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c’est - à - dire, mon hôte, Swanepoel ét
moi. Vingt grenadiers , après une marche
forcée, n’auroieiit pu suffire à dévorer tant
de nourriture 5 les plats eux-rmêmes étoient
comblés, et celui du milieu portoit une
pyramide de six volailles rôties qui étoient
énormes.
Cette profusion , qui eût rebuté jusqu’à
des ogres , m’offroit, à moi, l’image ré volante
d’une basse-cour et d’une étable entièrement
dévastées. J’en perdis sur-le-champ
l’appétit j e t , trompant mes dégoûts par
autant de distractions que pouvoit m’en
apporter la cause de mes voyages toujours
présente à mon esprit, je passai la plus grande
partie du repas à fatiguer de questions
le maître de la maison. Pour Snanepoel,
il promenoit ses regards sur les six volailles
fumantes5 mais, rassasié déjà, c’étoit en vain
qu’il les convoitait $ le pauvre Swanepoel
étauffoit de nourriture et de regret. Je ne
saurois mieux comparer ces repas peu fru-
gals et dignes des héros d’Momère, qu’à ces
buffets qu’on voyoit autrefois , à certaines
époques de nos fêtes, et qui pliant sous une
multitude de volailles de toute espèce , semas
sr A y n i q u e. 2*3
bloient étalés exprès pput consoler tout un
peuple affamé. , oj •
J’avois déjà beaucoup interrogé mon
hôte pendant notre course au Piquet j je
lui parlai, en ce moment , de ses possessions
et de ses vergers. Fatigué de rester assis,
-je faisois tant d’héïas ! sur sa vie singulière ,
que je lui fis naître l’idée de quitter .la table.
-11 n’eut pas de peine à justifier la bonne
opinion qu’il m’aydit ffopnée de ^on atdepr
et de Son intelligence. ÎfouiS p^çQU|UJn.6s
• toutes ses possessioasj par-tout ]a vis des terres
bien cultivées, des, arbres en bon état,
des plantations , en un mot, dans le meilleur
ordre possible j par-tout un air d’ahOîl"
danoé. et de vie, 4ont j^ [n’avois point an-
tant :joui ;daus ;haaucpup d’autres .habitations
de fa colonie. îmy,
- , Le district du ; P.iquet-berg, suivant ce
quç me dit memnh^te p^gnère que vingt-*
cinq* ou trente habitations; et il ne peut
même en avoir, je- en^S, davantage, .parce
que l’eau y est très-|are, et que, ne possé-
: idaiit " qu’un oértain nombre ; de sources et
de'ruisseaux, dont le^ppemiers je
sont ^emparés * 0?ux qui désormais jiem
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