
oiseaux, dont nous fîmes un bon repas;*
Un v de mes boeufs étoit dans un état d’agonie
qui sembloit annoncer que je le per-
drois^ avant la unit; je le leur abandonnai;
apprêté et salé à leur manière, i\ forma une
provision quideur dura quelque tems.
J’étois retiré 1 dans ma tente, livré aux
réflexions les plus amères, quand tout-à-
coup, au milieu de la nuit, Kees jetta un cri-
d’alarme, auquel tous mes chiens répondirent
à l ’instant même , par leurs aboie-
mens. Cet animal, par la finesse de son odorat,
par celle de son ouïe et de sa vue ,
étoit toujours le premier à nous avertir des
dangers ; et entre tous les services qu’il
me rendoit, celui-ci etoit un de ceux qui
me le faisoient chérir. L’alerte qu’il donna
mit tout le monde sur pied. Nous avions
a craindre également, et l’attaque des Bosh-
jesman, et celle des bêtes féroces. Le voi-
sinage de la citerne pouvoit nous exposer
à l’un et à l’autre , et, peut-être même à
tous les deux ensemble. Dans l’incertitude
de l’ennemi que j ’avois à combattre, je fis
tirer quelques coups de fusil du côté qu’in-
diquoit mon singe ; et, de tems en tems,
j ’eus soin qu’on renoùvellât les décharges.
Ces prétendus ennemis étoie&t nos gens
du cachalot, qui rèvenoient vers nous, et
qui, à la ltieur de nos feux, ayant reconnu
le camp, s’approchoient pour nous rejoindre.
Notre fusillade les effraya. Ils se tinrent
à l’écart, et avant d’avancer tirèrent
un coup de fusil pour se faire reconnoître.
Mais dans ce moment nous étions si préo-
cnpés de l’idée d’une attaque ; nous les attendions
si peu à une pareille heure ; c’étoit
de leur part une imprudence si grande de
tirer au lieu de crier et d’appeller, que leur
signal ne fit qu’accroître nos alarmes. Nous
crûmes avoir affaire à des Tlottentots ma-
rons qui, munis d’armes volées, venoient
pour nous assassiner et pour piller mon
camp ; le coup de fusil de signalement nous
confirmoit dans cette idée, et s’annonçoit à
nous comme le commencement d’uije attaque.
Nous présumions que l’ennemi droit
sur nous de quelqu’embuscade très-voisine,
et qu’il cher choit à nous déplacer. Je fis
faire aux miens bonne contenance, et nous
fûmes au guet durant toute la nuit, bien
ççsôlus de yendre chèrement notre vie.