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verneur du Sénégal j Blanclxot m*a fort àjs>'
furé que, soit à Gorée,, soit au Sénégal,
cette opinion du capitaine est universellement
répandue 5 qu’en remontant le fleirva
jusqu’au Galam, à trois cents lieues de son
embouchure, on la trouve également et
chez les Maures, qui sont sur l,a rive droite
, et chez les Nègres, qui habitent la rive
gauche ; que personne parmi ces peuples
ne doute de la faculté redoutable qu’ont
certains serpens d’attirer à eux des hommes
et des animaux ; et que cette tradition , ils
la fondent sur une longue expérience et
sur les malheurs fréquens dont ils sont té
moins.
Encore une fois , je ne suis ici qu’his*
torien , et n’entreprends ni de certifier, ni
d’expliquer ces faits. Quant aux deux que
j ’ai allégués et que je garantis à titre à
témoin, peut-être y aura-t-il quelques-uns
de mes lecteurs qui les regarderont connu«
le .pur effet de cette terréur puissante et
involontaire qu’éprouve, par instinct, toiiij
animal à l’aspect, de l’ennemi qui peut lùij
donner la mort ; et pour appuyer leur et
plication, ils citeront chien couchant»
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qui, par sa présence et par son regard,
arrête en place un lièvre ou une perdrix.
Mais sur cette remarque j ’observerai que
si la perdrix ou le lièvre restent blottis
devant le chien, c’est moins en eux un effroi
du premier mouvement qu’une rusô
[réfléchie. Sans doute * en demeurant tapis
[contre terre, ils croient rester cachés à
[ranimai chasseur j et ce qui confirme mÀ
conjecture, c’est que s’il approche assea
d’eux pour qu’ils aient à craindre d’être
saisis, à l’instant l’un s’envole et l’autre
[détale. On ne me niera certainement,point
que c’est la peur qui les fait fuir. Tel est
[chez tous les animaux l ’effet puissant dé
[l’instinct, à l’aspect du danger. Mais pour-
quoi le lièvre et la perdrix , en présence du
[chien, ne demeurent-ils pas immobiles et
[transis d’effroi, comme ma pie-grièche et
ma souris en présence du serpent? Pourquoi,
tandis que la crainte donne de nouvelles
forces aux premiers, les deux autres
moururent-ils en place, en montrant tous
les signes de la terreur portée à son comble,
mais sans pouvoir fuir, eticomme retenus
par une force invincible? Le rat ne
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