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reçus j on diroit deux peuples ennemis,
toujours en guerre, dont les individus s’unissent
seulement de loin en loin par quelques
rapports d’intérêt.
Ce qui révolte le plus dans l’insolence de
ces Africains, c’est que la plupart d’entre
eux descendent de cette race corrompue,
que la Compagnie hollandoise tira des maisons
de charité ou des maisons de force,
quand, voulant former au Cap un établissement,
elle y envoya quelques habitans,
pour y commencer, à leurs risqués et périls
, une population. Cette émigration honteuse,
dont l’époque n’est pas si éloignée
qu’on ne s’en rappelle encore beaucoup
d’anecdotes, devroit, ce semble, inspirer
quelque modestie à ceux qu’elle regarde ;
et cependant ils n’en sont que plus arro-
gans ; comme s i, à force de mépris et de
hauteur, ils se flattoient de faire oublier
l ’abjection de leur origine. Voyent-ils quelque
étranger venir au Cap, dans le dessein
de s’y établir et de s’y fixer, ils s’imaginent
qu’il n’y est amené que par les uiêmes
circonstances qui, autrefois, y bannirent
leur pères, et ils les traitent avec le plu*
profond dédain.
E N A F R I Q U B.
Il est fâcheux que ces procédés si cho-
quans aient infecté presque toutes les habitations
qui environnent , à peu de distance,
la ville du Cap; car ce canton est
Icharmant. Embelli par la culture, par dés'
|vignobles nombreux , par des maisons de'
|campagne très-agréables, il offre par-toüt
;êes perspectives délicieuses dont le site et
Pa variété n auroient que de, quoi plaire ,
s’il avoit d’autres habitans.
Moi, qu’aucune sorte d’intérêt ne de-
Jvoit rapprocher d’eux; moi, qui ne leur
jdemandois rien, et qui n’étois venu en
[Afrique que pour y étudier la nature, j ’ai
pourtant une fois èubi l’impertinence de
fleurs,réceptions, et appris, par expérien-
re> à les connoître. L ’aventure est plaidante.
Long-tems j’en ai ri avec Boers;
biais ce n’est qu’en passant que je la ra-
jconte ici.
[ Un jour que moii ami m’avoit conduit
Pans le fameux vignoble de Constance et
p e z le colon qui en est propriétaire, celui-
p non-seulement nous avoit reçu avec ces
Pumbles prévenances, ces hommages respectueux
que témoignent tous les hahitana1
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