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encore plus douloureuse, c’étoit le sileliôs
de nos amis communs rassemblés autoùr dè
1 ami qui partoit. Nous l’aCcompiagnânies
jusqu’à la chaloupe quialloit nous l’enlever)
il ne nous permit pas de le suivre jusqu’au
bâtiment ; il nous fallut rester sur le rivage,
contens de le suivre encore des yeux. Arrivé
à bord, il monta sur le tillac , et là, avec
son mouchoir, il notis 1 U fit les derniers si^gnaux de i amitié;
Un de ses meilleurs arnis et des miens eût
pitié de 1 angoisse où j ’étois, il m’emmena
chez lui y nous passâmes tout le jour à nous
rappeller tous les traits de^ bienfaisance qui
avoient honore la vie publique et privée dü
meilleur des hommes. Son nom revenoit
sans cessej à chaque propos.Un dernier trait
vint mettre le comble à notre douleur. Tout-
a-coup se fit entendre le canon de la rade et
du fort qui annonçoit le,départ du navirè, et
qui saluoit pour la derniere fois le fiscal. Je
m élançai vers le belveder, et, avec une
lunette, je vis le bâtiment qui fendoit les
flots à pleine Voile, et qui se perdit bientôt
dans l’horison.
Cependant je regagnai dans la nuit mon
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appartement; il me sembloit une prison*
Abandonné à moi-même, j ’étois dans la situation
d’un coupable que tout 1 e monde
fu i t , et qu’on livre à ses remords ; jamais un
amant ne sentit avec plus de force une séparation
si cruelle.
Le lendemain matin M. Serrurier, son successeur
, le -colonel Gordon, commandant
delà place ; Hakker, gouverneur en second;
Conway., colonel du régiment de Pondiché-
ri, et que depuis j ’ai eu lè plaisir de revoij*
à Paris ; enfin, tous les amis du voyageur,
et les personnes auxquelles il m’avoit recommandé
, et dont quelques-unes m’étoient
même inconnues, vinrent à l’envie m’of-
frir leurs services ; m’'assurant toutes qu’elles
s’empresseroient de me faire oublier,
par leurs soins, une perte qui leur étoit
aussi sensible qu’à moi. Chacun me prioit
d’accepter un logement chezdui ; mais parmi
ces offres, je dois distinguer sur-touf
celle de Gordon; il fit la sienne, tant en son
nom, qu’au nom de son épouse, et y mit
tant d’instance et de franchise, que je ne; pus
le refuser. D’ailleurs, indépendamment des
obligations personnelles que je lui avoiset