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Cependant il y a voit moyen peut-êtré
de tirer d’eux quelque parti ; c’étoit de les
placer dans une embuscade bien assurée,
et là les employer à. des fusillades, sans
qu'ils eussent rien à craindre ; car on doit
penser qu’un Sauvage, fort étranger à nos
préjugés , compte pour peu l’honneur
qu’on receuille à rester à son . poste , et
même à y attendre bien souvent une mort
assurée. Le Sauvage a plutôt fait de s’embusquer
dans l’ombre et les ténèbres. Foui1
lui, l’art de combattre n’est que l’artd’é-
viter le danger. S’il attaque, c’est qu’il se
croit sûr de tuer , sans courir aucun ris-
que 5 et lui demander d’exposer sa vie pour
procurer la victoire à ce qui lui est étranger
, seroit lui proposer la dernière des
démences«
Je m’abstiens de prononcer sur la valeur
et le mérite des_différens officiers qui
devoient commander et les forts et les
H I S- T O R I Q U E. X X V ij
troupes. Tous sans doute méritaient le
poste ou le grade qu’on leur avoit donné;
tous a voient du courage et des talens ;
mais je regrettai de ne pas voir parmi eux
le brave Staaring. Ce marin intrépide, que
h. mort a depuis énlevé à sa famille et à
sa patrie , venoit tout récemment de donner
un exemple d’audace qui avoit étonné
la Colonie, et que je publie ici avec d’autant
plus de plaisir qu’il m’acquitte en
partie de ce que je dois de regrets à la
mémoire d'un homme auquel j’étais fort
attaché.
Un vaisseau portant pavillon danois
venoit de mouiller dans la baie du Gap ;
et l’on avoit plus d’une raison pour le
soupçonner d'être,, ou un espion anglois *
ou au moins un vaisseau de transport
chargé de munitions de guerre pour l ’en-
nemi. Staaring, qui étoit capitaine de
port, crut qu’en cette qualité il étoit de