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socié à mes travaux et chargé plus particulièrement
d’en exécuter les plans , je n’a-
vois point tari d’éloges sur ce conseiller
fidèle ; son arrivée subite excita la plus
vive curiosité dans la maison de Boers. On
ne fut plus occupé que de mon ami ; par
un mouvement spontané chacun se leva
lorsqu’il parut. Je devois tout à son attachement
et à sa fidélité. Il en recueillit
dans un instant de précieux témoignages.
Le fiscal tira sa bourse et lui fit un présent
considérable ; tous les assistans imitèrent
son exemple : Klaas étourdi, stupéfait
, se crut aussi riche que le gouverneur.
Une amère pensée absorboit pourtant
toutes celles qui naissoient de cette réception
imprévue; il s’étoit,en entrant,
avancé vers moi pour me témoigner sa
joie que son émotion même l’empêchoit
d’exprimer ; il tenoitj aussi dans ses mains
un présent ; les yeux mouillés de larmes,
la bouche entr’ouverte , il me présentoit
certain paquet, certaine boîte auxquels il
paroissoit attacher fin grand prix. Je jouis-
sois un peu de son trouble, qu’augmentoit
encore le silence de tous ceux qui l’en-
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touroient II seroit, je crois, resté la nuit
entière dans cette attitude, si je ne Pavois
enfin arraché à son embarras. « A qui
donc, lui dis-je, s’adressent ces objets ? »
« Eh ! c’est à vous, me répond-il ; ce sont
■de ces animaux que vous aimez tant I
si j’ai tardé à venir vous revoir, c’est
que je it’aurois jamais voulu m’approcher
de vous tout seul et sans vous montrer
que je pensdis à vous; mais j ’ai bien peur
que ce que j ’apporte ne soit ni si beau ni si
rare que les oiseaux que nous tuions la-bas.
Qu’on juge dé ma surprise et de ma joie
lorsqu’à l’ouverture des deux paquets j®
vis une collection très-bien arrangée de jolis
insectes et de quelques oiseaux écorchés
avec beaucoup d’adresse et selon la méthode
qu’il m’avoit vu tant de fois- pratiquer
dans les déserts ! J’avoue qu’aucun
témoignage de faveur ou d’estime n’a jamais
rempli mon ame d’un sentiment si
pur et si délicieux que cette démarche
franche et naïve de mon Hottentot, et l’idée
d’avoir uniquement occupé sa pensée
pendant l’intervalle assez long de notre
séparation. Bonne nation! qu’ils viennent