V o y a g e
vint dans la nuit, me rendit l’espérance ,
cependant, quelque forte qu’elle fû t, elle
riie paroissoit pour le moment inutile à
mes bestiaux, et je ne voyois point quel
soulagement pouvoit leur offrir une eau
qui, a mesure qu elle tomboit, disparoissoit
et se perd oi ^aussitôt dans les sables3 mais
cette pluie, que je croyois perdue pour eux,
par un moyen dont je n’eusse jamais soupçonne
la possibilité, ils surent trouver à
la boire ; et c est ici que j ’admirai la sagacité
de l’instinct animal. L ’eau en tombant
sur eux, formoit des gouttes qui,
par îeur réunion décôuloient le long de
leurs corps en petits filets. Dès les premiers
'jhomens de 1 orage, ilss’etoientgrouppés en
pelotions ; et dans cette position , serrés les
uns coritre les autres, ils léchoient et ramas-
soient chacun sur le corps de son voisin,
les filets qui en tomboient. Par ce secours
inattendu, mes bêtes rafraîchies et désaltérées
à k fois, reprirent des forces. Mai»
ce qui ajouta beaucoup a mon etonnement,
c’est que les deux que j ’avois abandonnées,
sur la route, excédées et mourantes, s’y
fStoient ranimées également et de la même
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manière, sans doute ; toutes deux étaient
revenues au camp pendant la nuit; et
Klaas, qüi se faisoit un plaisir d’être tou»
jours le premier à m’annoncer les bonnes
nouvelles, vint tout joyeux, au point du
jour, me faire part de celle-ci.
Je n’avois plus qu’une journée de chemin
pour arriver au He e re logement ( logis du
seigneur); j ’y devois rencontrer, m’avoit-oü
dit, une source d’eau très-abondante, une
retraite fort agréable, des bosquets, des grottes
chargées d’inscriptions et de dessins. Au
portrait qu’on m’en avoit fait, il sembloit
qu’une autre Angélique avoit visité ces
beaux lieux. Une Angélique ! des inscriptions
l des dessins ! un Médor hottentot 1
J’éloignai toute cette magie invraisemblable
èt ne retint que l’espoir d’y trouver
la fontaine ; elle me devertoit d’un besoin
trop pressant pour ne pas désirer d’y arriver
avant la nuit. Je la trouvai en effet ; quelque
respect qu’eut dû m’inspirer pour elle
la description qn’on m’en avo.it faite , tout
mon monde et mes bestiaux en eurent bientôt
troublé les eaux. Quant à la grotte »
aux inscriptions , aux liaunes pendantes
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