu’il
ne me seroit jamais entré dans l’esprit de
penser que je pourrois un jour exercer.la
mienne envers autr ui d’une façon à la fols
si naturelle et si touchante î
Lorsque Swanepoel eut un peu calmé
ses sens et qu’il fut en dtat de m’entendre,
je lui confiai mes projets et lui pro