
n’avoir d’autre choix que de se fracasser on
de se noyer, il y a là de quoi ébranler tout
au moins le courage le plus héroïque.
Mes gens , alarmés autant pour eux que
pour moi, des suites d’un accident, aussi fâcheux,
accouroient à toutes jambes poUr
me secourir 3 mais ne pouvant aller aussi
vite que le chariot, et l’obscurité, dans un
chemin à peine frayé, leur dérobant la
trace de celui que je venois de parcourir,
je les entendis m’appeller à grands cris et
se parler eux-mêmes entre eux, comme
s ils avoient. été dispersés. Je leur répon-
dois, et les appellois à mon tour ; mais
soit épouvante.de leur part, soit la crainte
de me voir fracassé, je n’en étois paS
entendu , et leurs cris étouffoient les
miens. Tout ce bruit étoit encore augmenté
par le roulis des deux autres chariots
qui arrivoient aussi avec précipitation
à l’inévitable rendez-vous, mais dont
les conducteurs plus soigneux près de leurs
attellages, n’avoient pas laissé de modérer
l’effort.
Enfin , 011 se réunit : la joie de mes compagnons
fut extrême quand je les eus asguré
qu’il 11e m’étoit rien arrivé dé fâcheux.
Il n’en étoit pas ainsi des chariots;
le mien sur-tout, avoit semé la plupart
des ustenciles, et ce qu’il y a de plus
curieux, les limons qu’on m’avpit donnés
avoient tons sauté jusqu’au dernier. Il
fallut attendre le jour pour les recueillir
et réparer tous les dommages que m’avoit
causé cette descente précipitée .
Il y avoit de l’autre côté de la rivière,
qu’il nous falloit traverser pour continuer
notre route, une espèce d’habitation
dont le propriétaire se nommoit
Dirck Coché. J’avais besoin de rensei-
gnemens et d’instructions précises ; Coche
pouvoient m’en donner ; de plus j’avois
besoin d’acheter un certain nombre de
moutons, et je m’étois flatte d’en trouver
chez lui : tandis que mes ouvriers tra-
vailloient à remettre mes attellages en or-
<dre et qu’ils se disposoient à repartir, je
pris les . devants , et ayant passe le Kruys
à gué avec mon cheval , je nie rendis a
l’habitation,
A peine avois-je entamé la conversation
avec le maître, que sa femme se levait