
de données certaines , est nécessairement
toujours dupe.
D’un autre côté, le marchand qui con-
noît la probité de ces cultivateurs et leur
exactitude à payer leurs dettes, fait tous
ses efforts pour entamer un compte avec
eux ; il cherçhè à les tenter par le prétendu
bon marché et la qualité de l’étoffe qu’il
leur étale , et offre de remettre le paiement
au voyage de l’année suivante.. Il est
rare que des gens simples et sans expérience
soupçonnent la rusé qui se présente
à eux sous une apparence trompeuse de
politesse et de fraternité. S’ils cèdent, les
voilà enlacés pour leur vie. A leur retour,
on engage avec eux un marché nouveau,
payable à même terme; et c’est ainsi que
d’année en animée, toujours débiteurs, et
toujours achetant sans s’acquitter, jamais,
ils deviennent la proie d’un Usurier qui a
fondé sa fortune sur leur Sottise.
Il est vrai que ces niais acheteurs, après
avoir été dupes au Cap, ne reviennent ordinairement
chez qux que pour faire d’autres
dupes. Ce qu’on a employé d’adress«
à les tromper, ils l’emploient à leur tour
pour tenter les Hottentots qui sont à leur,
service. Les coupons d’étoffes ou les vête-
mens de friperie qu’ils rapportent, ils les
revendent à ces malheureux serviteurs, mais
avec un tel profit , qu’ordinairement les
gages d’uiïe année ne suffisent point pour
s’acquitter, et qu’ils se trouvent , comme
leurs maîtres, endettés par anticipation,
pour l’année suivante. Ainsi , en dernier
résultat, c’est le pauvre Hottentot qui paie ■
l’usurier du Cap. Au reste, sa duperie est
en petit d’image de ce qui se passe ici-bas
clans toutes les conditions. Par-tout, le fripon
adroit sait se procurer un tribut sur
les sots; et ce tribut, chacun de Ceux-ci^
1 après l’avoir payé , cherche à le rejeter
sur un autre ; de sorte qu’ù la fin c’est
sur le plus sot qu’il retombe ; c’est ainsi
que les hommes s’enchaînent par les moyens
même qui devroient les désunir.
On croiroit qu’en se livrant à la culture
de la terre , les colons de la classe dont
je parle auroient dû s’appliquer à celle des
plantes potagères, des légumes et des fruits.
L’entreprise étoit pour eux d’autant plus