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tant avec les deux boeufs et son détachement»
je lui donnai un fusil et des munitions il fut
salué parles acclamations de la troupe entière.
Pauvres humains ! qu’on pouvoit contenter
à. si peu de frais, et qu’un peu d’huilp
ail oit rendre si heureux et si opulens !
Mon départ à moi fut moins gai, quoi?
que j ’eusse de très-fortes raisons pour quit?
ter avec plaisir ces bords de la Rivière-des-
Eléphans qu’on m’avoit tant vantés, et dont
le séjour fut si désastrueux pour mes bestiaux.
J’étois très-inquiet sur les malheurs
dont j ’étois encore menacé. Le ciel étoit
très-beau. Nous dirigeâmes notre marche
au nord j mais, malgré la douceur d’un
tems favorable, mes attellages étoient si
affoiblis, qu’après trois*heures de marche,
ils se refusèrent au service et m’obligèrent
d’arrêter. L ’après-dîner, ils ne purent faire
que deux lieues \ encore fallut-il nous résoudre
à detteler et abandonner trois boeufs,
qui, tombés de fatigue , restèrent sur la
place, et qui, probablement, y moururent ,
puisque nous ne les revîmes plus. Dans la
nuit j’en perdis cinq autres, que je vis tristement
périr au lieu où ils étoient cou?
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çhés, sans pouyon les sauver. Le reste
étoit si foible, que je désespérons de faire
même une lieri!(^. En effet, nous n’avions
.trouvé dans toute la journée ni eau, ni pâturage
y néanmoins je me remis en route ^
mais avec la précaution d’envoyer de tous
côtés à la découverte ceux de mes gens qui
ne m’étoient pas nécessaires , afin de trouver
, s’il étoit possible, une source et quel-
qu’hprbage , où nous séj ournerions quelque
tems. *
Ils ne purent rien découvrir5 par-tout,
dans cet affreux désert, le sol ^n’offroit
. qu’une surface aride et brûlée. Ce Rit alors
que je me reprochai d’avoir perdu sur le
bord de la Rivière-des-Eléphans, un tems
precieux qui, ayant privé mes boeufs du
peu de forces qui leur r.estoient, les avoit
mis hors d’état de gagner une terre moins
funeste. Cependant, nous tracions nos sillons
dans le sable, harassés, tristes, sans
espoir. Enfin, j ’apperçus au loin le Krak-
keel-Klip (Roche de discorde), qu’on m’avoit
dit contenir un vaste bassin profondément
creusé, et qui probablement de voit
être rempli parles eaux des dernières pluies.
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