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tiers, pendant lesquels notre cuisine fit un®
telle consommation de dassen ou damans,
que mes Hottentots mêmes en étoieiit dégoûtes.
Enfin, la guerre que nous avions
déclarée a ces pauvres animaux, cessa le 4 juillet. Je quittai le lièu, après avoir laissé
mon nom et la ,date de mon arrivée dans
la grotte, selon l’usage des voyageurs.
D ’après l ’avis que m’avoit donné le pâtre,
je partis au point du jour ; et après une
marche très-fatigante, nous apperçûmes à
la nuit tombante, de dessus un point élevé
où nous nous trouvions alors, le Fleuve-
des-Eléphans serpenter au-dessous de nous,
a une demie lieue de distance ; mais,
comme je savois par expérience ce qu’on
risque pour descendre des montagnes dans
des ténèbres, je pris le parti de camper
sur la hauteur ; et malgré l’extrême fatigue
de mes attellages, d’attendre le jour, pour
gagner la rivière.
Elle étoit bordée, de chaque côté, par de
très-grands mimosas, et par diverses sortes
de bois blancs de l’espèce du saule ; mais
par-tout r le terrain étoit sec et brûlé , et
il n’existoit pas même de verdure sous les
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arbres. En vaîh, je parcourus le long des
bords, dans l ’espoir de trouver, enfin, quel-
qu’endroit moins aride, qui offrit un herbage
âmes bêtes; je ne vis pas une seule
touffe de gazon ; et il fallut qu’elles se contentassent
de quelques plantes grasses et
des feuilles des arbustes.
Il existoit cependant, à peu de distance
de la rivière , une maison, habitée par
la veuve Van-Zeil et sa famille. Quelques
champs labourés me l’indiquèrent ; je m’y
rendis, donc et j’y reçus l’acceuil le plus
amical ; la veuve Van-Zeil me vendit quelques
moutons, et même quatre cents livres
de tabac , que je crus devoir ajouter
à ma provisipn. Ce tabac étoit de son cru;
je le payai sur le pied de deux sous de Hollande
la livre, ce qui fait, à peu de chose
près, quatre-vingt livres de notre mo-
noie pour les quatre cents livrés. J’achetai
encore de l ’eau-de-vie, avec laquelle
je remplaçai la quantité qui avoit été bue
jusques là. La veuve, dans l ’entretien que
j ’eus aveq elle, me confirma ce que m’avoit
dit le pâtre hottentot, sur la sécheresse
désastrueuse qui désoloit le pays ; sè