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quelques contusions ; mais, quoiqu’empor-
tés par la descente, ces animaux, par un instinct
plein d’intelligence, l’avoient ménagé
autant que les circonstances le leur permet-
toientj et vraiment il y avoit de quoi s’étonner
que tant de pieds eussent passé sur
lui sans le briser entièrement.
Parvenu sur la rive droite du Koïgnas,
je dirigeai ma marche # selon l’indication
quem’avoitdonnée la veuve Yan-Zeil, vers
le V le e rm ity s -K lip ( la.roclie aux chauve-
souris)^'Mais , en avançant, j ’apperçus la
trace toute fraîche d’ün lion ; cette découverte,
qui, depuis mon départ du Cap, étoit
la première de ce genre, ifi’avértissoit d’être
sur nos gardes dans notre campement de:
nuit j l’animal se trouvoit dans les fourées
de la rivière, au moment de notre passage
ÿ et sans doute le bruit de, ma caravane
l’avoit déterminé à fuir en plaine. Je
me mis à sa poursuite avec un de mes
chasseurs et quelques chiens ; nous le suivîmes
même pendant une partie-de la journée
5 mais l’approche de la nuit et la crainte
de m’égarer dans l’obscurité lorsque je ne
pourrois plus distinguer la trace des roues
de mes voitures, me forcèrent de' revenir
à mon camp.
Swanepoel, pour diriger ma marche et
pour me fournir une sorte de fanal, avoit
fait allumer les feux plutôt q u ’ à l ’ordinaire.
J’ai déjà dit que notre coutume étoit d en.
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allumer plusieurs tous les soirs ; ils nous
servoient tant à nous garantir du froid de
la nuit, qu’à écarter les animaux dangereux
et nuisibles ; mais , cette fois, ils nouà
en attirèrent d’une espèce particulière „
dont il ne nons fut pas possible de nous
défendre. Cette roche des chauve - souris ,
au pied de laquelle nous étions campés , en
conten oit réellement ( et c’est ce qui lui
en avoit fait donner le nom ) des quantités
innombrables. Effarouchés,par une clarté
qui leur étoit nouvelle, ces animaux fai-
soient, dans leurs repaires, un bruit effroyable
qui déchiroit le timpan 5 d’autres ,
en siflant, venoient par centaines, voltiger
autour de nous, et. nous souiletter le
visage avec leurs aîles.’ En yain , on cher-
choit à s’en défendre, la nuée menaçante ne
faisoit qu’augmenter, et de toutes parts on