
des limons, des cédras, des painpelmoes,
des figues et des grenades, qu’ils viennent
vendre à la ville. Ils en amènent des chariots
chargés, et quelqu’en soit la charge,
elle est enlevée presqu’auss itôt par l’affiuen-
ce des acheteurs. On paye ordinairement lé
cent de ces fruits, quatre , cinq ou six rix-
dalers.Cependant il est une espèce d’orange
qui, malgré sa petitesse, se vend davantage;
c’est celle qu’on nomme au Cap, navet-*
jes. Le naretje, distingué , comme le citron,
par une protubérance à la tête, est
moins gros que l’orange ordinaire, mais
pour la saveur et le goût, il >e,st infiniment
supérieur à toutes les autres espèces. Le
raisin croît aussi très-bien dans ce canton ;
et on y fait du vin et des eaux - de - vie
Supportables.
J’ai déjà dit que la colonie des Vingt-
quatre-rivières , doit son nom à .une rivière
qui la traverse, et qu’elle même a été ap-
pellée ainsi, parce qu’elle reçoit un grand
nombre de petits ruisseaux avec lesquels
elle va se décharger dans le Berg-rivier.
Cette grande quantité d’eau, par les arro-
©emens faciles qu’elle ipeut procurer, est
ce qui contribue le plus à la fertilité du
canton. D’ailleurs, son genre de culture
n’exigeant presqu’aucun travail, ^’habitant
doit y mener une vie douce et tranquille.
Cependant la population y est peu nombreuse
; beaucoup de terres y sont encore
en friche, et à peine y compte-t-on quarante
à cinquante habitations, tandis qu il
devroit y en avoir infiniment davantage.
Ceux de mes lecteurs qui savent que
par-tout où l’hombie trouve à vivre commodément.,
il se multiplie, ne manqueront
pas de rejetter sur le vice du gouvernement
ce défaut de population ; moi, j ’en
accuserai, non le gouvernement, mais les
abus nombreux qu’ont introduit et que multiplient
sans cesse les sous-ordres qu’il est
o 1 )ligéd’employer. Le gouvernement-, sans
doute, veut la prospérité de ses colonies,
et son intérêt propre lui ordonne de le
Vouloir; mais c’est en vain qu’il fera des
règlemens sages ; c’est en vain qu’il créera
des établissemens nombreux, si les personnes
à qui il confie ses pouvoirs, ne s’en
servent que pour son détriment, et pour
celui de ses colonies,