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Je repris ma-route vers le soir ét reçus le
baiser de paix de toute cette famille.
Du Rooye-Zand je passai dans le canton
des Vingt-quatre-rivières , le plus agréable
sans contredit de toute la colonie hollandoi-
se : il doit Son nom à la multiplicité des ruisseaux
dont il est arrosé 5 on juge aisément,
à l’abondance de ses eaux, à quel point ce
terrain est productif et riant. Bien plus, les
canaux principaux , par des saignées adroitement
ménagées, portent l’abondance et
la fécondité jusque dans les terres labourées
de toutes les fermes environnantes $ les ha-
bitâns mettent beaucoup d’adresse à diminuer
ou à grossir le volume de ces eaux , si
favorables aux moissons. Nulle part dans
la colonie les prairies ne jouissent au même
degré d’une verdure aussi belle ; il y règne
une douce fraîcheur dont la vue seule , dans
ce pays brûlé , flatte l’oeil du /voyageur,
charme son imagination et suspend véritablement
ses fatigues. Les Vingt-quatre-rivières
sont l ’Eden de l’Afrique $ on s?y promène
dans des bosquets d’orangers , de ci-
fcroniers, de panpelmoes ^ le parfum des
e n A f r i q u e . 4^ *
fleurs attaque délicieusement l’odorat $ une
ombre légère invite au repos , âüx rêveries
, à la méditation. Tout ce qui entouré
ces jardins- enchantes ajoute encore au
prestige : les regards se promènent au loin
' sur un horison magnifique j une enceinte
de collines embellit et anime ces plans
divers que terminent de hautes montagnes
dont la tête va sfe perdre dans les nues ;
dans ce^ site enchanteur on rencontre sous
ses pas tout ce qui sert aux besoins et aux
douceurs de la vie. L’attrait de ces lieux
se fait a peine sentir qu’on y voudroit
fixer à jamais sa demeure5 les habitations
; y sont plus rapprochées 5 elles s’y amassent
insensiblement 5 je ne désespère pas
'qu’ils n’offrent bientôt le spectacle d’une
seconde ville dans la colonie , et qu’enfin la
vallée des Vingt-quatre-rivières ne devienne
un jour la terre la plus riche et la plus
peuplée des environs du Cap.
Je me proposois, comme je l’ai dit, de
revenir à là ville par le Swart-Land et de
passer quelques jours chez mes bons amis,
je dois dire chez mes bons parens les Sla-
fier. Entre autres divertisse*» ens auxquels